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Célébrer la Parole

 

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Treizième dimanche ordinaire A -26 juin 2005
 
Se faire accueillant

Le renoncement du disciple (Matthieu 10, 37-42)
Autres lectures : 2 Rois 4, 8-11.14-16a; Ps 88(89);
Romains 6, 3b-4.8-11

 

La Bible abonde en enseignements très riches sur l'accueil. Il s'agit d'exemples concrets et non de dissertations théoriques. La mémoire chrétienne se souvient immédiatement d'Élisabeth qui accueille Marie enceinte de Jésus. La réception se fait dans l'enthousiasme : Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein! Et comment m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi? (Luc 1, 42-43) Encore dans l'enfance du sauveur, la prophétesse Anne, qui appartient au personnel du Temple, reçoit la Sainte Famille avec des acclamations joyeuses (Luc 2, 25s).

     En poursuivant dans le seul évangile de Luc, on note encore l'amabilité de Marthe et de Marie. Toutes les deux veulent accueillir de leur mieux Jésus, le grand prophète de Galilée. L'une s'intéresse beaucoup à l'hospitalité matérielle tandis que l'autre, dans une écoute attentive, tient compagnie à l'homme de Dieu (cf. Luc 10, 38-42). Jésus s'attend à la bienvenue. C'est tout à fait dans les mœurs orientales d'avoir du respect pour l'hôte qui est personne sacrée. La négligence de Simon le pharisien qui avait (mal) reçu Jésus dans sa maison a été compensée par l'amour de la femme pécheresse : elle a arrosé ses pieds de larmes, les a couvert de baisers et les a oints de parfum (Luc 7, 44-46).

     Le grand principe, Jésus l'énonce dans l'évangile du jour, extrait de Matthieu : Qui vous accueille m'accueille, et qui m'accueille, accueille celui qui m'a envoyé. Qui accueille un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète; qui accueille un juste en qualité de juste recevra une récompense de juste. Par ces paroles, Jésus prolonge l'enseignement traditionnel en Israël. Les Proverbes, pour mieux enseigner l'hospitalité, plaignent l'étranger : Comme l'oiseau qui erre loin de son nid, ainsi l'homme qui erre loin de son pays (Proverbes 27, 8). L'ancêtre d'Israël, Abraham, avait donné l'exemple en recevant trois étrangers. Il apparaît dans l'exhortation : N'oubliez pas l'hospitalité, car c'est grâce à elle que, sans le savoir, d'aucuns ont hébergé des anges (Hébreux 13, 2). Toutefois, Jésus va plus loin. Il réclame qu'on l'accueille, lui, comme l'Envoyé par excellence. Sa venue et sa présence ont un caractère unique. On pourrait transposer, pour l'accueil, la révélation qu'il faisait à un disciple : Philippe! Qui m'a vu a vu le Père (Jean 14, 9).

     Les chrétiens sont appelés « les justes » par Jésus. « Qui accueille un juste...» S'ils voient venir un prédicateur, surtout qu'ils le regardent en tant que porte-parole (littéralement « prophète ») du Père, un peu comme ils ont vu Jésus. «Sachez accueillir sans avarice ou étroitesse d'esprit!» C'est vraiment une prévision des problèmes à venir. Jésus pressent que la foi dans les envoyés de Dieu connaîtra des crises. Lui qui sait ce qu'il y a dans le cœur de l'homme (Jean 2, 25), il prévoit qu'on s'attachera aux défauts de ses représentants qui exercent un ministère dans l'Église. Jésus veut qu'au contraire, on voie leur dignité. Bien que pécheurs, ils le représentent. Avec la tradition théologique, on dira même qu'à l'eucharistie, ils le rendent présent.

Pierre Bougie, bibliste
Professeur au Grand Séminaire de Montréal

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2020. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Ne craignez pas les difficultés!