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Premier dimanche de Carême A - 17 février 2002
 
Une défaite, une victoire

Jésus tenté au désert (Matthieu 4, 1-11)
Autres lectures: Gn 2, 7-9; 3, 1-7a ; Ps 50 (51); Rm 5, 12-19

 

Le chef messianique attendu par la population d'Israël avait pour beaucoup les traits d'un chef politique puissant ou d'un libérateur qui vengerait la nation sainte des oppressions subies. Jésus s'est plutôt présenté sous les traits du Serviteur souffrant. Était-ce la volonté de Dieu? pouvaient se demander des chrétiens d'origine juive. Le récit des tentations dans Matthieu veut démontrer que Jésus accomplit la volonté du Père en s'engageant dans cette voie effacée.

     Israël croit que l'Écriture exprime la volonté de Dieu. Matthieu va donc utiliser cet outil pour convaincre les nouveaux convertis palestiniens. L'évangéliste va multiplier les références au récit de l'Exode pour démontrer que Jésus va réussir ce qu'Israël a échoué. Le cadre de l'histoire constitue un premier rapprochement. Les fils d'Abraham séjourneront quarante ans au désert avant d'entrer dans la terre promise. Jésus sera tenté au désert après quarante jours de jeûne. Jésus va combattre Satan avec trois citations tirées du Deutéronome. Ces phrases commentent des situations où les Israélites ont succombé à la tentation durant l'Exode.

     La première réplique de Jésus (Deutéronome 8, 3) réfère à l'épisode de la manne (Exode 16, 4). Les Israélites n'obéiront pas à Yahvé en allant cueillir la manne le jour du sabbat. Jésus obéira à son Père en n'utilisant pas sa propre puissance surnaturelle pour transformer les pierres en pain. La seconde réplique du Seigneur (Deutéronome 6, 16) fait référence à l'événement de Massa (Exode 17, 1-7). Les membres de la nation sainte assoiffés avaient exigé de Yahvé un signe de sa protection. Jésus fera plutôt confiance au Père. Il n'exigera pas de signe de sa part. La troisième objection de Jésus face au démon (Deutéronome 6, 13) est liée à l'idolâtrie. Israël a délaissé Yahvé pour adorer d'autres dieux. Jésus refuse d'adorer Satan. Il n'accepte pas l'instrument tentant de la domination politique pour accomplir sa mission. Il reste fidèle à la voie voulue par son Père : le chemin du sacrifice.

     La nation sainte, n'ayant pas résisté aux tentations, n'a donc pas réalisé pleinement sa condition de partenaire de Yahvé. Jésus, n'ayant pas succombé aux propositions de Satan, est réellement le Fils de Dieu attendu par le peuple élu. Matthieu atteint donc son objectif initial mais il transmet aussi un message qui est toujours actuel. La Christ a vaincu la tentation. Il est donc capable d'aider l'humanité à résister au mal. En s'appuyant sur son fondateur, l'Église dispose donc d'une base solide pour diffuser la Bonne Nouvelle. Elle est donc invitée aujourd'hui à raffermir son lien vital avec le Christ.

Benoît Lambert

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1871. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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