(Eli Posner © Musée d’Israël, Jérusalem)

La naissance de Jésus illustrée sur un jeton

Sylvain CampeauSylvain Campeau | 20 décembre 2021

Les boutiques de souvenirs des grands centres de pèlerinage n’ont rien inventé : dès l’époque byzantine, il était possible pour les pèlerins qui visitaient les lieux saints de retourner à la maison avec un souvenir religieux comme en témoigne ce jeton qui évoque la naissance de Jésus.

En décembre dernier, le Musée d’Israël a dévoilé ce jeton qui représente la naissance de Jésus à l’intérieur de l’église de la Nativité de l’époque byzantine [1]. Au centre, on voit le berceau et l’enfant entouré par l’âne et le bœuf. L’intérieur de l’église est représenté par les deux colonnes et la lampe du sanctuaire (en forme de goutte). Le style architectural de l’église de la Nativité représentée sur l’objet permet une datation approximative entre les 6e et 7e siècle (époque byzantine).

Le jeton provient d’une collection léguée au musée par l’archéologue Dan Barag, un professeur de l’Université hébraïque de Jérusalem décédé en 2009. L’objet, de la taille d’une pièce de monnaie, a été repéré par Morag Wilhelm, conservatrice adjointe du musée.

Selon elle, il était fréquent à l’époque que les pèlerins venus en Terre sainte rapportent des objets de dévotion comme ce jeton. Ces objets représentaient souvent des scènes importantes de la vie de Jésus comme sa naissance, son baptême ou sa crucifixion. Ces objets portent le nom d’eulogies, un terme dérivé du grec qui désignent des objets ayant fait l’objet d’une bénédiction. Le terme peut donc aussi s’appliqué aux ampoules en terre cuite qu’on remplissait d’eau du Jourdain ou d’huiles saintes.

Malgré sa patine, sa forme et sa taille, le jeton n’est pas en métal. Il a plutôt été fabriqué à partir de la terre prélevée des lieux saints. Et selon le communiqué du musée, on lui prêtait « des vertus prophylactiques et de guérison ». Si ce n’est pas déjà fait, le jeton devrait être exposé dans la section « collections des pèlerinages » du Musée d’Israël, avec des bagues, des fioles, des pendentifs et des petites croix.

Diplômé en études bibliques (Université de Montréal), Sylvain Campeau est responsable de la rédaction.

[1] L’adoration des mages est représentée sur des jetons semblables, de la même époque, conservés au British Museum. Voir à ce sujet : Gary Vikan, Early Byzantine Pilgrimage Art, Washington, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2010, p. 32.

Le furet biblique

Le furet biblique

Initiée en 2001 par Gérard Blais, du Centre biblique Ha’rel (Saint-Augustin), cette rubrique s’inspire souvent de l’actualité pour poser un regard sur le judaïsme, le christianisme ou l’univers culturel de la Bible.

jeton

La nativité

Cette illustration montre mieux les détails de la scène représentée sur le jeton.