Verdoyante Galilée
 

La Galilée est la région nord de la Terre sainte. J'y ai résidé un mois en été, et quand j'y suis retourné, à la fin de l’hiver, j'ai été étonné de la magnificence de cette région après la saison des pluies. Les prés et collines jaunis et brûlés étaient subitement redevenus très verdoyants. Bien que le soleil recommence rapidement à assécher les terres partout dans le pays, la Galilée reste tout au long de l'année beaucoup plus verte et fertile que la région de Jérusalem, au centre du pays, et la région désertique de la mer Morte et du Neguev, au sud.
 

La Galilée, près de la frontière du Liban
(photo : C. Boyer)

     Jésus est issu de la Galilée (Mc 1,9). À son époque, la région était gouvernée par Hérode Antipas, le fils d'Hérode le Grand. Les villes les plus importantes de la Galilée étaient Sephoris et la capitale Tibériade. Les vestiges archéologiques montrent que ces centres urbains n'ont pas été épargnés de l'influence de la civilisation gréco-romaine. On peut supposer que les juifs pieux évitaient ces villes autant que possible, surtout Tibériade construite sur un ancien cimetière... Il est intéressant de noter que ces deux villes ne sont mentionnées nulle part dans les Évangiles; Jésus semble avoir fréquenté les villages de Galilée, plutôt que les centres urbains. Nazareth ne se trouve pourtant qu'à quelques kilomètres au sud de Sephoris.
 

Une partie du site archéologique de Sephoris
(photo : C. Boyer)

     Plusieurs villages de la Galilée sont mentionnés dans les Évangiles. Le village de Cana, par exemple, où Jésus change l’eau en vin, accomplissant ainsi son premier « signe », selon l’Évangile de Jean (2,1-11); actuellement, au moins deux villages de Galilée portent le nom de Cana. Le village de Naïn (ou Naïm); c’est à la porte de cette ville que Jésus ressuscite le fils d’une veuve, dans l’Évangile de Luc (7,11-17). C’est aussi en Galilée que se trouve le mont Thabor; il n’est pas mentionné dans les Évangiles, mais la tradition chrétienne, depuis l’époque byzantine, y voit cette « haute montagne » où aurait eu lieu la Transfiguration, épisode au cours duquel Moïse et le prophète Élie apparaissent aux côtés de Jésus (Mc 9,2-8).
 

Le mont Thabor, lieu présumé de la Transfiguration
(photo : C. Boyer)

     Avec ses disciples, Jésus fréquentait principalement la région de la Galilée située aux environs du lac de Tibériade. Dans l'Ancien Testament, ce lac est appelé mer de Kinneret; dans le Nouveau Testament, on le désigne généralement par mer de Tibériade ou mer de Galilée. Plusieurs villages mentionnés dans les Évangiles se retrouvent dans la partie nord du pourtour de ce lac : Magdala, Chorazeïn, Capharnaüm, Bethsaïde... Mais quiconque voudrait un aperçu de l'aspect de ces villages galiléens à l'époque de Jésus pourrait être déçu. Il ne reste souvent plus grand chose à voir, et certains lieux sont beaucoup plus symboliques qu'historiques; c'est le cas de l'église de la Multiplication des Pains, à Tabga, qui commémore le célèbre épisode, ou... les célèbres épisodes (Mc 6,30-44; 8,1-10). C'est le cas aussi du mont des Béatitudes, où Jésus aurait prononcé son fameux Sermon sur la montagne (Mt 5,1s), un sermon qui aurait eu lieu, selon l'évangéliste Luc (6,17s), sur une plaine...
 

Le lac de Tibériade. (photo : C. Boyer)

     Capharnaüm fait exception; on peut encore y voir une synagogue dont les fondations datent du premier siècle. S'y trouvent aussi les restes d'habitations modestes de la même époque. L’une d’elles a été identifiée par des pèlerins byzantins comme étant la maison de saint Pierre. Au Ve siècle, une église octogonale fut construite à cet endroit, et pour préserver le site, l'église actuelle fut érigée sur des piliers; de loin, on dirait une soucoupe volante.
 

L’église de Capharnaüm, construite sur piliers pour préserver le site. (photo : C. Boyer)

     C'est le lac de Tibériade qui constitue la principale source d'eau du Jourdain. Ce fleuve, qui se déverse dans la mer Morte, n'est pas très large, mais c'est tout de même le plus important du pays. Il est malheureusement très difficile aujourd’hui d'approcher le Jourdain, car il se situe dans la zone frontière avec la Jordanie. Lorsque j’ai tenté l'expérience, j’ai rapidement été découragé par la présence de postes militaires israéliens. Actuellement, un des seuls endroits en Israël où il est possible de voir de près le Jourdain est un centre aménagé pour les pèlerins désirant se faire baptiser.
 

Le Jourdain. (photo : C. Boyer)

     La Galilée n'est pas seulement le lieu où vécut Jésus, c'est aussi dans cette région que se sont déroulés plusieurs épisodes racontés dans l'Ancien Testament. Depuis quelques années, l'archéologie a remis en question l'étendue du royaume du roi David (Xe siècle avant notre ère) et l'ampleur des constructions de son fils Salomon. Les traces des conquêtes de David sont très rares, tandis que les « portes salomoniques » et les célèbres « écuries » de Megiddo pourraient bien avoir été construites un bon siècle après le règne de Salomon, à l’époque où le royaume était divisé en deux : la partie nord du pays constituait le royaume d’Israël, alors que la partie sud, avec Jérusalem au centre, constituait le royaume de Juda.

     La Galilée et la Samarie correspondent grosso modo au royaume du Nord, le royaume d'Israël. Les vestiges des villes de Samarie, Megiddo et Haçor, notamment (puissants remparts, énormes tunnels souterrains, etc.) témoignent de la splendeur du royaume d’Israël à l'époque de la dynastie des Omrides (IXe siècle avant notre ère). À la même époque, le royaume de Juda était loin d'avoir la même importance. Le royaume d’Israël s’effondra suite à l’invasion des Assyriens, à la fin du VIIIe siècle avant notre ère, et plusieurs sites de Galilée en gardent la trace; c’est le cas de la ville de Haçor, qui fut complètement rasée.
 

Les restes archéologiques de la ville de Haçor
(photo : C. Boyer)

     C'est aussi en Galilée que fut rédigée, au cours des premiers siècles de notre ère, une partie du Talmud, qui, avec le Tanak (notre « Ancien Testament »), constituent la Bible des juifs. Le Talmud comprend deux corpus : le Talmud de Jérusalem et le Talmud de Babylone. Contrairement à ce que son appellation traditionnelle pourrait laisser croire, le Talmud de Jérusalem ne provient pas vraiment de Jérusalem, mais a plutôt été édité dans des académies rabbiniques de Galilée, notamment celles de Sephoris et de Tibériade.

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