Un appel
vigoureux
La conversion
est urgente (Luc 13,1-9)
Autres lectures: Ex
3,1-8a.10.13-15 ; Ps 102 (103) ; 1
Co 10,1-6.10-12
Le récit de Luc comprend aujourd'hui deux courts passages
: l'un rend compte d'une déclaration surprenante de Jésus,
et l'autre présente une parabole, riche d'enseignements.
Dans un premier temps, des événements
historiques tragiques (vv. 1.4) ont secoué les gens et suscité
des réactions. Pourquoi certains individus ont-ils été
épargnés et d'autres ont-ils été massacrés?
Pourquoi y a-t-il tant de souffrances? Nos contemporains évoqueront
le hasard, la fatalité, la négligence des humains.
À l'époque, une conception courante attribuait facilement
l'inégalité aux péchés de ceux qui souffrent
de maladies, d'infirmités (Jean 9, 2-3) ou meurent , comme
dans le cas présent. Les châtiments atteignaient les
pécheurs; ceux qui étaient épargnés
se voyaient rassurés dans la perception de leur justice personnelle.
Mais Jésus, partage-t-il cette vision?
Jésus rappelle qu'une catastrophe
peut atteindre tout le monde sans distinction de valeur morale.
Ses propos surprennent, déconcertent, car, dans l'utilisation
du mot périr ils opèrent un glissement de sens : Eh
bien non, je vous le dis, et si vous ne vous convertissez pas, vous
périrez tous de la même manière (v. 5; aussi
v. 3).
Pour Jésus, tous sont pécheurs
et menacés. Ce qui est arrivé, la mort des uns et
la vie sauve pour les autres, est un avertissement providentiel
adressé à tous, un signe du sérieux de la vie
et du jugement définitif à venir et déjà
en route (12, 57-59). Au sujet de la mort, il n'est pas seulement
question ici de la mort physique, mais il y a évocation de
la mort spirituelle, des forces de mort à l'uvre dans
le monde, de tous ces éloignements de Dieu, de toutes ces
ruptures avec le Père, qui peuvent mener à une perte
totale et éternelle. C'est dire que les auditeurs de Jésus
sont appelés à reconnaître en lui l'Envoyé
de Dieu.
La parabole inquiétante du
figuier stérile illustre aussi l'appel à la conversion.
Elle insiste sur l'urgence de la conversion. Si l'arbre fruitier
est improductif (entendons ici le pécheur), on pense naturellement
à le faire disparaître, à le « couper »;
le parasite n'épuisera plus le sol. Ce comportement, il va
sans dire, est prévisible. Dans l'extrait, le jardinier crée
du neuf en intercédant et en offrant un dernier délai,
un délai inattendu; il invite à la patience, il offre
une dernière chance. L'homme-pécheur symbolisé
par l'arbre reçoit une grâce non méritée,
une possibilité de bien vivre le temps présent (Luc
12, 56). C'est un appel offert gratuitement, qui ne s'impose pas
par la force, mais qui doit être accueilli.
Julienne Côté, CND
Source: Le Feuillet biblique,
no 1832. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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