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Dimanche de la Trinité A - 22 mai 2005
 
Unis dans l'amour

Le fils médiateur et le jugement (Jean 3, 16-18)
Autres lectures : Exode 33, 4b-6.8-9;
Cantique : Daniel 3, 52-56; 2 Corinthiens 13, 11-13

 

Dieu a tant aimé le monde… C'est le début de la lecture évangélique et une clé pour entrer dans la question de la Trinité. Pas pour prétendre en saisir tout le sens; après tout, n'est-ce pas le propre d'un mystère que de demeurer insaisissable? Mais bien plutôt pour approcher le mystère tel qu'il est : non pas un secret indéchiffrable mais une réalité sans cesse à découvrir. Ainsi en est-il de l'amour, qui imprègne l'œuvre de l'évangéliste Jean (évangile, lettres et Apocalypse).

Un problème interne?

L'extrait lu ce dimanche comporte la première apparition du verbe « aimer » dans l'Évangile selon saint Jean. Des spécialistes ont fait remarquer que, dans les écrits de Jean, Jésus insiste surtout sur l'amour entre les « frères » c'est-à-dire entre les membres de sa communauté. Chez les autres évangélistes, l'amour apparaît plus souvent dans une perspective universelle, englobant tous les êtres humains. On a soupçonné Jean d'avoir ainsi encouragé la communauté chrétienne à se refermer sur elle-même. Or, l'auteur Alain Marchadour (L'évangile de Jean, Paris/Montréal, Centurion/Novalis, 1992, p. 181) suggère plutôt que cette particularité s'expliquerait par la situation des disciples du Christ à qui Jean s'adressait. Il se pourrait bien en effet que les membres de cette communauté vivaient une profonde difficulté à s'aimer entre eux. C'est pourquoi l'évangéliste aurait accordé la priorité à l'amour mutuel : Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres (13, 14). Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jean 15, 12).

« Qu'il est difficile d'aimer »

La difficulté d'aimer n'était pas chose nouvelle au temps de l'évangéliste. Et c'est encore bien actuel! L'expérience est d'autant plus pénible lorsqu'elle affecte les personnes d'un même groupe comme une famille, une équipe de travail ou une association communautaire. Que l'on ressente peu ou pas d'amour pour son troisième voisin, pour une nation étrangère ou pour le livreur de pizza, cela nous touche bien peu. Mais quand on n'arrive pas à aimer ses proches, celles et ceux avec qui on partage une tranche de vie, ça peut devenir dramatique. Lorsque Gilles Vigneault chante, avec justesse, « Qu'il est difficile d'aimer! », il parle de l'amour entre deux personnes qui, « normalement » devraient s'aimer. D'où la difficulté…

Dieu est amour

Aussi, en ce dimanche, le lien d'amour qui unit les trois personnes de la Trinité s'offre à nous comme le modèle, l'enracinement de notre propre expérience d'amour. Dieu a voulu unir l'humanité à cet amour en lui envoyant son Fils pour le sauver. Le sauver de quoi? Du mal d'aimer qui le mine et qui étouffe l'espérance. L'élévation du Fils sur la croix est le signe non pas d'un sacrifice ou d'une épreuve destinée à purifier le monde du mal qu'il a commis mais bien celui d'une vie donnée par amour. Croire au Christ, c'est entrer dans cet amour qu'il partage avec son Père et avec l'Esprit. Ne pas y croire, c'est se soustraire à la source d'un amour inépuisable qui fait jaillir la vie éternelle.

Jean Grou
Bibliste
Diocèse de Québec

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2015. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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