Le carême
de Jésus
Jésus
tenté au désert (Matthieu 4, 1-11)
Autres lectures : Genèse
2, 7-9;
3, 1-7a; Ps 50 (51);
Romains
5, 12-19
Le jeûne de Jésus, durant quarante jours et quarante
nuits, rappelle celui de Moïse (cf. Ex
24, 18; Dt
9, 9) et celui d'Élie (cf. 1
R 19, 8). On peut aussi faire d'autres rapprochements :
dans le récit du sacrifice d'Isaac, Dieu met à
l'épreuve Abraham (Gn
22, 2); les deux premières interventions du diable (vv.
3.6) font allusion à un passage du livre de la Sagesse :
Car si le juste est fils de Dieu, il l'assistera et le délivrera
des mains de ses adversaires (Sg 2, 18); la troisième
intervention (v.
8) rappelle la scène où Dieu montre à Moïse
la Terre Promise où il ne pourra pas entrer (Dt
34, 1-4). Comme on le voit, en plus des citations explicites
(vv.
4.6.7.10), le récit est rempli de références
aux Écritures.
Le premier défi lancé
à Jésus concerne la nourriture (v.
3), tout comme cela avait été le cas pour l'homme
et la femme, à l'origine. Mais l'enjeu dépasse la
question alimentaire; au jardin d'Éden, le premier couple
est confronté à la mort s'il mange du fruit défendu;
au désert, Jésus répond que la vraie source
de vie n'est pas dans la nourriture matérielle mais dans
la Parole de Dieu. On est tenté de faire un rapprochement
avec cette autre parole de Jésus, rapportée par saint
Jean : ma nourriture, c'est de faire la volonté de
celui qui m'a envoyé (Jn 4, 34). Par fidélité
à son Père, Jésus refuse d'utiliser sa puissance
pour mettre la nature à son service; il choisit librement
de s'en remettre à Dieu et à sa Parole de vie.
Le deuxième défi concerne
directement la relation avec Dieu. Si Dieu peut se permettre de
mettre son peuple à l'épreuve pour vérifier
sa fidélité, l'inverse n'est pas vrai. Mettre Dieu
à l'épreuve, c'est remettre en question sa puissance
ou sa bonté. Au jardin, l'homme et la femme ont mis en doute
la Parole de Dieu en voulant se faire eux-mêmes les arbitres
du bien et du mal; Jésus, de son côté, refuse
de mettre en question sa confiance envers son Père même
si un miracle spectaculaire lui attirerait une popularité
certaine.
Le troisième défi concerne
la relation de Jésus au monde. Pour assurer son pouvoir,
il aurait sans doute pu trouver un langage qui aurait plu à
ses auditeurs. Mais, comme il le dira lui-même : le
Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir
et donner sa vie en rançon pour la multitude (Mt 20,
28). Le Royaume que Jésus vient inaugurer passe par le chemin
de la croix; il le reçoit non de Satan mais de son Père :
Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur
la terre
(Mt 28, 18). L'acceptation confiante, par Jésus,
de la volonté de Dieu rétablit la relation que le
péché des origines avait altérée. Le
Royaume des cieux est déjà en marche, c'est pourquoi
les anges interviennent et se mettent au service de Jésus,
le reconnaissant comme roi (v.
11; cf. Dt
32, 43 - grec-;Ps 96, 7- grec-).
Jérôme Longtin, ptre
Diocèse Saint-Jean-Longueuil
Source: Le Feuillet biblique,
no 2001. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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