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Dimanche de Pâques A - 4 avril 1999
 

Un certain tombeau vide

          Le tombeau vide (Jn 20,1-9)
          Autres lectures : Ac 10,34a.37-43; Ps 116 (117); Col 3,1-4

Au temps et au pays de Jésus, le tombeau était un lieu qu'on disait « impur ». Non pas au sens moral, bien sûr, mais au sens rituel ou liturgique. Après avoir été en contact avec la mort, on ne pouvait participer à une cérémonie ou même se rendre au Temple sans procéder aux rituels de purification appropriés.

     Cette attitude, bien enracinée dans le monde biblique, témoignait d'un sens profond du sacré: il ne fallait pas mêler la mort et la vie. Dieu, quant à lui, était toujours invoqué comme le Dieu des vivants. On ne s'attendait pas à le trouver au séjour des morts, mais bien vivant au-delà des cieux, trônant au-dessus de toute la création. Mourir, c'était descendre, donc s'éloigner de Dieu. Pour aller à Dieu, il fallait d'abord -- pensait-on -- remonter du séjour des morts, revenir sur la terre des vivants pour ensuite continuer l'ascension jusqu'à Dieu. Seul les vivants pouvaient avoir accès au Royaume de Dieu.

     Entrer dans un tombeau, c'était faire un pas vers le séjour des morts. Symbole de la victoire de la mort sur la vie, le tombeau n'était pas propice à la rencontre de Dieu, ni à l'annonce d'une bonne nouvelle.

     Ce matin-là Marie Madeleine contemple sans comprendre l'ouverture béante du tombeau de Jésus. Pierre, averti par Marie, entre le premier. Il examine l'intérieur de la tombe, les objets qui y sont. Le texte ne nous dit rien de ce qui se passait alors dans sa tête, dans son coeur. Entre enfin « l'autre disciple, celui que Jésus aimait ». Il vit et il crut!

     Comme la nouvelle vie de Jésus, c'est de la mort que naît la foi du disciple. Son regard de foi voit au-delà de ce que ses yeux voient. Extérieurement, rien n'est changé, rien n'est visible. Pourtant, tout est différent. Ce lieu qui était impur est devenu lieu de révélation. Ce lieu qui représentait l'éloignement de Dieu devient l'endroit où on le trouve. Ce tombeau, pourtant vide, ouvre sur la vie en plénitude.

     Quant à nous, nous sommes toujours devant le tombeau vide. Nos yeux ne voient encore que le fruit de la mort et du péché. Le tombeau vide est partout où le mal semble avoir eu le dessus. Le tombeau vide est là où mon péché personnel a tout assombri. Le tombeau vide est là où nos lâchetés et nos égoïsmes collectifs ont remporté la victoire. Le tombeau vide est là où, chaque jour, le découragement et le désespoir me guettent. Mais c'est là , exactement là, que peut renaître ma foi.

     Là où mes yeux de chair voient un cul-de-sac, une fin sans retour, un pardon impossible, le regard de la foi peut découvrir les signes de la victoire du Ressuscité. Le tombeau de mon péché, de nos trahisons et bassesses, devient lieu de révélation, de rencontre, d'épiphanie.

Bertrand Ouellet

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1748. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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