La parabole des dix jeunes filles invitées aux noces avec celle des talents et du jugement universel composent la seconde partie du discours eschatologique (chapitres 24 et 25) où Matthieu a réuni l'enseignement de Jésus sur le temps de l'accomplissement du Royaume de Dieu, ou de l'achèvement de l'histoire du salut. Il y présente les attitudes à développer chez les disciples pour lutter contre l'usure du temps dans l'attente du grand jour.

Mon coeur veille

     Les jeunes filles invitées aux noces représentent les disciples de Jésus qui vivent dans l'attente du retour de leur maître. Il se manifestera lorsque le temps de la croissance du Royaume sera accompli, pour sceller les épousailles de Dieu avec son peuple. Cette symbolique des noces est classique dans la tradition prophétique et dans l'Apocalypse de Jean. Au temps de l'évangéliste, on est passé de la fébrilité à une certaine léthargie puisque le retour du Christ n'était plus aussi imminent qu'on l'avait d'abord cru.

     Dans la parabole, Jésus prend acte du fait que ses disciples, quels qu'ils soient, puissent s'assoupir. En effet, les dix jeunes filles ont toutes été gagnées par le sommeil. Elles se distinguent toutefois par leur état d'esprit. Cinq sont dites avisées ou prévoyantes; cinq autres sont qualifiées d'insensées ou d'imprévoyantes. Les jeunes filles avisées, contrairement aux autres, ont fait bonne provision d'huile, pressentant que l'attente pourrait se prolonger. Ainsi, fidèles au poste, elles étaient prêtes à se lever pour accueillir l'époux. Elles étaient malgré tout en état de veille.

     Le message de la parabole vise la constance des disciples dont l'intention première de suivre Jésus affronte l'épreuve de la durée. Les jeunes filles avisées s'étaient donné les moyens de poursuivre leur intention, alors que les autres s'en sont trouvées dépourvues.

     Cette parabole ferme la boucle avec certaines exhortations du discours inaugural de Jésus (Matthieu 5-7). Les jeunes filles avisées ont les mêmes qualités que l'homme sage et avisé qui a construit la maison de sa vie sur de bonnes fondations, c'est-à-dire sur la parole de Jésus (Mt 7, 24-27). Les imprévoyantes qui frappent désespérément à la porte fermée évoquent ceux qui disent : « Seigneur, Seigneur! », sans faire cependant la volonté du Père (cf. Mt 7, 21-27). Enfin, les jeunes filles avisées sont ces disciples qui ont pris les moyens pour persévérer dans leur mission d'être lumière du monde (Mt 5, 14-16). Une question nous est donc posée : prenons-nous les moyens nécessaires pour persévérer dans notre intention première de marcher à la suite du Christ ?

Yves Guillemette, ptre

Source: Le Feuillet biblique, no 1901. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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