INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer
Cinquième dimanche de Pâques A - 28 avril 2002
 
« Personne ne va vers le Père
sans passer par moi »

Jésus, chemin vers le Père pour ceux qui croient en lui (Jean 14, 1-12)
Autres lectures: Ac 6, 1-7; Ps 32 (33) ; 1 Pi 2, 4-9

 

Le Christ se présente, dans cet extrait célèbre du quatrième évangile, comme étant le seul chemin possible vers Dieu, Père de l'humanité. Ses paroles sont sans équivoque : Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie; personne ne va vers le Père sans passer par moi (14,6). Pareils propos sauraient à juste titre paraître prétentieux, voire même insupportables dans la bouche de n'importe qui. Qui pourrait dire aussi sans rougir : « Regardez-moi et vous verrez Dieu? » Quiconque oserait parler ainsi récolterait l'indignation et le mépris, sinon les rires de tout le monde. Pourtant Jésus dit à Philippe : Celui qui m'a vu a vu le Père (14,9). Comment le Christ, que nous prenons comme un exemple digne d'être suivi, peut-il se permettre de tels propos prétentieux?

     Nous pourrions parler du privilège divin du Fils de Dieu de révéler le Père, de l'unicité irremplaçable de son témoignage, de sa dignité inégalée parmi les hommes, etc. Ce serait esquiver dogmatiquement la question et annuler le témoignage de Jean. Jésus de Nazareth n'aurait jamais tenu de tels propos, nous pouvons en être sûrs! C'est Jean l'évangéliste qui les place dans la bouche de son personnage « Jésus », dans son évangile, pour mieux illustrer tout ce que l'humble prophète de Nazareth est devenu après Pâques pour lui. C'est son témoignage de foi que nous lisons, pas une biographie impartiale ou un reportage en direct. Pour Jean et sa communauté chrétienne, le Christ Jésus, ressuscité d'entre les morts, est devenu le chemin, la vérité et la vie. Il le crie alors tout haut, tout fort, sans gêne. Soit. Mais dans quel sens?

     Il est toujours utile de replacer un texte dans son contexte, afin de mieux le comprendre. L'extrait de ce dimanche fait suite aux propos de la dernière Cène (Jean 13). Il ne faut pas oublier le geste que Jésus vient d'accomplir et dont nous faisons mémoire le Jeudi Saint. Le noble maître quitte ses vêtements et se met, comme un esclave ou un serviteur, à laver les pieds des disciples attablés. C'est tandis qu'il est à genoux, aux pieds des gens, en train de les servir humblement, que Jésus est visage de Dieu découvert, vérité de Dieu exposée à nu, unique chemin vers Dieu dévoilé. Toute personne qui adopte pareille attitude et qui choisit courageusement le service des plus humbles comme priorité, rappelle le Christ comme icône sacrée de l'amour de Dieu.

     Relue dans son contexte, la prétention du personnage Jésus se transforme en vive interpellation : le seul chemin véritable qui mène à la vie de Dieu est la voie du service. Ce n'est même pas le chemin du culte ou de la prière, bien qu'ils puissent s'avérer utiles en cours de route. Le Christ à genoux, le Christ en croix, voilà le seul chemin possible. Serons-nous de la route?

Rodolfo Felices Luna

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1881. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Donner la vie en abondance