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Trente-deuxième dimanche ordinaire C - 7 novembre 2004
 
Le Dieu des vivants

La résurrection des morts (Luc 20, 27-38)
Autres lectures : 2 Martyrs d'Israël 7, 1-2.9-14; Ps 16 (17);
2 Thessaloniciens 2, 16 - 3, 5

 

La foi en la résurrection s'est développée, dans le judaïsme, au cours des années qui ont suivi la révolte des Maccabées (autour de 165 avant notre ère) bien que quelques jalons en ce sens aient été posés au cours des siècles précédents. Cependant, cette conviction n'était pas partagée par tous. Comme il est bien difficile de s'imaginer la résurrection autrement que sous la forme d'une reconstitution améliorée du monde actuel, certains prenaient prétexte des difficultés insurmontables amenées par cette situation pour refuser toute idée de résurrection ou de vie future. La littérature extra-biblique est généralement plus explicite que les écrits canoniques dans ses descriptions de la résurrection et de ses modalités.

     Les interlocuteurs de Jésus sont présentés comme appartenant au groupe des Sadducéens, donc liés à l'aristocratie du Temple de Jérusalem. Ils viennent l'interroger sur un cas-problème, sans doute fictif, celui de la femme qui a épousé successivement sept frères (v. 33). En fait, leur vraie question porte sur la possibilité - ou non - de la résurrection. Cette manière de procéder est tout-à-fait typique de la tradition rabbinique qui aime envisager les problèmes à partir de cas concrets.

La parabole de la femme aux sept maris

     L'histoire se base sur une législation du Deutéronome (Dt 25, 5-10) qui codifie sans doute un usage antérieur dont l'objectif était d'empêcher la dispersion du patrimoine familial. Nous ne savons pas comment cette loi était mise en application ni si elle était toujours en vigueur à l'époque du Nouveau Testament. La force de l'argument tient au fait qu'il s'agit d'une loi attribuée à Moïse lui-même. Si la Loi de Moïse prévoit des situations incompatibles avec l'idée de résurrection, comment peut-on croire en celle-ci sans entrer en conflit avec la Loi?

La réponse de Jésus : le cas de la femme aux sept maris

     Jésus ne résout pas le problème posé au v. 33 : cette femme, de qui sera-t-elle l'épouse? mais il déclare la question elle-même impertinente. Le monde de Dieu dans lequel on entre par la résurrection n'est pas la reproduction du monde actuel; les lois de la nature ne s'y appliquent plus (v. 36) et donc les relations ne sont plus régies par les règles en vigueur dans le temps des humains (vv. 34-35). Cela ne signifie pas que les liens établis entre les humains durant leur vie terrestre seront supprimés mais que toute l'existence sera tellement transformée qu'il est impossible, durant la vie actuelle, de s'en faire une représentation. La vie dans l'au-delà est semblable (à celle) des anges (v. 36), ce qui revient à dire qu'on ne peut ni l'imaginer ni la décrire. Notons que Jésus n'envisage ici que la résurrection des justes, le sort des autres n'étant pas précisé.

La réponse de Jésus : le fait de la résurrection

     Jésus a bien compris que la vraie question portait sur le fait de la résurrection. Comme les Sadducéens, selon Josèphe, ne reconnaissaient que les Cinq Livres de Moïse, il va leur répondre avec un exemple tiré du livre de l'Exode. Dieu se présente à Moïse comme le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob (v. 37; cf. Ex 3, 6). À l'époque où la rencontre avec Moïse est sensée se passer, les patriarches sont morts depuis longtemps. Comment Dieu pourrait-il être leur Dieu s'ils ne continuent pas à vivre mystérieusement en lui? Notre théologie nous a habitués à distinguer clairement entre la résurrection - croyance d'origine sémitique- et la survie de l'âme - croyance d'origine grecque. Ce passage d'évangile lie les deux en une même affirmation de foi : il n'est pas le Dieu des morts mais des vivants; tous vivent, en effet, pour lui (v. 38). Cette réponse de Jésus ne dissipe pas toutes les obscurités et ne satisfait pas toutes les curiosités; elle invite plutôt à accueillir avec confiance le mystère.

Jérôme Longtin, ptre
Diocèse Saint-Jean-Longueuil

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1987. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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« Tu aimes celui qui est tombé »