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Célébrer la Parole

 

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Quatrième dimanche ordinaire C - 28 janvier 2001
 
Prophète d'hier à aujourd'hui

Prédication de Jésus à Nazareth (Lc 4,21-30)
Autres lectures: Jr 1,4-5.17-19; Ps 70 (71); 1 Co 12,31-13,13

 

Jésus se présente chez lui, à Nazareth, en terrain familier, et prend la parole à la synagogue. C'est d'abord l'émerveillement. Mais soudain, tout bascule. « Comment un des nôtres se permet-il de nous faire la leçon? » semblent dire ses auditeurs. Jésus en rajoute, soulignant leur mauvaise foi, ce qui déclenche leur hostilité. Que retenir d'un tel récit? Qu'est-ce que l'évangéliste Luc nous dit de Jésus, de Dieu et de son salut? Quel intérêt l'auteur avait-il à rapporter cet apparent faux-pas dans la prédication du Maître? En quoi sommes-nous concernés comme chrétiens et chrétiennes par ce qui se déroule à Nazareth?

     La mise en scène de Luc donne le ton à l'ensemble de la prédication de Jésus. Ce qui survient à l'échelle locale, à Nazareth, se répétera à l'échelle nationale. Les autorités de Jérusalem, bientôt suivies par la population, s'en prendront au Christ et chercheront à l'éliminer. Autrement dit, ce qui devrait constituer un terrain propice à accueillir la parole de Dieu se révèle au contraire réfractaire à l'annonce du salut. Originaire de Nazareth, Jésus était en droit de s'attendre à trouver une oreille favorable. Il n'en fut rien. Se tournant vers Jérusalem, la ville sainte, Jésus pouvait espérer rallier les coeurs de ses citoyens. Il a plutôt connu humiliation et torture.

     L'annonce du Règne ne va donc pas de soi. Rien n'est gagné d'avance. Le terrain propice à laisser germer la Parole n'est pas toujours celui qu'on s'imaginait. Jésus en donne deux exemples: une étrangère, la veuve de Sarepta accueille le prophète Élie; ce dernier guérit de sa lèpre un autre étranger, Naaman. Ailleurs, il mentionne la ville de Ninive, que Jonas, à son corps défendant, a réussi à convertir (Luc 11, 19-35). La Parole de Dieu trouve parfois un ancrage là où on s'y attendrait le moins. Et il arrive que les milieux qu'on croirait les mieux disposés se révèlent absolument réfractaires. L'amour de la Parole a ses risques.

     Un deuxième élément ressort de cet épisode de l'évangile: la Parole de Dieu bouscule. Dans la bouche de Jésus, elle résonne avec une telle nouveauté que son auditoire s'en trouvé choqué. Autrement dit, lorsqu'une parole devient routine, qu'elle ne sert qu'à confirmer ses certitudes ou à endormir les consciences, est-elle Parole de Dieu? Bien sûr, il ne s'agit pas de tomber dans la provocation systématique et gratuite. Mais l'autre extrême n'est guère mieux. Par notre baptême, nous partageons la condition prophétique du Christ. Sans chercher à obtenir le même effet que Jésus à Nazareth, nos prises de paroles en son nom sont-elles de nature tout au moins à susciter le changement dans le sens du Royaume?

Jean Grou

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1825. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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La foi en quatre actes