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Dimanche de la Résurrection A - 27 mars 2005
 
Un beau menu pour la Fête des fêtes

Le tombeau vide (Jean 20, 1-9)
Autres lectures : Actes 10, 34a.37-43; Ps 117 (118);
1 Corinthiens 5, 6b-8

 

Il y a encore bien peu de jours, nous étions plongés dans un Carême baptismal fort utile pour nous ramener à l'essentiel de notre foi. Cette saison a été marquée par la proclamation des grands évangiles johanniques destinés à la formation des adultes en route vers les sacrements de l'initiation chrétienne.

     Il y a quelques heures, nous avons été édifiés par le menu biblique abondant du Triduum. Nous furent dévoilés de généreux extraits du prophète Isaïe, le livre de l'Exode, la passion selon le quatrième évangile, la brochette de textes précieux du Lectionnaire de la veillée pascale...

     À côté d'un menu si effervescent, les lectures du dimanche de Pâques peuvent sembler plus brèves et même assez banales. Pourtant, le menu du Lectionnaire nous propose des choix stimulants. Le problème, c'est que la sélection a souvent été faite d'avance pour nous par les rédacteurs de tel livret d'accompagnement de la messe ou par le comité de liturgie local. Dans les coulisses de la préparation, ces personnes ont eu la chance de s'alimenter à la diversité du Lectionnaire.

     Cette année, nous ne nous priverons pas de cette richesse. Au lieu de limiter nos horizons à une triade conventionnelle de lectures bibliques, nous vous proposons d'explorer successivement tous les choix disponibles dans le Lectionnaire pour les première et deuxième lectures. Ces brèves escales sont comparables à la découverte rapide d'un pays plus ou moins connu. Chacune nous fera vibrer aux accents particuliers offerts pour célébrer le relèvement de Jésus d'entre les morts. En constatant l'apport irremplaçable de chacun de ces textes bibliques à la symphonie de Pâques, saurons-nous décider lesquels sont davantage parlants pour cette fête pascale de 2005?

Jésus, valeur ajoutée
Actes 10, 34a.37-43

Pierre vient de vivre une expérience hors du commun. Il a bénéficié d'une vision. Cet état de conscience altéré avait jadis la réputation d'être un mode de connaissance tout à fait acceptable. Dans sa vision, Pierre découvre qu'en Jésus, il n'y a plus de frontières alimentaires. Pour un Juif pieux, c'est un grand choc.

     Cette ouverture lui laisse toute liberté pour proclamer l'essentiel de sa foi pascale dans la famille d'un officier romain. Pour un Juif pieux, c'était impossible. Pour une personne sensible aux ouvertures créées par la résurrection, c'est une opportunité à saisir!

     Pierre proclame donc les actions de Jésus et surtout les dons de Dieu à son égard. Dieu était avec lui. Dieu l'a ressuscité des morts. Dieu a aussi ménagé une stratégie de communication : pourront d'abord parler de ces expériences les personnes qui ont connu Jésus de Nazareth comme compagnons de vie quotidienne.

     Ces propos de Pierre invitent à apprécier la qualité unique de Jésus ressuscité. Il est un signe de Dieu en action. Sa « valeur ajoutée » est unique et insurpassable. Perdrons-nous longtemps notre temps à nous imaginer que d'autres messagers de Dieu peuvent nous apporter plus et mieux que Jésus?

Choisir les bons ingrédients
1 Corinthiens 5, 6b-8

Nous avons bien du mal à saisir la logique alimentaire juive. Concernant le rejet temporaire du levain, nous ne devons pas limiter notre interrogation aux équations chimiques. Il faut surtout considérer la symbolique théologique incluse dans les prescriptions du Lévitique (2, 11-12).

     Le levain entre dans la confection de plusieurs aliments de haute qualité. Pourquoi est-il interdit dans la préparation des offrandes végétales déposées sur l'autel des sacrifices ou pendant la semaine de la Pâque juive? Le levain déclenche une transformation. La matière n'est plus dans son état premier, naturel. Le levain (et le miel qui l'active) est ainsi associé à la multiplication des créatures déclenchée par le Créateur au premier chapitre de la Genèse. Le levain permet donc de jouer un des rôles qui revient au Créateur.

     Logiquement, lorsqu'on veut entrer dans une communication avec Dieu qui lui fasse toute la place, on doit s'éloigner d'un ingrédient qui est en train de se multiplier par son propre pouvoir. On se débarrasse donc, avant la Pâque juive, de toute trace de levain, laissant à Dieu seul le soin de redémarrer la machine biologique de production du levain.

     Jouant sur ce précepte, Paul qualifie de « vieux ferments » la perversité et le vice, qui ne conviennent pas aux coeurs qui entrent dans la fête de la Vie. Nous comprenons qu'il nous invite à ne laisser s'activer en nous que de bons ferments tout neufs, implantés par Dieu lui-même... Ainsi ajustés (rendus droits par la « droiture ») à Dieu et conscients de sa révélation (« la vérité »), nous devenons de plein droit participants à la Fête des fêtes.

Destination mieux connue
Colossiens 3, 1-4

Pour apprécier ces propos attribués à Paul, il faut avoir en tête la carte géographique de l'univers tel que perçu il y a deux millénaires. La zone divine est en haut. C'est là que se dirigent l'imaginaire et le désir des populations.

     L'affirmation croyante est sans équivoque : « c'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu ».

      Autrement dit, celui qui est le préféré de Dieu accomplit tous les rêves de l'humanité. C'est la nouvelle réalité. Et elle est accessible à quiconque enfouit sa vie dans la mort du Christ.

     Sommes-nous prêts à devenir plus humains en enfouissant, nous aussi, notre mort avec celle de Jésus? C'est déjà mieux que de nous limiter à ces conversations souvent entendues dans les salons funéraires : « Qu'est-ce qui nous dit qu'il y a vraiment quelque chose de l'autre côté? » Il y a mieux : il y a quelqu'un, déjà en place, en train de regarder de haut les petites mesquineries d'ici-bas!

 

Alain Faucher, ptre
Directeur des programmes de premier cycle
en études bibliques, études pastorales et théologie
Faculté de théologie et de sciences religieuses
Université Laval

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2007. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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C'est chez toi que je veux célébrer la Pâque