Une
mise en garde au peuple de Dieu
Parabole
des vignerons meurtriers (Mt 21,33-43)
Autres
lectures : Es 5,1-7; Ps 80; Ph 4,6-9
La parabole des vignerons homicides est dramatique
et annonce symboliquement la fin tragique de Jésus. Elle
trace les graves enjeux qui se sont joués entre Jésus
et les gens de son peuple. Il y a eu un moment où Pharisiens,
chefs des prêtres, gardiens du Temple, de la Loi et des institutions,
tous ces intendants de Dieu avaient encore la suite de l'histoire
entre leurs mains, la vie de Jésus. Qu'est-ce qui les a empêchés
de relire l'histoire des rapports de Dieu et de leur peuple pour
comprendre ce que Jésus donnait à entendre? Qu'est-ce
qui les a empêchés de voir l'action de Dieu dans le
ministère de Jésus, puis, plus tard, dans l'émergence
des communautés chrétiennes après la résurrection
de Jésus? Dans la réponse qu'ils proposent à
Jésus, ils sont prêts à une punition sévère,
mais le système doit rester intact: ces misérables,
il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne
en fermage à d'autres vignerons qui en remettront le produit
en temps voulu (v. 41). Voilà leurs propos, mais le
récit l'entend autrement.
La pierre
rejetée
Le propre de Dieu
est de créer du neuf. Propriétaire de la vigne, Dieu
l'a entourée de douces prévenances, de sollicitude
et de tendresse. D'un amour inouï, d'un amour démesuré.
Il envoie des serviteurs, puis, son fils. Tout un monde existe entre
les deux, rien de comparable. Et, après les vignerons révoltés,
après la mort du fils, que fera Dieu? Il va utiliser les
erreurs de son peuple pour le sauver. La pierre jetée hors
du chantier de construction est réutilisée, elle devient
pierre angulaire. La merveilleuse action de Dieu est d'opérer
le salut au moyen de la pierre rejetée. Et cette action souveraine
appelle la louange et l'adoration (v. 4).
L'attente
de Dieu
Reconnaître
que le projet de Dieu se poursuit envers et contre tout est l'attitude
du croyant. C'est le premier fruit à produire, avec celui
du droit et de la justice (première lecture), totalement
opposés à la violence. Dieu attend avec impatience
ces fruits précieux. Lui, la fécondité même,
appelle la fécondité de son peuple, depuis hier jusqu'à
aujourd'hui. Ce peuple « bénéficiaire du
salut après Israël n'est pas l'Église comme telle,
ni même le monde où elle se recrute, mais le peuple
obéissant que l'Église est appelée à
devenir... Le Salut pour elle n'est pas un acquis, mais une tâche
à accomplir de toute évidence, l'échec d'Israël
doit être porteur d'enseignement pour les croyants de l'Église
matthéenne. Jusque-là chef d'accusation contre le
peuple infidèle, le motif des "fruits" rejaillit en question
critique adressée à l'Église. » (D. Marguerat)
Julienne Côté, CND
Source: Le Feuillet biblique,
no 1765. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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