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Dimanche du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ C - 13 juin 2004
 
Fêter en mangeant

Multiplication des pains (Luc 9, 11b-17)
Autres lectures : Genèse 14, 18-20; Ps 109 (110);
1 Corinthiens 11, 23-26

 

Les épisodes rapportés par saint Luc dans le chapitre 9 de son évangile annoncent ce qui se produira à la semaine sainte. La multiplication des pains correspond à l'institution de l'eucharistie, la profession de foi de Pierre est à mettre en rapport avec son reniement tandis que la première annonce de la Passion est à voir comme prophétie des souffrances de Jésus. La Transfiguration, pour sa part fait intuitionner la résurrection et l'Ascension du Seigneur.

     En situant le miracle par rapport à une annonce de la Passion, en décrivant Jésus accomplissant les gestes de la Cène, en montrant le rôle actif des apôtres qui distribuent le pain, saint Luc enseigne de manière à peine voilée ce qu'est le Saint-Sacrement.

     Il est le repas qui rassemble en Église les chrétiens. Il est le signe sacramentel de la Passion et de l'Exode de Jésus. Il se fait sur l'ordre du Seigneur Jésus lui-même. Il est l'annonce et déjà une participation au banquet messianique dont parlent les prophètes : Yahvé Sabaot préparera pour tous les peuples un festin de viandes grasses, un festin de bons vins (Isaïe 25, 6).

     Voulez-vous faire affront à ceux qui n'ont rien? (1 Corinthiens 11, 22). Acceptons-nous trop facilement cette contradiction : fêter la libération spirituelle de l'être humain alors qu'un grand nombre d'hommes et de femmes sont encore prisonniers de conditions de vie inhumaines? Arrêtons-nous au scandale que peuvent donner les chrétiens. Ils fêtent la libération apportée par Jésus dans le repas sacré d'une liturgie parfois fastueuse: la plupart des êtres humains de la planète ne manquent-ils pas du pain nécessaire à leur subsistance?

     Célébrer l'eucharistie n'a de sens qu'en exprimant une espérance aussi humaine que théologale. Les chrétiens ne peuvent se nourrir d'un langage qui parle de l'abondance des temps messianiques s'ils ne sont en même temps insérés dans les préoccupations de ce temps.

     Nos célébrations doivent refléter la préoccupation chrétienne que chacun puisse donner ce qui lui appartient. Même l'infirme, l'handicapé, le misérable doit pouvoir se sentir à l'aise pour éprouver le sentiment de partager de sa vie et de son être. Le fait que ce soit Jésus à la veille de sa mort qui donne son corps enseigne que le pauvre doit pouvoir lui aussi donner de lui-même dans l'eucharistie, fête de la communauté.

Pierre Bougie, PSS
Professeur au Grand Séminaire de Montréal

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1975. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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