La vocation
de Bartimée
La suite du Christ (Marc
10,46b-52)
Autres lectures: Jr
31,7-9; Ps 125(126); Hb
5,1-6
« Béni soit le Seigneur notre Dieu : sur ceux qui habitent
les ténèbres, il a fait resplendir sa lumière
».
C'est par cette acclamation tirée
du « cantique de Zacharie » que la liturgie de ce dimanche
introduit le récit de la guérison de Bartimée,
le mendiant aveugle. Nous sommes invités à lire cet
évangile en y voyant plus qu'un miracle accompli par Jésus
au profit d'une seule personne. À travers cette guérison,
c'est la Bonne Nouvelle de l'irruption de la Lumière de Dieu
dans nos ténèbres qui est proclamée.
Ne sommes-nous pas tous, à
une étape ou l'autre de notre vie, comme plongés dans
les ténèbres?
Ténèbres du doute,
de la peur, de l'insécurité, du péché.
Ténèbres de l'indifférence et du désenchantement
qui enveloppent ceux et celles qui, désabusés, ne
trouvent ni sens à leur vie ni raison d'en chercher un. Ténèbres
de l'angoisse, du désespoir même. Ténèbres
qui s'approfondissent et enveloppent les pas de qui ne connaît
plus de chemin menant à Dieu. Ténèbres où
on finit par s'installer et se perdre.
Tel est, du moins d'une façon
symbolique, Bartimée, le mendiant aveugle. Assis au bord
de la route, il ne va nulle part. Il ne sait où aller ni
comment. Il dépend des passants.
Alors, parmi ces passants, voilà
qu'il y a Jésus.
Bartimée se met à
crier vers lui. Sans le voir. Sans même savoir où il
est exactement. Sans être capable de se rendre à lui.
Alors il crie. Et il dérange ceux qui, nombreux, accompagnent
Jésus. « Beaucoup de gens l'interpellaient vivement
pour le faire taire ».
Mais Jésus s'arrête
et l'appelle. D'un bond, Bartimée, toujours aveugle, court
vers lui. Dans ses ténèbres, grâce à
Jésus, il «voit» déjà. Il sait où
aller. Il est capable de se lever et de courir vers le Seigneur.
L'appel de Jésus est sa lumière, son guide. «
Rabbouni, que je voie! », répond-il à Jésus
qui lui demande ce qu'il veut. Et dès qu'il peut voir, il
se met à le suivre sur la route.
Tout compte fait, il s'agit bien
plus d'un récit de vocation que d'un récit de guérison.
C'est le passage puis l'appel de Jésus qui transforment la
vie de Bartimée, qui le font lever, bondir, courir. Quand
il demande de voir, on comprend qu'il demande autant la guérison
de ses yeux que la capacité de pouvoir, à son tour,
suivre Jésus, se joindre à la foule nombreuse qui
marche avec lui.
Même dans nos ténèbres,
Jésus passe. Même dans les périodes de doute,
d'insécurité où la vie n'a plus de sens ni
de goût, il appelle. Comme Bartimée, il nous faut parfois
bondir vers lui sans voir encore, dans la foi pure.
Bertrand Ouellet
Source: Le Feuillet biblique,
no 1812. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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