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le Messie souffrant
La profession de Pierre et la suite du Christ (Marc
8,27-35)
Autres lectures: Es
50,5-9a; Ps 114 (115); Jc
2,14-18
L'identité de Jésus est la préoccupation centrale
de l'évangile de Marc. D'ailleurs notre extrait d'évangile
se situe au centre de la structure littéraire de l'Évangile
et éclaire la question de l'identité de Jésus.
Avant cet épisode, Jésus est resté discret
sur son identité. Guérisseur hors pair et maître
de grande autorité les gens le perçoivent comme une
personne qui continue l'Ancien Testament. Pour plusieurs, Jésus
est un homme qui s'inscrit dans la tradition prophétique.
Pour d'autres, il est le prophète Élie dont l'Ancien
Testament avait annoncé le retour avant la venue du Messie,
l'envoyé de Dieu qui délivrerait Israël.
Après la confession de Pierre,
Jésus n'hésitera plus pour dévoiler sa véritable
personnalité. Ainsi il montrera qu'il n'est pas un homme
venu perpétuer le passé. Il est plutôt venu
achever le plan de Dieu qui avait pris racine dans l'Ancien Testament.
Pierre agit ici comme porte-parole des apôtres et exprime
cette réalité en répondant au Seigneur qu'il
est le Christ, le libérateur d'Israël. Ce titre dénote
chez Pierre et chez les autres disciples une conception politique
de la libération. Le messie ne doit-il pas être un
chef envoyé par Dieu, descendant du puissant roi David, pour
abattre les ennemis du peuple de l'Alliance?
Après la réponse du
chef des apôtres, Jésus tentera de faire comprendre
aux disciples la portée exacte de son rôle. Il n'est
pas un roi puissant mais plutôt un serviteur qui sera rejeté
et mis à mort par les siens. Pierre n'accepte pas les propos
de son maître et lui fera des reproches. Il n'est pas facile
d'entrevoir la voie proposée par le Seigneur. Jésus
a tôt fait de rétablir son autorité en disant
à Pierre que ces pensées mondaines ont pour origine
Satan.
Jésus poursuit avec un enseignement
sur la condition des disciples. Leur fidélité à
Dieu leur causera de la souffrance et des humiliations. Les personnes
qui voudront éviter la croix seront perdues pour le Royaume.
Déjà Jésus avait pris conscience que la volonté
du Père en dérangeait plusieurs. Les ennemis de Dieu
feraient tout pour ne plus être contrariés.
Encore aujourd'hui cet enseignement
dérange. Chaque membre de l'Église doit examiner sa
conscience et déterminer la route qu'il a prise. Veut-il
toujours emprunter le chemin exigent de la fidélité
et accepter les croix qui font partie de cette voie? Veut-il plutôt
éviter la souffrance en acceptant des compromissions? Jésus
affirme aujourd'hui que cette dernière option entraîne
la perte du disciple. Les chrétiens et les chrétiennes
devraient plutôt choisir la vie et prendre la voie du serviteur
souffrant, le chemin de la croix.
Benoît Lambert
Source: Le Feuillet biblique,
no 1806. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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