L'extraordinaire et lumineux récit d'Emmaüs fait voir comment les croyants et l'Église entière peuvent cheminer dans la foi. Il indique aussi comment Jésus est l'ultime interprète des Écritures et comment il est dans sa personne celui qui donne le sens profond des écrits de la Première Alliance. Enfin, il nous permet de reconnaître les lieux où le Ressuscité se manifeste.

     Cléophas et son compagnon font route en parlant et en discutant. Ils sont affligés et épuisés, tristes et inquiets, meurtris par la douleur : se sont-ils trompés sur Jésus en qui ils voyaient le libérateur d'Israël (v. 21)? Les événements se sont bousculés si rapidement. Et maintenant ces femmes qui les bouleversent avec leurs dires. Vraiment, leurs yeux sont aveuglés; leur esprit est alourdi; leur foi est vacillante.

     L'inconnu, lui, « arrive, comme ils parlent » (v. 15). Non reconnu, il marche avec eux sur leur chemin d'angoisse et de désarroi : ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit; mais lui, ils ne l'ont pas vu (v. 24). Jésus entend leur manque de foi, il mesure leur souffrance, l'épreuve dans laquelle ils s'enfoncent, pour mieux illuminer leur vie. Ce passage de l'obscurité à la lumière se réalise par l'explication des écrits sacrés. Jésus ouvre le coeur de ses disciples à l'intelligence des Écritures concernant sa vie, sa passion, sa mort ignominieuse. La souffrance et la mort ne sont pas le dernier mot sur la destinée humaine. Dieu dit que la vie triomphe de la mort. Qu'un chemin de croix peut devenir un chemin glorieux : Notre coeur n'était-il pas brûlant en nous, tandis qu'il nous faisait comprendre les Écritures (v. 32).

     Si l'Écriture éclaire le mystère pascal du Christ Jésus et transforme nos chemins de croix, il y a un autre signe qui permet aux chrétiens, dans leur cheminement de foi, d'identifier Jésus. C'est la fraction du pain où le Christ lui-même partage son corps, sa vie ressuscitée. Le partage du pain eucharistique inclut l'ouverture aux autres, le service généreux, le partage désintéressé.

     Un autre lieu de la présence discrète du Ressuscité réside dans le retour des deux disciples dans la communauté à Jérusalem. Là, leur foi se nourrit du témoignage des autres membres, et leur expérience - passage du doute à la reconnaissance - est confirmée. Oui, la foi mûrit et grandit dans des rencontres signifiantes et des communautés croyantes.

Julienne Côté, CND

Source: Le Feuillet biblique, no 1879. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Un sceptique moderne