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Trentième dimanche ordinaire (A) - 24 octobre 1999
 

La clé du cœur

          Le premier des commandements (Mt 22,34-40)
          Autres lectures : Ex 22,20-26; Ps 17; 1 Th 1,5c-10

Quand j'étais adolescente, il était courant chez la gent féminine, de posséder un carnet dans lequel on faisait signer nos amis et les personnes signifiantes pour nous. Ce carnet s'ouvrait avec une clé et le cadenas avait souvent la forme d'un coeur. Quand on l'offrait, on l'abandonnait avec la clé et le cadenas. Futilité? Peut-être. Quoi qu'il en soit, ça faisait partie d'un certain apprentissage de l'estime des autres et de la confiance mutuelle.

Rien est à prendre ou à laisser

     Le double commandement de l'amour est une originalité de la tradition biblique, et évangélique, à cause de l'équivalence qu'il établit entre l'amour de Dieu et du prochain. Il ne s'agit plus ici d'aimer ceux et celles qui méritent notre confiance comme au temps de l'adolescence. Il nous est commandé d'aimer Dieu, le prochain et soi-même de tout son coeur et pour la vie. En d'autres mots, il nous faut leur céder la clé et le cadenas. Est-ce une figure de style? Non, c'est là l'enjeu de toute existence humaine. Rien n'est à prendre ou à laisser. Il en va de notre salut éternel.

Rien d'autre à faire

     Ce qu'il faut surtout comprendre dans l'énoncé de ce commandement, c'est l'expression de tout son coeur. Le cœur humain n'est pas celui de Dieu. Le coeur humain est un coeur imparfait avec une capacité d'aimer limitée. Personne n'est prêt à céder la clé de son coeur au premier venu. Aussi, nous n'avons rien d'autre à faire que de perfectionner nos relations fraternelles et de repousser nos frontières en ce qui concerne nos gestes de bonté et de pardon. Il nous est demandé de ne pas entretenir de rancune tenace et de vengeance destructrice. Nous aimons, bien sûr, avec le coeur que l'on a reçu en héritage mais nous avons le devoir de faire fructifier notre patrimoine affectif. Voilà le sens qu'il faut donner à l'expression de tout son coeur.

Rien n'est acquis

     Aimer est le propre de l'être humain. Malgré cela, rien n'est acquis en amour comme en amitié. Il faut un long apprentissage et un effort persévérant pour aimer réellement Dieu, soi-même et le prochain. L'art du dialogue avec Dieu et le prochain s'apprend. Nos relations avec le Tout Autre ne sont pas plus faciles qu'avec les autres. Les vraies rencontres sont rarissimes! La qualité de nos rapports avec autrui dépend de la qualité de nos rapports avec Dieu et inversement. Les deux démarchent croissent ou décroissent ensemble.

Ghislaine Salvail, SJSH

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1768. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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