Pour
une remise en question
Jésus,
la lumière du monde (Jn 9,1-41)
Autres
lectures : 1 S 16,1b.6-7.10-13a; Ps 22; Ep 5,8-14
Ce dimanche inscrit dans notre expérience
de foi les tensions vécues par des gens ancrés dans
leur modus vivendi. Pour ne pas entrer en dissonance avec
le milieu porteur de leur foi, les parents de l'aveugle ont évité
toute prise de position tranchée en faveur du mystérieux
guérisseur. Cette précaution n'a pas empêché
la rupture de se produire: leur fils guéri a été
écarté manu militari de son groupe d'appartenance.
Cette rebuffade devint le lieu d'une révélation: celle
de l'identité profonde de son sauveur et seigneur. Comme
l'affirme Jésus lui-même, au verset 39 : Je suis
venu pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas
puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. La
condition physique d'aveuglement est un moindre mal, en comparaison
avec le refus de comprendre.
N'évacuons
pas trop vite l'ironie du récit évangélique.
Elle invite à ne pas accepter trop vite les idées
reçues. Elle invite à creuser avec intensité
l'expérience de la rencontre pour qu'elle devienne le terrain
d'accueil de la révélation. Même isolés,
rejetés par leurs pairs, les croyantes et les croyants peuvent
rencontrer Jésus dans ce qu'il est vraiment. On ne peut pas
être chrétien, catholique, sans avoir été
un jour renversé par une rencontre quasiment plus réelle
que notre réalité, une rencontre où Dieu fait
des propositions qui changent notre vie! Ces propositions de Dieu
sont des projets de présence constante, de soutien réel,
des propositions qui réorientent une vie et qui ouvrent des
points de vue inattendus sur le paysage habituel.
Nous parlons aujourd'hui
de ce qu'il y a de plus profond, de plus intérieur, de plus
incommunicable et de plus troublant dans notre vie de foi. Pour
nous aider à « survivre », l'évangile présente
une liste de vérification, un peu comme une liste d'épicerie,
où sont regroupées les différentes réactions
possibles face à la rencontre avec Jésus. Prenons
garde lorsque nous chantons que Jésus est notre lumière.
Demandons-nous, pendant ce Carême, pendant cette saison de
« jogging spirituel », à quel point nous avons
osé réajuster le déroulement concret de nos
vies, suite à cette expérience de rencontre pour le
moins encombrante... La plupart d'entre nous n'ont jamais demandé
à être baptisés. Ce fut l'offre de Dieu, longtemps
avant notre demande! Mais ce don prend désormais bien de
la place dans nos vies. Jésus dit dans l'évangile
: Je suis venu pour une remise en questions!
Alain Faucher, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1745. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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