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Vingt-neuvième dimanche ordinaire A - 16 octore 2005
 

Chrétiens et citoyens

L'impôt dû à César (Matthieu 22, 15-21)
Autres lectures : Isaïe 45, 1.4-6a; Ps 95(96); 1 Thessaloniciens 1, 1-5b

À notre époque, au centre de l'actualité, on a la Déclaration des droits de la personne et la Charte des droits. Ces déclarations de principes sont au fondement du débat sur la confessionnalité des écoles, sur la place de la prière dans les réunions de corps publics, sur l'objection de conscience dans les traitements médicaux... Le débat ne serait pas le même s'il n'y avait eu un enseignement de Jésus aux conséquences marquantes.

Distinguer la religion et l'État
   En disant : Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, Jésus sépare la religion du gouvernement. C'est la première fois qu'on distinguait si nettement Dieu de l'État. Car à cette époque, César tenait tout dans ses mains, y inclus le culte et le dogme. Sa personne était sacrée et divine. Jésus proclame que la religion n'est plus l'État, et qu'obéir à César n'est plus la même chose qu'obéir à Dieu. Le Seigneur a supprimé la domination exclusive de l'État sur l'individu; il a séparé l'homme du citoyen; il a placé l'homme au-dessus du citoyen, le « prochain » au-dessus du compatriote; il a proclamé la supériorité infinie du royaume de Dieu sur n'importe quel royaume de la terre; il a donné à l'homme le droit et le devoir d'obéir à Dieu, sans pour autant le sosutraire à ses devoirs civiques.

    Jésus était en quelque sorte figuré par Cyrus, le roi des Perses, qui plusieurs siècles auparavant avait délivré les exilés juifs à Babylone. La personne humaine s'épanouit pleinement dans la liberté. Les structures trop rigides doivent être humanisées, nous suggère la première lecture du livre d'Isaïe.

    Saint Paul a libéré les Thessaloniciens de la croyance en des divinités païennes. Elles étaient la caution d'un système politique très dur; il favorisait les inégalités, tandis que le christianisme, en soulignant la dignité de la personne, a facilité l'affranchissement des esclaves. L'adhésion de foi de la communauté opère une mutation profonde dans la vie des individus.

    Notre époque évalue mal ce qu'elle doit à l'évangile dans le progrès des idées. Les idéologies athées ont pourtant abouti à des régimes d'oppression qui sont des échecs dans la poursuite du bonheur. Incroyant, Albert Camus disait cependant : « Il faut donc se choisir un maître, Dieu n'étant plus à la mode ».

     Les pharisiens avaient une pensée organisée au sujet des relations avec l'empire romain. Les pharisiens constituaient d'abord un groupe religieux attaché à la Loi de Moïse. Ils considéraient qu'on pouvait le faire même dans un pays occupé et dirigé par les païens. Il n'est pas juste de dire qu'ils désiraient un royaume terrestre pour Israël. Certains étaient même pacifistes, aimant mieux mourir que de prendre les armes.

Une discussion serrée
    Dans l'épisode de l'impôt dû à César, la scène se passe en présence des partisans d'Hérode. Ceux-ci cultivaient l'amitié des Romains, comme leur « patron » Hérode Antipas, le tétrarque de Galilée et surtout autrefois Hérode le Grand. Ce groupe, pour plaire à l'autorité romaine, n'aurait pas manqué de dénoncer Jésus s'il s'était opposé à l'impôt.

    Des juifs opposés à Rome et qui prendront plus tard le nom de zélotes interdisaient l'impôt. Ils refusaient le signe de la soumission à Rome. On demande à Jésus : Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à l'empereur (à César)? Jésus demande à son tour qu'on lui montre la monnaie de l'impôt. En apportant l'argent de l'impôt, ceux qui posent la question paraissent, curieusement, prêts à le payer eux-mêmes. La monnaie courante en Palestine ne portait pas l'image de l'empereur, en concession à l'horreur des juifs pour les images sculptées interdites par l'un des commandements. Jésus a dit : Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. En disant « rendez à César »... Jésus recommande de payer l'impôt impérial et cette réponse contient en germe une appréciation positive du rôle de l'État, dans la ligne de certaines doctrines juives du temps selon lesquelles les grands doivent leur autorité à Dieu. Par exemple, au livre de la Sagesse : Écoutez, ô rois, c'est le Seigneur qui vous a donné la domination (Sagesse 6, 3). La pratique des premiers chrétiens s'est conformée à ce principe (cf. Romains 13, 1-7).

    Dans cet épisode, ce qui est mis en relief, surtout, c'est le point culminant : rendez à Dieu ce qui est à Dieu. Au-delà des questions politiques qui sont d'importance secondaire, il faut rendre à Dieu ce qui lui est dû. Il faut célébrer ses louanges, obéir à ses commandements, l'aimer plus que tout.

    Dans la parabole du banquet, les invités à la noce ont toute sorte de prétextes pour refuser de participer : l'un à son champ, l'autre à son commerce (Matthieu 22, 5). La parabole du semeur illustre le cas de ceux en qui le souci du monde et la séduction de la richesse étouffent la Parole (Mt 13, 22). Ils représentent ceux qui ne rendent pas à Dieu ce qui lui est dû.

Un message actuel
    Pour beaucoup, la politique a remplacé la religion. Des personnes mettent le même zèle au service d'un parti politique qu'elles l'auraient fait en d'autres temps pour le progrès de l'Église. Le nationalisme réclame une ferveur brûlante et bien des prédicateurs dans la foi nouvelle ne se rendent pas compte que le culte de la nation touche souvent à l'égoïsme collectif. Les grandes causes humanistes deviennent aussi des succédanés de la foi en Dieu. On n'a plus d'énergie que pour les réunions qui en parlent, pour les publications qui en traitent et pour les démonstrations qui en brandissent les slogans.

    Dieu premier servi! Il mérite mieux que n'importe quel idéal de l'horizon terrestre.


Les chrétiens dans le monde
Extrait de la Lettre à Diognète

    Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n'habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n'emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n'a rien de singulier. Leur doctrine n'a pas été découverte par l'imagination ou par les rêveries d'esprits inquiets, ils ne font pas comme tant d'autres, les champions d'une doctrine d'origine humaine.

    Les chrétiens habitent les cités grecques et les cités barbares suivant le destin de chacun; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et le reste de l'existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur manière de vivre. Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n'abandonnent pas leurs nouveaux-nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n'est pas une table ordinaire.
Ils sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais ils sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies, et leur manière de vivre est plus parfaite que les lois.

Pierre Bougie, PSS, bibliste
Grand Séminaire de Montréal

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2027. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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À la table de Dieu