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Quatrième dimanche de l'Avent A - 19 décembre 2004
 
L'annonciation... prise 2

Joseph et la visite d'un ange (Matthieu 1, 18-24)
Autres lectures : Isaïe 7, 10-16; Ps 23 (24); Romains 1, 1-7

 

La tradition chrétienne accorde une très large place au récit de l'annonciation faite à Marie. Lors de cette « première » annonciation, l'ange Gabriel rassure Marie et lui fait part du mystérieux projet de Dieu. Bien que Marie soit vierge, l'ange annonce à Marie qu'elle mettra au monde un fils : Jésus. Encore aujourd'hui, ce texte du premier chapitre de l'Évangile de saint Luc inspire les croyants. Et la liturgie y recourt abondamment pour nourrir la foi des baptisés.

     Dieu a avisé Marie de son indicible dessein. Mais aurait-il oublié d'informer quelqu'un? Joseph, lui, devait-il tout comprendre par lui-même? Après tout n'est-il pas l'un des principaux concernés? Comment un homme, laissé à lui même, peut-il saisir l'intervention insaisissable de Dieu? Bien qu'il ne porte pas l'enfant en lui, en père responsable ne devrait-il pas supporter Marie, son épouse?

     L'Évangile de saint Matthieu présente le « deuxième » volet de l'annonciation. Voilà l'un des rares épisodes évangéliques où Joseph tient un rôle de premier plan. Ici, toute l'action tourne autour de lui. C'est à son tour de recevoir un message de l'Ange du Seigneur.

Joseph, le juste

     Pour bien comprendre l'annonce faite à Joseph, il faut rappeler que le mariage juif se déroulait en deux temps. Les époux échangeaient d'abord leur consentement. Par la suite, l'épouse déménageait dans la demeure de l'époux pour y mener la vie commune. Or un certain temps s'écoulait entre ces deux étapes du mariage. Et l'annonciation du jour s'inscrit dans ce laps de temps : Marie et Joseph ont fait l'échange de leur promesse, mais ne vivent pas encore ensemble. À l'époque, il était impensable qu'une femme puisse alors avoir un enfant.

     Avant de vivre avec son épouse, Joseph s'aperçoit donc que sa conjointe est enceinte. Il sait bien, lui, ne pas en être le père. Quel dilemme! Comment réagir? Sa foi le pousse sûrement à s'inspirer de la Loi. Or, voici le châtiment prescrit par le Deutéronome : Vous les ferez sortir de cette ville, vous les lapiderez avec des pierres, et ils mourront (22, 24). Joseph ne souhaite pas infliger cette lourde sentence à Marie, mais il doit se protéger.

     Bien qu'aucune décision ne soit encore prise, il envisage de la répudier en secret. À cet instant se produit la « deuxième » annonciation. Lors d'un songe, l'Ange du Seigneur informe Joseph du projet de Dieu.

Joseph fit...

      Joseph réagit promptement au message de l'envoyé de Dieu. À partir de ce moment, il accueille son épouse chez lui, ce qu'il hésitait à faire jusqu'à maintenant. Il s'agit d'une attitude complètement nouvelle, puisque avant le songe, Joseph pensait même renvoyer Marie. À n'en pas douter, Joseph se laisse transformer par Dieu... il harmonise son agir pour que s'accomplisse le plan de Dieu.

     Dans le songe, Joseph se voit confier la tâche de donner le nom de « Jésus » à l'enfant qui naîtra. Il ne s'agit pas d'un geste banal. Au contraire, dans la tradition biblique, donner un nom à un enfant équivaut à le reconnaître comme son fils. Parce que Joseph accepte ce rôle, il devient le père légitime de Jésus. Ce faisant, il permet à Jésus de s'insérer dans la descendance de David (prérogative du Messie attendu par les juifs).

     Au fiat de Marie, lors de la première annonciation, s'ajoute le il fit de Joseph. Voilà deux modèles extraordinaires pour tous les chrétiens.

Daniel Montpetit, bibliste
Professeur au Collège Jean-Eudes

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1993. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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