La
clé du cur
Le
premier des commandements (Mt 22,34-40)
Autres
lectures : Ex 22,20-26; Ps 17; 1 Th 1,5c-10
Quand j'étais adolescente, il était
courant chez la gent féminine, de posséder un carnet
dans lequel on faisait signer nos amis et les personnes signifiantes
pour nous. Ce carnet s'ouvrait avec une clé et le cadenas
avait souvent la forme d'un coeur. Quand on l'offrait, on l'abandonnait
avec la clé et le cadenas. Futilité? Peut-être.
Quoi qu'il en soit, ça faisait partie d'un certain apprentissage
de l'estime des autres et de la confiance mutuelle.
Rien
est à prendre ou à laisser
Le double commandement
de l'amour est une originalité de la tradition biblique,
et évangélique, à cause de l'équivalence
qu'il établit entre l'amour de Dieu et du prochain. Il ne
s'agit plus ici d'aimer ceux et celles qui méritent notre
confiance comme au temps de l'adolescence. Il nous est commandé
d'aimer Dieu, le prochain et soi-même de tout son coeur et
pour la vie. En d'autres mots, il nous faut leur céder la
clé et le cadenas. Est-ce une figure de style? Non, c'est
là l'enjeu de toute existence humaine. Rien n'est à
prendre ou à laisser. Il en va de notre salut éternel.
Rien
d'autre à faire
Ce qu'il faut
surtout comprendre dans l'énoncé de ce commandement,
c'est l'expression de tout son coeur. Le cur humain n'est
pas celui de Dieu. Le coeur humain est un coeur imparfait avec une
capacité d'aimer limitée. Personne n'est prêt
à céder la clé de son coeur au premier venu.
Aussi, nous n'avons rien d'autre à faire que de perfectionner
nos relations fraternelles et de repousser nos frontières
en ce qui concerne nos gestes de bonté et de pardon. Il nous
est demandé de ne pas entretenir de rancune tenace et de
vengeance destructrice. Nous aimons, bien sûr, avec le coeur
que l'on a reçu en héritage mais nous avons le devoir
de faire fructifier notre patrimoine affectif. Voilà le sens
qu'il faut donner à l'expression de tout son coeur.
Rien
n'est acquis
Aimer est le propre
de l'être humain. Malgré cela, rien n'est acquis en
amour comme en amitié. Il faut un long apprentissage et un
effort persévérant pour aimer réellement Dieu,
soi-même et le prochain. L'art du dialogue avec Dieu et le
prochain s'apprend. Nos relations avec le Tout Autre ne sont pas
plus faciles qu'avec les autres. Les vraies rencontres sont rarissimes!
La qualité de nos rapports avec autrui dépend de la
qualité de nos rapports avec Dieu et inversement. Les deux
démarchent croissent ou décroissent ensemble.
Ghislaine Salvail, SJSH
Source: Le Feuillet biblique,
no 1768. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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