Des propos
de table fort nourrissants!
Sur le choix des places (Lc
14, 1a.7-14)
Autres lectures: Si
3,17-18.20.28-29 ; Ps 67 (68) ; He
12,18-19.22-24a
Une large section du chapitre 14 de Luc est polarisée par
le thème du repas: réponse à l'invitation (v. 1);
choix des places (v. 7); conseils pour l'hôte du repas
à propos d'un prochain dîner (vv. 12-16); enfin
allusion au repas qui sera servi dans le Royaume de Dieu (v. 15).
La table, en plus de se prêter aux confidences, est aussi
un lieu privilégié d'enseignement. Chacun est à
son meilleur et chacun est attentif à l'autre. Au début
du repas du moins... Jésus profite donc du bon accueil que
lui réserve un chef pharisien pour lui enseigner une manière
de se comporter qui bouleversera toute sa vie, s'il en tient compte.
Sous la plume de l'auteur, la consigne
de Jésus à propos de la place à occuper, vise
les pharisiens et les scribes. C'est là une évidence.
Jésus formule cette consigne à partir d'un proverbe
biblique probablement bien connu des auditeurs. Proverbe qui invitait
à la modestie dans les activités sociales: Ne fais
pas l'important devant le roi, ne te mets pas au milieu des grands;
mieux vaut qu'on te dise: « Monte ici! » que de te voir
rabaissé en présence du prince (Pr 25,6).
Deux
invitations
Jésus avait souvent assisté
à des repas où des gens haut gradés se targuaient
d'arriver en retard afin d'être regardés et enviés.
Quelle honte alors pour les convives qui, ayant pris les places
vides, se voyaient obligés de céder leur siège
en faveur des retardataires. La pédagogie a donc une couleur
locale indéniable. D'autre part, Jésus savait comment
les pharisiens montraient souvent de l'indifférence envers
les malades en faisant passer le repos sabbatique bien avant la
guérison ou le soulagement de ces derniers. Leur radicalisme
à l'égard de la Loi reléguait au second rang
l'amour et l'attention dus au prochain. Pourtant, cet amour et cette
attention pour l'autre s'intégraient dans le grand commandement
de l'amour de Dieu et résumaient toute la Loi et les Prophètes
(Mt
22,37.40). Rien n'était à prendre ou à
laisser. Jésus en profite donc pour faire d'une pierre deux
coups: inviter à l'humilité et faire preuve de compassion.
Une conclusion s'impose: qu'importe
leur domaine d'activité, les disciples de Jésus ne
doivent pas envier ceux qui prennent les premières places
surtout si ces gens méprisent les pauvres en affichant leur
richesse. En outre, les repas copieux ne doivent pas faire injure
aux affamés. La conscience morale des chrétiens doit
également les tenir en alerte pour soulager la misère
et répartir les biens. Voilà des propos de table fort
nourrissants!
Ghislaine Salvail, SJSH
Source: Le Feuillet biblique,
no 1847. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Par la porte étroite, SVP!
|