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Vingt-sixième dimanche ordinaire C - 26 septembre 2004
 
Une parabole pas comme les autres

La parabole du riche et de Lazare (Luc 16, 19-31)
Autres lectures : Amos 6, 1a.4-7; Ps 145 (146);
1 Timothée 6, 11-16

 

Parmi toutes les paraboles inventées par Jésus, celle-ci est la seule à se dérouler, en partie, dans le monde des morts. Elle comporte un plus grand nombre de personnages que la plupart des autres, incluant des anges (v. 22) et des chiens (v. 21).Autre fait unique : un des personnages, le mendiant autour duquel s'organise toute l'histoire, porte un nom Lazare (c'est-à-dire : Dieu vient en aide). Il est curieux de noter que ce personnage, dont Abraham déclare que la résurrection serait inutile (v. 31), porte le même nom que cet autre Lazare dont la résurrection est racontée dans l'Évangile de Jean.

Premier tableau : Sur la terre

     Le récit s'ouvre par la présentation des personnages principaux (vv. 19-21). Le riche est anonyme; il n'existe, en somme, que par ses richesses et son horizon se limite au luxe que sa fortune lui permet. Le texte ne dit pas qu'il était malhonnête ni qu'il refusait d'aider le pauvre, son voisin; il l'ignore, tout simplement. De son côté, le pauvre a une identité; malgré sa pauvreté, il est quelqu'un, il existe pour lui-même, avec toute sa dignité d'homme. On ne précise pas que ce pauvre était particulièrement vertueux; simplement, il fait partie de ces petits à qui la Bonne Nouvelle est annoncée en priorité (cf. Lc 4, 18) et à qui est destiné le Royaume (cf. Lc 6, 20).

Deuxième tableau : Dans l'au-delà

     L'histoire débute véritablement avec la mort des deux personnages principaux. Le riche, qui, de son vivant, n'avait jamais adressé la parole à Lazare - du moins on peut le supposer- va essayer d'entrer en communication avec lui par l'entremise d'Abraham. Lazare reste muet; il ne prononce aucun mot, ni avant sa mort, ni après. Entre lui et le riche, le dialogue est impossible.

     Abraham présente le sort final des défunts comme un strict renversement des situations ayant existé sur la terre (v. 25). À ce compte, il suffirait d'être malheureux durant sa vie pour jouir du bonheur durant l'éternité, et vice versa. Pourtant, le reste de l'évangile montre bien que tout n'est pas si simple. La parabole veut illustrer, par un exemple saisissant, les propos de Jésus dans les anti-béatitudes : Malheur à vous, les riches! car vous avez votre consolation (cf. Lc 6, 24). Cette manière de s'exprimer s'enracine dans une longue tradition. Les prophètes présentent souvent le renversement total des situations comme la conséquence des infidélités aux exigences de l'Alliance (cf.Is 5, 8-10; Jr 22, 13-19; Mi 2, 1-5; Hab 2, 6b-14 etc...). Le riche se considère toujours fils d'Abraham puisqu'il appelle celui-ci mon père (v. 24), mais, contrairement à cet autre fils d'Abraham, Zachée (cf. Lc 19, 9), il n'a pas su profiter à temps des occasions qui lui étaient données de se convertir.

Troisième tableau : De l'au-delà à la terre

     Le riche défunt se préoccupe du sort de ses frères encore en vie; on suppose qu'ils mènent le même genre de vie que lui a mené. Sa demande d'envoyer Lazare auprès d'eux pour les avertir se heurte au refus d'Abraham : Ils ont Moïse et les prophètes, qu'ils les écoutent! (v. 29). Il peut être tentant de souhaiter des miracles spectaculaires, des interventions extraordinaires du monde de l'au-delà pour révéler des secrets ou pour inviter les pécheurs à la conversion. Jésus, par la bouche d'Abraham, rappelle que la Parole de Dieu est déjà interpellation à changer de vie; les personnes qui ne l'entendent pas, celles qui ne saisissent pas les signes des temps (cf. Lc 13, 1-5) ne seront pas non plus ébranlées par un miracle aussi extraordinaire que celui de la résurrection.

 

Note : L'enseignement de cette parabole ne porte pas sur la vie après la mort. Jésus se contente de reprendre quelques-unes des images populaires de l'au-delà, qui avaient cours à son époque, pour illustrer ses propos. Sa description n'engage pas son autorité, pas plus, par exemple, que l'évocation de la femme de Lot (Lc 17, 32) n'oblige à croire à cette histoire (cf. Gn 19, 26).

Jérôme Longtin, ptre, bibliste
Diocèse Saint-Jean-Longueuil

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1981. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Investir dans le Royaume