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chronique du 12 septembre 2014

 

Ramleh et Lod, les perles de la plaine

La tour des Quarante, Ramleh

La tour des Quarante, Ramleh. (photo © israel-webguide.com)
Pour les chrétiens, ce sont les 40 martyrs de Cappadoce, pour les musulmans, les 40 compagnons du prophète Muhammad. La tour de 30 m de haut a servi de minaret à la mosquée Blanche. Selon une inscription datée de 1318, elle érigée par les Ayyoubides.


Non loin de Tel-Aviv se trouvent deux villes riches en histoire et en monuments archéologiques. On ne parle donc pas ici de ruines au milieu du désert mais de deux villes qui n’en finissent pas de s’étendre dans la grande banlieue de Tel Aviv, deux villes offrant des richesses historiques probablement insoupçonnées des pèlerins et touristes.

     À 21 km vers le sud-est, on trouve Ramleh, nom qui signifie « le sable ». C’est aujourd’hui un centre industriel majeur, avec une population mixte israélo-arabe. Elle est la dernière née des villes de la plaine et fut une capitale administrative sous les Omeyyades (VIIe - VIIIe siècle) puis pour les croisés (XIIe siècle).

     À 25 km à l’est de Tel-Aviv se trouve Lod, sur le wadi al-Kabir. Cité ancienne datant de l’âge du Bronze (IIe millénaire av. J.-C.), elle fut cependant habitée par l’homme dès le IVe millénaire av. J.-C. Son nom figure sur une façade du temple de Karnak parmi la liste des villes cananéennes conquises par Thoutmosis III. Pour les chrétiens, elle est la ville de Pierre (Ac 9,32-35) et de saint Georges, mort martyr en 250.

La citerne de Ramleh

La citerne de Ramleh. La piscine des arches aussi connue sous le nom de citerne de Sainte-Hélène, construite sous le règne du calife Haroun al-Rashid en 789. (photo © AllAboutJerusalem)

Ramleh, la capitale omeyyade

     La ville de Ramleh, « le sable » en arabe, se trouve à 21 km au sud-est de Tel-Aviv. Élevée par le calife Suleiman Ibn Abd el-Malik en 717, elle est l’unique ville fondée en Palestine par les Omeyyades. Et ce à cause de l’abandon au début du VIIIe siècle de la ville voisine, Nicopolis (Emmaüs), décimée par la peste. La construction de la ville de Ramleh éclipsa les villes voisines de Diospolis (Lod) et Nicopolis (Emmaüs), cités de grande importance durant la période romano-byzantine, du IIe au VIIe siècle. Mais elle représentait avant tout une nouveauté politique introduite par les Omeyyades de Damas, un véritable changement : Ramleh fut élevée au rang de capitale administrative de la province al-Filastin (Palestine) à la place de l’ancienne capitale Palestinae Prima, autrement dit Césarée Maritime. C’est à partir de ce moment qu’elle a commencé à s’agrandir jusqu’à devenir la ville principale de la région, le point de rencontre entre le port de Jaffa, la route conduisant en Égypte, et la route menant à la montagne Jérusalem.

Importants restes de la mosquée Blanche

Importants restes de la mosquée Blanche. Le complexe est un carré de 100  m de côté. De la Tour des Quarante on aperçoit les murs de l’édifice sacré de l’époque omeyyade. (photo © Rosario Pierri, OFM)

     D’importantes ruines de l’époque omeyyade sont encore visibles. Parmi lesquelles, la citerne de Sainte-Hélène qui se trouve au nord de l’église des franciscains. Mais surtout, on peut voir la plus ancienne mosquée de Palestine, la mosquée Blanche, reconstruite et restaurée au fil des siècles. La mosquée Blanche Jamia el-Abyad a été commandée par Suleiman ibn Abd al-Malik (705-717), et rénovée pendant la période ayyoubide, comme le mentionne l’inscription de Seif ed-Din Baighut ez-Zahiri. Le complexe mesure 100 x 100 m, comprenant une vaste cour à colonnades.

     Autre bâtiment intéressant de l’époque omeyyade, un sol en mosaïque sur lequel on peut lire une inscription du Coran, le dessin d’un mihrab et quelques figures d’animaux. Parmi les Mémoires chrétiens pré-croisades, les sources écrites évoquent l’église de Saint-Côme et celle de Saint-Cyriacus, toutes deux détruites en 923.

Façade de l'église dédiée à Joseph d’Arimathie et Nicodème

Façade de l'église dédiée à Joseph d’Arimathie et Nicodème. (photo © Rosario Pierri, OFM)

Ramleh à l’époque des croisés, Ramoula

     Ramleh était le siège d’une Seigneurie féodale indépendante, protégée d’une muraille, et enrichie d’un bastion dans le centre de la ville. La raison de ces fortifications militaires était évidente, car Ascalon, détenue par les Égyptiens jusqu’en 1153, représentait une menace constante.

     Les croisés identifièrent Ramleh avec Arimathie, berceau de Joseph, qui a donné son tombeau neuf pour y déposer le corps de Jésus. Parallèlement au culte de Joseph d’Arimathie se développa la vénération de Nicodème, personnage à qui la tradition apocryphe attribue la garde des instruments de la Passion, c’est-à-dire les clous, le fouet, la couronne d’épines et les tenailles. Lors de la reconstruction de l’église médiévale au XVIe siècle, les franciscains rebâtirent la chapelle consacrée à Nicodème.

     Ramleh fut perdue à l’époque de Saladin, en 1187, mais fut reconquise quatre ans après par Richard Cœur de Lion, qui en fit son quartier général et une base pour les nombreuses opérations militaires de la troisième croisade.

     Une cathédrale dédiée à Saint-Jean-Baptiste, construite durant la première croisade, fut transformée par les Mamelouks en Grande Mosquée au cours du XIIIe siècle.

     Dans la période post-croisade fut reconstruite la tour des Quarante, qui servit de minaret à la mosquée Blanche. D’une hauteur de 30 m, elle se trouve sur le porche ouest de la cour de la mosquée. L’inscription au-dessus de la porte d’entrée est signée par Muhammad Ibn Qalawun, et date de 1318. Les « Quarante » évoquent dans la tradition chrétienne, la mémoire des 40 chrétiens martyrs de Cappadoce, et pour les musulmans, les 40 compagnons de Muhammad.

     La présence franciscaine à Ramleh fut d’abord intermittente. Une maison franciscaine en 1296, puis un couvent en 1392. En 1402, les Chevaliers de Rhodes obtinrent du sultan d’Égypte l’autorisation de construire un hospice, qui, un siècle plus tard, fut cédé aux franciscains. Au XVIe siècle, les franciscains s’établirent définitivement à Ramleh, avec un couvent, l’église de Saint-Joseph d’Arimathie, la Casa Nova et des écoles. Ramleh était une étape obligatoire pour les pèlerins chrétiens qui, débarquant au port de Jaffa, se rendaient à Jérusalem.

     En l’an 1600, le voyageur Pietro della Valle mentionne l’église de Notre-Dame détenue par les Grecs orthodoxes ainsi que la maison de Nicodème et de Joseph d’Arimathie, où les prêtres de passage célèbrent la messe.

     Napoléon Bonaparte fit étape à Ramleh lors de sa campagne au Moyen-Orient. Il saisit le couvent franciscain et installa dans l’église une infirmerie pour les troupes françaises qui assiégeaient Jaffa (1799).

     La paroisse latine de Ramleh n’a cessé de croître et en 1902 la Custodie de Terre Sainte y construisit l’actuelle église paroissiale.

Lydda selon David Roberts

Lydda selon David Roberts

Lod, Lydda, Diospolis

     L’histoire de la ville de Lod, Lydda en grec, remonte au Bronze ancien. Elle fait partie de la liste des villes de Canaan conquises par Thoutmosis III, gravée sur le mur du temple de Karnak.

     Lod est à 3 km de Ramleh, à 25 km à l’est de Tel-Aviv, à la jonction de la route de Jérusalem avec la Via Maris. Dans les temps anciens, c’était une étape obligatoire des routes de Canaan, et dans les temps modernes, une station ferroviaire de transit. Aujourd’hui, sur sa zone municipale, se trouve l’aéroport international Ben Gourion.

     Septime Sévère (200-220) a renommé Lod sous le nom de Colonia Lucia Septimia Severia Diospolis. Des temples païens y sont construits à cette époque, comme le rapportent les effigies des pièces de monnaie. Georges de Chypre, témoin de l’époque byzantine, ajoute également le nom chrétien de Georgioupolis, à savoir la « ville de Saint-Georges ».

     Dans l’Ancien Testament Lod apparaît dans les textes relatifs à la reconstruction de la période postexilique. Dans Esd 2,33 et Né 11,35, on peut lire que les hommes de Lod, de Hadid et Ono sont rentrés chez eux.

     Le Nouveau Testament mentionne la visite de Pierre à Lydda guérissant Énée, un paralytique (Ac 9,32-35). Une tradition apocryphe prête l’évangélisation de Lod à Zénon, un des 72 disciples de Jésus, compagnon missionnaire de saint Paul, qui serait même devenu le premier évêque de Lod.

Mosaïque de Lod découverte en 1996 dans une villa romaine.

Mosaïque de Lod découverte en 1996 dans une villa romaine.

     La ville romaine montre des signes de richesse et de bien-être social. En 1996, on découvrit la mosaïque d’une grande villa romaine datée de la fin du IIIe siècle. De 9 m x 17, cette mosaïque est divisée en deux grands tapis par une bande transversale. Les motifs représentent une amphore avec de la vigne, un navire et des grands poissons marins, des oiseaux, et beaucoup d’autres animaux parmi lesquels un éléphant, une girafe, un rhinocéros, un tigre, un buffle et un lion. La facture et les couleurs des motifs renvoient à une école de mosaïque très expérimentée.

     La mémoire du martyr saint Georges, originaire de Lod, est née au cours de la période romaine tardive. Sa mort remonte à 250 à Nicomédie, et peu de temps après ses reliques furent transférées à Lod, où fut érigé son tombeau. La basilique du VIe siècle a été construite sur l’emplacement de cette tombe, aujourd’hui transformée en mosquée. Les témoignages liés à saint Georges sont donnés par des pèlerins du VIe siècle, tels que Théodose (530), l’Anonyme de Plaisance (570) ou l’évêque gaulois Arculfe (670). Un autre pèlerin, André de Crète (666), décrit l’icône de Marie avec les apôtres conservée dans la basilique de Saint-Georges.

     Saint Jérôme aussi s’établit plusieurs années à Lydda pour y étudier, avec des rabbins, les textes bibliques en hébreu, avant de résider à Bethléem.

     À l’époque croisée, la ville de Lod était un siège épiscopal et le centre d’une grande Seigneurie, qui s’étendait jusqu’à Yavné au sud, et touchait Mirabel (Vallée d’Ayyalon, sur le territoire de la ville actuelle de Rosh Ha Ayin) au nord.

Le portail de la basilique Saint-Georges

Le portail de la basilique Saint-Georges récupéré
par les grecs orthodoxes en 1973. (photo © Rosario Pierri, OFM)

     Le principal monument croisé fut la basilique de Saint-Georges. Mais Lod avait beaucoup d’églises et de monastères dédiés à saint Joseph, saint Jean l’Évangéliste, saint Habacuc, sainte Catherine de Gezer, sainte Marie des Trois Ombres, dont il ne subsiste plus d’autres témoignages que des sources historiques.

     La basilique dédiée à saint Georges, qui fut construite à l’est de la tombe du saint durant la période des croisades, est depuis 1873 la propriété de l’Église orthodoxe grecque.

Source : La Terre Sainte 628 (2013) 6-11 (reproduit avec autorisation).

Pietro Kaswalder

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Massada, l’ultime rempart des Zélotes

 

 

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