La prière
et l'art de durer
Parabole du juge qui se fait prier longtemps (Lc
18, 1-8)
Autres lectures:
Ex 17, 8-13 ; Ps 120 (121) ; 2
Tm 3, 14-4,2
La brève parabole de Luc met en scène deux personnages
de classes différentes : une veuve suppliante, dans une situation
peu enviable et un juge véreux, inique dans ses intentions
et cynique dans ses propos. Dans cette parabole, n'y aurait il pas
un autre point que celui de la nécessité de toujours
prier sans se décourager (v. 1)? Oui, nous pouvons considérer
successivement nous même, Jésus et l'Église.
L'importance de prier constamment
le Seigneur, en criant vers lui jour et nuit (v. 7), sans
se décourager, d'une façon insistante, vient du fait
que le croyant dans sa fragilité et sa vulnérabilité,
établit sans cesse une épaisseur, une distance entre
Dieu et lui. I1 y a comme une résistance structurelle à
demeurer dans la prière. N'entend on pas : « à
quoi cela sert il de prier? », « cela ne donne rien, il
y a mieux et plus à faire dans la société »,
« Dieu ne répond pas à nos besoins, à
nos demandes ». Voilà bien la résistance à
franchir, voilà pour les élus de Dieu la nécessité
de durer plus longtemps que leur résistance naturelle à
Dieu. Dans la prière, il y a une réalité qui
nous dépasse, et parfois le silence et le mystère
de Dieu.
Si on regarde Jésus et les
disciples, que constate-t-on? Un jour, ils demandent à leur
maître d'augmenter en eux la foi. Même les partenaires
de Jésus manifestent souvent leur incompréhension
de son mystère. Et que dire de ses adversaires qui ne cessent
de lui tendre des pièges. Jésus, Christ, dans l'instant
de sa vie et de sa passion, dure, résiste à ceux qui
multiplient les embûches. Il est le Fils de l'homme.
Le premier des Élus fera justice aux autres élus,
il patiente avec nous, il temporise.
Les derniers versets (vv. 6-8) font
allusion au temps de l'Église qui s'est reconnue dans cette
veuve. L'Église durera-t-elle plus longtemps que « la
situation produite par sa propre incrédulité »?
On l'a constaté, des contemporains de Jésus ont résisté
à l'appel; d'autres, dans les faux pas et les redressements,
ont duré dans leur foi. Dans le temps de l'humanité,
dans la durée des disciples qui commencent à instaurer
les communautés nouvelles, l'Esprit Saint est à l'oeuvre.
Aujourd'hui, la question s'adresse à nous. Nous devons consentir
le temps salutaire pour modifier notre besoin et être écouté;
notre prière doit inclure l'acceptation du délai que
Dieu s'octroie, d'ici l'accomplissement final du Règne de
Dieu.
Julienne Côté, CND
Source: Le Feuillet biblique,
no 1854. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
La cure miracle
|