Une
parole libératrice
L'impôt
dû à César (Mt 22,15-21)
Autres
lectures : És 45,1.4-6a; Ps 95; 1 Th 5,1-5b
Les questions sociales, économiques et
politiques se résument à peu de choses dans les évangiles
même si elles constituent des enjeux majeurs de l'existence
en société. Jésus serait-il un doux rêveur,
un irréaliste? Et voilà qu'on lui pose une question
sur le paiement des impôts. Cette réalité d'hier
et d'aujourd'hui pèse souvent lourdement sur les gens les
plus démunis. On veut prendre au piège, comme dans
un filet, celui qui a rendu la santé, libéré
les possédés, relevé de la mort.
Un faux
dilemne
Si Jésus
répond positivement, il apparaîtra comme celui qui
consent à l'occupation étrangère : on le considérera
comme un lâche ou un impie. S'il répond négativement,
il se range du côté des zélotes et accrédite
les espérances d'un règne terrestre de Dieu et de
son messie : on le percevra comme un révolutionnaire. Au
fond, la question-piège de ses adversaires révèle
leur mauvaise foi. Ils ne veulent ni éclairer leur conscience
ni se convertir. En ayant dans leur poche la monnaie à l'effigie
de César, ils indiquent clairement que dans la pratique,
ils se soumettent à l'autorité de César et
acceptent les obligations qui relèvent de sa juridiction.
La primauté
de Dieu
Par sa réponse,
Jésus fait voir qu'aux problèmes humains, le croyant
doit chercher une réponse humaine, éclairée,
toutefois par la bonne nouvelle et son comportement toujours soucieux
des opprimés, des assoiffés de justice et de paix.
Même si l'économique et le politique ont leur autonomie,
ils ne doivent pas être sacralisés et absolutisés,
et empiéter la primauté de Dieu.
Contrairement
à ses interlocuteurs, Jésus ne se place pas au plan
politique. Tout en reconnaissant la validité de cette réalité,
il la relativise et la dépasse. L'empereur a le pouvoir d'organiser
la vie en société; mais Dieu est au-dessus du souverain
temporel : Rendez à Dieu ce qui est à Dieu (v. 21).
Sur les routes de Galilée et maintenant à Jérusalem,
Jésus a fait advenir le règne de Dieu sans violence
et sans mensonge. Ceux qui ont entendu sa parole et cru en lui sont
entrés dans ce royaume. Après le temps de l'Évangile,
le temps de l'Église se poursuit. Il sera souvent inconfortable
et toujours exigeant pour les communautés chrétiennes
de vivre la double sentence de Jésus, tout en sachant qu'il
faut donner à Dieu ce qui lui revient, rien de moins que
l'existence entière, puisqu'Il nous a tout donné.
Julienne Côté, CND
Source: Le Feuillet biblique,
no 1767. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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