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Trentième dimanche ordinaire B - 29 octobre 2000
 
La vocation de Bartimée

La suite du Christ (Marc 10,46b-52)
Autres lectures: Jr 31,7-9; Ps 125(126); Hb 5,1-6

 

« Béni soit le Seigneur notre Dieu : sur ceux qui habitent les ténèbres, il a fait resplendir sa lumière ».

     C'est par cette acclamation tirée du « cantique de Zacharie » que la liturgie de ce dimanche introduit le récit de la guérison de Bartimée, le mendiant aveugle. Nous sommes invités à lire cet évangile en y voyant plus qu'un miracle accompli par Jésus au profit d'une seule personne. À travers cette guérison, c'est la Bonne Nouvelle de l'irruption de la Lumière de Dieu dans nos ténèbres qui est proclamée.

      Ne sommes-nous pas tous, à une étape ou l'autre de notre vie, comme plongés dans les ténèbres?

      Ténèbres du doute, de la peur, de l'insécurité, du péché. Ténèbres de l'indifférence et du désenchantement qui enveloppent ceux et celles qui, désabusés, ne trouvent ni sens à leur vie ni raison d'en chercher un. Ténèbres de l'angoisse, du désespoir même. Ténèbres qui s'approfondissent et enveloppent les pas de qui ne connaît plus de chemin menant à Dieu. Ténèbres où on finit par s'installer et se perdre.

      Tel est, du moins d'une façon symbolique, Bartimée, le mendiant aveugle. Assis au bord de la route, il ne va nulle part. Il ne sait où aller ni comment. Il dépend des passants.

      Alors, parmi ces passants, voilà qu'il y a Jésus.

      Bartimée se met à crier vers lui. Sans le voir. Sans même savoir où il est exactement. Sans être capable de se rendre à lui. Alors il crie. Et il dérange ceux qui, nombreux, accompagnent Jésus. « Beaucoup de gens l'interpellaient vivement pour le faire taire ».

      Mais Jésus s'arrête et l'appelle. D'un bond, Bartimée, toujours aveugle, court vers lui. Dans ses ténèbres, grâce à Jésus, il «voit» déjà. Il sait où aller. Il est capable de se lever et de courir vers le Seigneur. L'appel de Jésus est sa lumière, son guide. « Rabbouni, que je voie! », répond-il à Jésus qui lui demande ce qu'il veut. Et dès qu'il peut voir, il se met à le suivre sur la route.

      Tout compte fait, il s'agit bien plus d'un récit de vocation que d'un récit de guérison. C'est le passage puis l'appel de Jésus qui transforment la vie de Bartimée, qui le font lever, bondir, courir. Quand il demande de voir, on comprend qu'il demande autant la guérison de ses yeux que la capacité de pouvoir, à son tour, suivre Jésus, se joindre à la foule nombreuse qui marche avec lui.

      Même dans nos ténèbres, Jésus passe. Même dans les périodes de doute, d'insécurité où la vie n'a plus de sens ni de goût, il appelle. Comme Bartimée, il nous faut parfois bondir vers lui sans voir encore, dans la foi pure.

Bertrand Ouellet

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1812. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Ambitions démesurées