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chronique du 14 mars 2014

 

Césarée : gloire  de la Judée

arches des édifices croisés

Reconstitution. (photos © Rosario Pierri, OFM)
Arches reconstruites des édifices croisés dans la citadelle de Louis IX.


Césarée maritime, capitale de la province de Judée au temps d’Hérode et carrefour commercial de l’empire romain. Voyage à la découverte d’un des centres les plus importants de la fertile plaine du Sharon, fleurissante déjà à l’époque des croisés, entre la mer et les hauteurs de Jérusalem.

     Césarée Maritime, ou de Palestine, a connu une histoire longue de 15 siècles, de l’époque perse à l’époque des Croisés (IVe siècle av. J.C. - XIIe siècle ap. J.C.). Les Phéniciens, Hérode le Grand, les Romains, les Byzantins et les Croisés, tous ont contribué à sa grandeur. Pour atteindre ce joyau archéologique, on descend la vallée de Beth Horon, qui commence à Gabaon (el-Jib) et se termine dans la vallée d’Ayyalon. La déviation vers le nord conduit à Antipatris puis à Césarée Maritime, ville rénovée par Hérode le Grand et transformée par Rome en capitale de la province de Judée. Colonia Prima Flavia Augusta Caesariensis fut le titre que lui donna Vespasien en 71 ap. J.C.

     On parcourt ainsi l’ancienne voie « asphaltée » par les Romains pour avoir un accès direct entre la plaine côtière de Sharon, et la montagne de Jérusalem. Césarée Maritime est née au IVe siècle av. J.C. sous le nom de Tour de Straton, grâce à des commerçants phéniciens de Sidon. On connaît Zénon d’Alexandrie (259 av. J.C.), qui a commencé son voyage de collecteur d’impôts pour le compte de Ptolémée II Philadelphe précisément à la Tour de Straton.

théâtre romain de Césarée

Le théâtre romain de Césarée reconstruit pour accueillir des spectacles
et des concerts. Il pouvait contenir 4000 spectateurs.

     La vocation commerciale de Césarée a changé brusquement, lorsqu’Hérode le Grand a refondé la ville (20-10 av. J.C.), faisant d’elle un port reliant son royaume à l’Empire romain, c’est-à-dire l’Asie Mineure, la Grèce et l’Italie. Il l’a dédié à César Auguste, l’empereur qui avait été élevé au rang de roi des Juifs. Selon Flavius Josèphe, Hérode a fait construire le théâtre, l’amphithéâtre, l’agora, le manoir ou palais du promontoire, l’odéon, la nymphée, les thermes, des places et des rues, et aussi le port équipé de son phare dédié à Drusus, gendre d’Auguste et ami personnel d’Hérode, les entrepôts de marchandises, et enfin le temple dédié à la déesse Rome et à l’empereur Auguste. « Mais le roi, pliant à sa volonté la nature avec des œuvres très coûteuses construisit un port plus grand que le Pirée, et dans ses recoins il apprêta d’autres profonds amarrages. Bien qu’il ait contrarié la nature du lieu, il se battit contre toutes les difficultés, si bien que la solidité de l’implant défiait la violence de la mer, tandis que sa beauté fut réalisée comme si dans la construction il n’y avait eu aucune difficultés à surmonter », ainsi écrivait l’historien juif sur les ouvrages maritimes édifiés par les ingénieurs d’Hérode.

Un peu d’histoire

inscription de Ponce Pilate

Copie de l’inscription de Ponce Pilate trouvée près du théâtre.
Le titre fait référence à la fonction militaire praefectus du gouverneur de Judée.
L’inscription mentionne le tiberieum, un bâtiment public dédié à l’empereur Tibère,
qui n’a pas encore été repéré.

     À Césarée Maritime de notables épisodes se sont produits à partir du Ier siècle ap. J.C. En 6 elle fut le siège du Praefectus Judeae et en 44 du Procurator romain. De cette époque date la fameuse inscription de Ponce Pilate, Praefectus Judeae, dédiant à l’empereur Tibère un édifice public, le tiberieum dont il est question dans l’inscription trouvée par A. Frova en 1959 dans les fouilles du théâtre romain.

     Dans les années suivantes, le christianisme se répandit parmi la population de la ville. L’épisode de la conversion du centurion romain Corneille racontée en Actes 10 est bien connu. Au cours des années 45-58 ap. J.C., Paul a embarqué à Césarée pour l’Asie Mineure (Ac 9,30), il y retournera lors de son second voyage apostolique (Ac 18,22). Il y vécut deux ans dans l’attente de son procès à Rome (Ac 23,25-27).

     En 66 ap. J.C. des émeutes éclatèrent parmi les juifs de la ville et les soldats romains. La répression brutale des Romains a déclenché la première révolte juive contre Rome (66-72 ap. J.C.), qui eut des conséquences tragiques pour tout le pays d’Israël. Après la mort de Néron en 68, c’est à Césarée que les troupes romaines acclamèrent empereur Flavius Vespasien, général chargé de réprimer la rébellion juive (69 ap. J.C.).

     Aux IIe et IIIe siècle ap. J.C. on assiste à l’épopée des martyrs de Césarée, parmi lesquels Prisco, Marin et Adriano. En 190 ap. J.C., un synode local décrétait la nouvelle date de la Pâque chrétienne : non plus le 14 de nisan, mais le premier dimanche qui suivra. Vers 230 ap. J.C. vint à Césarée le grand exégète alexandrin, Origène, qui utilisa la bibliothèque publique pour ses recherches sur le texte biblique (Hexapla). Eusèbe de Césarée, son disciple, a écrit la première Storia della Chiesa, la liste des martyrs de la Palestine, l’Onomasticon des sites bibliques et de nombreuses contributions sur l’histoire de la période constantinienne.

     La capitale de Palaestina Prima, fut conquise et détruite par les musulmans au début de 641, après trois années de siège. Le port et la citadelle de facture croisée ont été reconstruits par le roi Louis IX en 1251-1252. La forteresse des Croisés a été conquise par le sultan Baibars en 1265, et finalement détruite en 1291.

Un siècle de fouilles

     Les fouilles à Césarée Maritime durent depuis plus d’un siècle, et on n’en prévoit pas encore la fin. La zone urbaine entourée de murailles de 2,6 km était la plus étendue de toute la Palestine et pouvait contenir plus de 50 000 habitants. Jusqu’à présent, une grande partie de la ville hérodienne, byzantine et croisée a été mise à jour. Sans compter également les structures submergées du port hérodien qui ont été trouvées par les archéologues spécialistes d’expéditions sous-marines.

statue du Bon Pasteur

La statue du Bon Pasteur provenant d’un bâtiment chrétien byzantin.

     Commençons la visite par le sud, près du théâtre romain aux 4000 places. Le théâtre, aujourd’hui largement reconstruit, est utilisé l’été pour des spectacles et des concerts. À l’entrée, on peut voir quelques objets de l’époque classique et byzantine mis en évidence, et parmi eux, une statue du Bon Pasteur. Après le théâtre, se trouve le musée où de nombreux éléments architecturaux trouvés lors des différentes campagnes de fouilles sont exposés en plein air. On peut voir des colonnes, des bases et des chapiteaux de styles et d’ordres différents ; des sarcophages, des frontons avec des frises de grande valeur stylistique, ou encore des piliers provenant d’églises.

hippodrome de Césarée

L’hippodrome situé sur la plage de la Méditerranée (50 x 250 m).

     La visite se poursuit par les vestiges du magnifique palais royal d’Hérode dressé en différents étages sur un promontoire. Le niveau inférieur est partiellement submergé par la mer, mais laisse voir encore certaines mosaïques et des stucs. Le jardin artificiel constitue la partie centrale du complexe qui se termine à l’est par les vestiges du prétoire des procurateurs romains. C’est là sans doute que Paul fut emprisonné en attendant son transfert pour Rome. Certaines inscriptions du prétoire sont connues, elles mentionnent quelques procurateurs ayant vécu à Césarée : Antipater, Calpurnius Quintianus et Valerio Valeriano. Une petite chapelle a été construite à la fin de l’époque byzantine derrière le prétoire romain, peut-être dédiée à saint Paul. Derrière le palais royal s’étend l’hippodrome, de 250 m de long et 50 de large. On estime à 10 000 le nombre de spectateurs qui pouvaient assister aux courses.

Mosaïque de la villa d’un haut fonctionnaire proche de l’hippodrome

Mosaïque de la villa d’un haut fonctionnaire proche de l’hippodrome.

     La cité byzantine est reconnaissable à ses bâtiments publics ou privés, certains étant de vraies maisons seigneuriales décorées avec des bains, des marbres, des mosaïques et des inscriptions. Cette zone est située juste au nord-est de l’hippodrome. Les thermes publics de l’époque byzantine sont richement décorés de marbres polychromes.

     La citadelle croisée est due à l’intervention du roi Louis IX en 1251. Elle est entourée de murs hauts de 13 m pour un périmètre rectangulaire de 900 m. Le fossé est de 9 m de profondeur. Il existait trois portes (nord, est et sud), et 16 tours de défense. Au sud du port, séparée de la citadelle, une forteresse a été ajoutée. Juste à l’extérieur des murs de l’architecture croisée, au nord, on voit les ruines d’une synagogue byzantine, riche en mosaïques et en inscriptions.

     À l’intérieur de la citadelle croisée se trouvent les ruines du port d’Hérode et d’autres édifices publics. En face de la baie a été construit le podium géant du temple dédié à la déesse Rome et au divin Auguste. Des entrepôts commerciaux et une nymphée ont été retrouvés dans les sous-sols. Après le Ve siècle, le temple païen fut remplacé par une église octogonale, transformée à l’époque croisée en une grande basilique dédiée sans doute à l’apôtre Pierre.

     En sortant par la porte ouest, on arrive à la place des statues où sont exposées deux grandes statues acéphales, représentant deux dignitaires romains. La première est en marbre blanc, l’autre en marbre rouge. L’inscription dédicatoire cite Flavio Strategios, un gouverneur du VIe siècle ap. J.C.

     Près des murs nord se trouvent les deux aqueducs qui ont assuré la survie de la ville. Le principal, mesurant 8 m de haut, amenait l’eau de la source d’Eyn Shuni située à 7,5 km au nord-est de la ville. Un deuxième aqueduc, ajouté par la suite (haut de 5,5 m), transportait l’eau de la source de la rivière des crocodiles, nahal tanninim.

     Parmi les structures déjà identifiées, mais pas encore ouvertes aux visiteurs, mentionnons également les murs et les portes byzantines, ainsi que le cirque (de 90 x 480 m) qui pouvait contenir 30 000 spectateurs. Et, au nord-est de la ville, un amphithéâtre du IIe siècle ap. J.C.

Source : La Terre Sainte 624/2 (2013) 6-11 (reproduit avec autorisation).

Pietro Kaswalder

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La mer Morte, un désert vivant

 

 

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