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chronique du 1er fŽŽŽŽŽŽŽŽŽŽŽŽŽŽŽŽŽŽŽŽŽéŽvrier 2008
 

Hébron, la ville d'Abraham

La ville d’Hébron, située à trente kilomètres au sud de Jérusalem, est une ville sainte pour les juifs, les chrétiens et les musulmans. C’est là que se trouve le tombeau familial d’Abraham, père des trois grandes religions monothéistes : le « Caveau des Patriarches ». Il est aujourd’hui divisé en deux sections jalousement gardées, l’une musulmane, l’autre juive.
 

ballade dans une camionnette

Le Caveau des Patriarches, à Hébron.
(photo : C. Boyer)

     Le Caveau des Patriarches a été construit par le roi Hérode le Grand. À l’origine, le monument hérodien était à ciel ouvert. Si on fait abstraction des créneaux et du minaret, datant de l’époque de Saladin au Moyen Âge, la muraille que l’on peut admirer actuellement donne une bonne idée de ce à quoi pouvait ressembler le mur entourant l’esplanade du temple de Jérusalem (duquel seule la section inférieure est d’époque hérodienne). Certains blocs de pierres sont immenses, le plus gros mesurant de sept mètres et demi de largeur! Les pierres ont été posées les unes sur les autres en laissant à chaque fois un décalage d’un centimètre et demi vers l’intérieur afin de créer l’illusion, vue du sol, que le mur est parfaitement vertical.
 

ballade... à pieds

Les musulmans utilisent cette entrée pour accéder au Caveau des Patriarches,
qu’ils désignent Haram el-Khalil, ce qui signifie « Sanctuaire du Bien-aimé »,
c’est-à-dire d’Abraham, bien-aimé de Dieu.
(photo : C. Boyer)

     Le Caveau des Patriarches abrite les tombeaux d’Abraham et de Sarah, d’Isaac et de Rebecca, de Jacob et de Léa (celui Rachel se trouve ailleurs) et celui de Joseph. Ce sont bien évidemment des cénotaphes, c’est à dire des tombeaux commémoratifs qui n’ont jamais vraiment contenu le corps des patriarches ; ils datent d’ailleurs tous du Moyen Age. Il y a même, dans un coin de la section musulmane, une empreinte de pied qui serait celle d’Adam, une tradition islamique faisant d’Hébron le lieu où Adam et Ève seraient venus s’installer après avoir été chassés du jardin d’Éden.
 

crevaison

Le tombeau de Jacob, dans la section juive du Caveau des Patriarches,
devant lequel un juif hassidique est en prière.
(photo : C. Boyer)

     Hébron est une des plus anciennes villes de Juda. Le livre des Nombres rapporte qu’elle fut fondée sept ans avant la ville égyptienne de Tanis, elle-même fondée vers 1720 avant notre ère (Nb 13,22). Pourquoi le rédacteur des Nombres fait-il ce curieux parallèle entre les deux villes? Probablement parce que Hébron fut la première capitale du roi David et qu’à son époque Tanis était la capitale de l’Égypte; l’ancienneté et donc le prestige d’Hébron s’en trouvait rehaussé. Mais en fait la ville est encore plus ancienne que ça; les archéologues ont révélé l’existence d’une ville fortifiée déjà vers l’an 2000. Selon la Bible, la ville portait le nom de Qiryat-Arba (Jos 14,15), qui signifie « la ville des Quatre », peut-être en référence au nombre de clans qui y résidaient ou au nombre de collines de la région.
 

attaque ciblée

Hébron.
(photo : C. Boyer)

     La Bible raconte que c’est à Hébron qu’Abraham s’établit avec sa famille, après avoir quitté « Ur en Chaldée » (en Irak actuel) suite à l’appel de Dieu (Gn 13,18). À la mort de Sarah, Abraham négocie l’achat d’un terrain comportant un champ et une tombe, la grotte de Makpéla, dans laquelle il dépose la dépouille de sa femme (Gn 23,1-20). Abraham lui-même sera enterré à cet endroit (Gn 25,8-10), ainsi qu’Isaac et sa femme Rebecca, puis Jacob et première femme, Léa (Gn 49,29-33).

     Après la sortie d’Égypte, alors que les Hébreux erraient dans le désert, des éclaireurs envoyés à Canaan par Moïse se rendirent à Hébron et rapportèrent que ce pays « ruisselle de lait et de miel » mais qu’il est habité par des géants, les Anaqim, les fils d’Anaq (Nb 13). Après la conquête de Canaan, Josué confia la région à Caleb, un de ses espions, qui en expulsa les fils Anaq (Jos 14,13-14; 15,13-14).
 

cortège funèbre

Le tombeau d’Isaac et celui de Rebecca (à gauche) se trouvent
dans la section musulmane du Caveau des Patriarches.
À droite, un mihrab, niche indiquant la direction de La Mecque.
(photo : C. Boyer)

     C’est à Hébron que David fut désigné « roi de Juda » par la population de la région (2S 2,4), et c’est à partir de cette ville qu’il régna pendant sept ans et demi avant de faire de Jérusalem la capitale d’un royaume comprenant Juda et Israël (2S 5,1-5). C’est aussi à Hébron que son fils Absalom établit son quartier général, d’où il conspira contre David (2S 15,7-11).

     La ville d’Hébron passa éventuellement sous le contrôle des Édomites, et à l'époque des Maccabée Judas et ses frères en firent la reconquête (1M 5,65). Bien qu’elle ne soit jamais mentionnée dans le Nouveau Testament, Hébron était au tournant de notre ère une des principales villes d’Idumée (au sud de la Judée) et vraisemblablement un lieu de pèlerinage important, puisque Hérode le Grand, lui-même Iduméen, fit ériger, autours de la caverne de Makpéla, l’enceinte du Caveau des Patriarches qu’on peut visiter aujourd’hui.
 

cortège funèbre

La ville d’Hébron est triste avec ses rues désertes
et les portes closes de ses boutiques.
(photo : C. Boyer)

     La ville d’Hébron fut le théâtre de plusieurs épisodes de l’histoire biblique, mais aussi, au XXe siècle de notre ère, de plusieurs événements malheureux opposant la communauté musulmane majoritaire et la petite communauté juive, toutes deux ayant pourtant jusque-là réussit à cohabiter pacifiquement.

     Avant la création de l’État d’Israël (1948), à l’époque du mandat britannique, une violente émeute à Hébron occasionna le massacre de 67 juifs, et les survivants de la communauté juive furent pour la plupart expulsés ou évacués de la ville. Après la guerre des Six jours (1967), des juifs s’y réinstallèrent, formant la colonie de Qiryat-Arba, du nom biblique de la ville, la première d’une série de colonies à Hébron comptées parmi les plus radicales du pays. En 1994, pendant le ramadan, un colon de Qiryat-Arba ouvrit le feu sur des musulmans en prière dans le Caveau des Patriarches, faisant 29 morts et des dizaines de blessés. Peu après, la ville fut divisée en deux zones, celle sous contrôle israélien comprenant le Caveau des Patriarches.

     Dommage que la ville d’Abraham ne soit pas pour l’instant un lieu où se concrétisent les relations pacifiques qu’inspirent pourtant les traditions rassembleuses qui lui sont associées.

Chrystian Boyer

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