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chronique du 6 avril 2007
 

Les tombeaux taillés dans le roc

Dans la Palestine ancienne, une des méthodes d’inhumation consistait à placer le corps du défunt dans une grotte naturelle ou un caveau taillé dans le roc, généralement à l’extérieur des limites de la ville, puis à refermer l’ouverture du tombeau par une grosse pierre. Plusieurs centaines de tombeaux de ce genre ont été retrouvés.
 

tombeau

Un tombeau creusé dans le roc le long d’un chemin près de Jérusalem.
(photo : C. Boyer)

     Certains tombeaux taillés dans le roc pouvaient prendre la forme de monuments funéraires, comme c’est le cas de ceux de la vallée du Cédron. Mais de façon générale les tombeaux n’étaient pas ou très peu décorés et consistaient simplement en un orifice, creusé dans un rocher, donnant accès à une chambre funéraire à partir de laquelle étaient creusées horizontalement quelques niches de la longueur d’une personne. Ces niches sont désignées par l’appellation hébraïque que leur forme de « four » leur a value : kokhim (sing. kokh). C’est dans l’un de ces kokhim que l’on déposait le corps nu du défunt après l’avoir parfumé et enveloppé dans un linceul. La grosse pierre bloquant l’entrée du tombeau était généralement carrée ou rectangulaire et encastrée dans l’orifice. Cette pierre pouvait parfois aussi être ronde, sous forme de meule, comme celle qui fermait l’entrée du tombeau de Jésus selon les synoptiques (par ex. Mc 15,46).

tombe à meule

L’entrée d’une tombe « à meule » sur le terrain appelé « Tombeau des rois » à Jérusalem.
À remarquer : la glissière qui permet de rouler la pierre ronde devant l’entrée du tombeau.
(photo : C. Boyer)

     Ce type d’inhumation par ensevelissement a donné naissance, au Ier siècle avant notre ère, à une pratique permettant d’économiser de l’espace dans le tombeau et que l’on nomme « deuxième sépulture » (ou « réensevelissement ») : environ un an après l’inhumation, alors qu’il ne reste du corps du défunt que les ossements, ceux-ci étaient recueillis et mis dans une petite boîte que l’on appelle « ossuaire ». La niche mortuaire ainsi libérée pouvait dès lors être utilisée pour y mettre éventuellement la dépouille d’un autre individu.

tombeau des prophètes

Le «Tombeau des prophètes», sur le mont des Oliviers,
contient une trentaine de niches! On en voit deux sur cette photo.
(photo : C. Boyer)

     Les ossuaires étaient taillés dans le calcaire, et leur dimension pouvait varier, celle-ci était vraisemblablement calculée de sorte que l’ossuaire puisse loger le fémur du défunt, l’os le plus long du corps humain. Les ossuaires pouvaient être décorés, la rosette étant le motif le plus fréquent. Parfois le nom de la personne décédée était gravé sur un des côtés de l’ossuaire afin de l’identifier ; un même tombeau pouvait, après un certain temps, accumuler plusieurs ossuaires, et un même ossuaire pouvait lui aussi accueillir les ossements de plusieurs personnes. Ainsi, un des ossuaires trouvés sur le terrain de l’église franciscaine du Dominus Flevit, sur le mont des Oliviers, comporte cinq noms.

tombeau

Ossuaires de la nécropole retrouvée sur le terrain du Dominus Flevit.
Trois niches(kokhim) sont visibles; celle de gauche a été bouchée,
et un ossuaire a été placé à l’entrée de celle du centre.
(photo : C. Boyer)

     La pratique de la deuxième sépulture dans des ossuaires a remplacé une autre méthode de réensevelissement plus ancienne et qui consistait à placer les ossements dans un espace réservé à cet effet et creusé à même le tombeau. Les tombeaux datant du VIIIe-VIIe siècles avant notre ère ne comportent pas de kokhim mais plutôt des banquettes sur lesquelles étaient couchés les défunts; c’est sous l’une de ces banquettes que se trouvait généralement l’espace réservé au dépôt des ossements. Les ossements de plusieurs individus pouvaient être recueillis au même endroit. On trouve un bel exemple de ce type de tombeau sur le terrain de l’École biblique et archéologique de Jérusalem.

EBAF

Sous une banquette mortuaire (photo de gauche) un espace est réservé
aux ossements (photo de droite) dans une chambre mortuaire
du tombeau qui se trouve dans le jardin de l’École biblique
et archéologique française de Jérusalem.
(photos : C. Boyer)

     Les tombeaux creusés dans le roc étaient des tombeaux familiaux et pouvaient être utilisés pendant plusieurs générations. On le voit dans une expression biblique qu’on traduit parfois par «il mourut» mais qui se lit littéralement «il fut réuni à ses pères» (ainsi en Jg 2,10; 2R 22,20 ; 1M 2,69). Mais l’aménagement d’un tombeau creusé dans le roc était très coûteux, car il nécessitait le travail de plusieurs ouvriers pendant plusieurs journées. Peu d’individus avaient donc les moyens de posséder ce type de tombeau. La majorité des gens se faisait plutôt enterrer dans des tombes qui ressemblent aux nôtres : un simple trou creusé dans le sol d’une profondeur d’environ 2 mètres. La tombe était recouverte de cailloux et une pierre plus grosse indiquait l’emplacement de la tête du défunt. C’est ce type de tombe, qui ne permettait ni ne nécessitait de deuxième sépulture, que l’on a retrouvé par exemple à Qumrân, le site près duquel on a découvert les célèbres manuscrits de la mer Morte.

Chrystian Boyer

Article précédent :
Le Garizim, mont sacré des Samaritains

 

 

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