INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer
Trente-troisième dimanche ordinaire C - 14 novembre 2004
 
Persévérer dans le témoignage

Annonce de la destruction du Temple (Luc 21, 5-19)
Autres lectures : Malachie 3, 19-20a; Ps 97 (98);
2 Thessaloniciens 3, 7-12

 

Comme dernier discours, comme message d'adieu à Jérusalem, Jésus aurait pu choisir des propos un peu plus positifs, moins catastrophiques. Mais derrière ces paroles, il faut surtout reconnaître la marque de l'évangéliste Luc et les préoccupations de l'Église au moment de la rédaction de ces lignes. La communauté chrétienne vit alors des heures troubles. Le temple de Jérusalem, la sainte, la capitale religieuse de la Judée, a été détruit une dizaine d'années auparavant par l'armée romaine. L'empereur Néron a entrepris une série de persécutions à l'endroit des fidèles du Christ. Les événements donneraient-ils raison aux soi-disant prophètes qui proclament que la fin du monde approche?

     Les paroles de Jésus se veulent rassurantes. Ou plutôt, elles remettent les choses en perspective. Les guerres et les soulèvements sont des choses qui doivent arriver. Ce sont des soubresauts de l'histoire humaine, qui s'en va résolument vers l'avènement du Royaume de Dieu. Mais leur violence n'est pas un signe de l'imminence de ce Règne. À partir du verset 12, l'évangéliste offre une vision de ce qu'il entrevoit pour l'avenir de l'Église. Il y aura d'abord un temps de persécution qui se soldera non pas par l'extinction de la Bonne Nouvelle mais par son expansion. Les menaces, procès et confrontations sont autant d'occasion d'affirmer sa foi avec courage et fermeté. C'est à ce prix que l'Évangile continuera son œuvre en ce monde.

     L'Église a traversé les siècles et a affronté bien d'autres épisodes de persécutions, de bouleversements internes et externes, de remises en question. Et d'ailleurs, ne sommes nous pas aujourd'hui même au cœur d'une de ces périodes de troubles? Combien de points de repères familiers nous échappent soudain? Les institutions de l'Église et ses liens avec la société en général s'effritent. Les effectifs religieux et sacerdotaux vont sans cesse en diminuant, du moins dans notre coin de planète. Des scandales impliquant des ecclésiastiques éclatent. Des paroisses disparaissent, des églises ferment... Serions-nous en train de vivre ce que Jésus disait du Temple : des jours viendront où il n'en restera pas pierre sur pierre: tout sera détruit?

     Dans une certaine mesure, peut-être bien. Nous assistons à la fin d'un certain nombre de « temples ». Nous disons adieu à des réalités, des structures, des lieux auxquels nous sommes attachés, qui ont toujours fait partie de notre paysage religieux. Devant ces faits, nous pouvons réagir par la crainte, le découragement, le fatalisme: c'est la fin! Il n'y a plus rien à espérer, ni de Dieu, ni des êtres humains. Nous pouvons aussi prendre au sérieux les propos de Jésus en ce dimanche et considérer les difficultés du temps présent comme des occasions de rendre témoignage. C'était vrai à l'époque où l'Église était persécutée par les Romains: pourquoi ne le serait-ce pas aujourd'hui? Bien sûr, les circonstances sont différentes. Nous n'avons pas à craindre pour notre vie en proclamant notre foi en Jésus Christ. Les périls, les épreuves, les écueils ne sont pas les mêmes pour nous que pour les premiers chrétiens. Mais ils sont bien réels! C'est pourquoi la détermination des premiers apôtres, des Pierre, Paul et Étienne, ont de quoi nous inspirer. Tout comme, bien entendu, la dernière phrase de Jésus dans l'évangile de ce dimanche : C'est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie.

Jean Grou, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1988. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Le Dieu des vivants