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2e dimanche de Carême B - 12 mars 2006
 

Le Fils

La Transfiguration Marc 9, 2-10
Autres lectures : Genèse 22, 1-2.9a.10-13.15-18; Psaume 115(116); Romains 8, 31b-34


Si on cherche un fil conducteur à travers les lectures de ce dimanche, c'est vraiment l'image du Fils qui s'impose.

    Pour tracer un portrait de Jésus la liturgie du carême procède par contraste. Le premier dimanche, elle le montre au désert, tenté par Satan (cf. Mc 1, 12-13). L'évangéliste ne dit pas, à ce moment-là, que Jésus triomphe de cette mise à l'épreuve. La réponse à cette interrogation se trouve dans la suite de l'évangile; oui, Jésus est plus fort que les esprits mauvais (cf. Mc 1, 23-28), oui, il est le Fils bien-aimé de Dieu (cf. v. 7).

Prends ton fils unique, celui que tu aimes… (Gn 22,2)
     Si Jésus est mis à l'épreuve par Satan (l'Adversaire, selon le sens premier du mot), c'est Dieu lui-même qui a mis Abraham à l'épreuve. Ce récit n'est pas sans provoquer un certain malaise chez le lecteur d'aujourd'hui. Le meilleur commentaire est sans doute celui de l'auteur de l'Épître aux Hébreux : Par la foi, Abraham, mis à l'épreuve, a offert Isaac, et c'est son fils unique qu'il offrait, lui qui était le dépositaire des promesses (…) Dieu, pensait-il, est capable même de ressusciter les morts; c'est pour cela qu'il recouvra son fils, et ce fut un symbole (He 11, 17-19). Isaac, le fils bien-aimé, porteur de toute l'espérance d'Abraham et de Sara, héritier de l'Alliance, est sauvé par Dieu à cause de l'obéissance de son père. Par fidélité envers son Dieu, Abraham n'a pas refusé de lui offrir ce fils qui ne devait pas mourir.

Il n'a pas refusé son propre Fils (Rm 8, 32)
     Dieu ne pouvait pas être en reste par rapport à Abraham! Puisque Dieu a consenti au sacrifice de son Fils, tous ceux et celles qui ont foi en lui, ceux que Dieu a choisis (v. 33), sont justifiés et sauvés. Peu importent les obstacles rencontrés, peu importent les accusations dont ils peuvent faire l'objet, ils sont sûrs de trouver auprès de Dieu un intercesseur : Jésus ressuscité (v. 34). Le sacrifice du Fils de Dieu est donc un événement qui concerne toute l'humanité; bien plus c'est l'événement par excellence de l'histoire, celui par lequel s'accomplit le projet d'amour de Dieu pour sa création.

Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le (Mc 9,7)
     La déclaration de la voix céleste n'a pas d'équivalent exact dans l'Ancien Testament; elle fait cependant écho à plusieurs passages qui aident à saisir sa signification. Le titre de Fils bien-aimé renvoie à Isaac qui est désigné ainsi en Gn 22, 2.12.16 (cf. la première lecture). Le même mot est employé en Jérémie 31 (38),20 pour parler d'Israël (au sens de l'ancien royaume du Nord) : Éphraïm est-il pour moi un fils si cher, un enfant tellement préféré, que chaque fois que j'en parle, je veuille encore me souvenir de lui? C'est pour cela que mes entrailles s'émeuvent pour lui, que pour lui déborde ma tendresse, oracle de Yahvé.

     Jésus, nouvel Isaac, est l'héritier de la promesse de Dieu, offert en sacrifice par son Père. Il est aussi le petit reste, celui qui concentre en sa personne tout le peuple élu, objet de l'amour indéfectible de Dieu.

     Écoutez-le peut faire allusion à plusieurs textes (par exemple : Dt 4,1; 5,1; 6,4; 9,1 etc…). Deux passages paraissent particulièrement évocateurs : Ex 23, 20-21 et Dt 18, 15. Le premier appartient à la conclusion du Code de l'Alliance : Voici que je vais envoyer mon ange devant toi pour qu'il veille sur toi(…) révèle-le et écoute sa voix (…) car mon Nom est en lui. Jésus est l'envoyé de Dieu, celui en qui habite le Nom divin, chargé de conduire le nouveau peuple de Dieu vers la nouvelle Terre Promise du Royaume. Le deuxième texte occupait une place importante dans l'espérance de certains groupes à l'intérieur du monde juif et aussi des Samaritains: Yahvé ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi que vous écouterez. Ce discours est attribué à Moïse. Jésus apparaît sous les traits d'un nouveau Moïse, prophète et législateur de la Loi nouvelle. Moïse et Élie viennent légitimer cette reconnaissance de Jésus comme le guide par excellence, celui qu'on doit écouter pour connaître la volonté de Dieu.

Ses vêtements devinrent resplendissants… (Mc 9, 3)
     On croirait presque lire une publicité pour une marque de lessive! L'élément visuel est le plus important dans la description de l'expérience vécue par les apôtres. Jésus est transformé - on ne dit pas comment - et ses vêtements deviennent d'une blancheur qui dépasse la réalité. Dans la tradition biblique, les vêtements blancs sont le signe de l'appartenance au monde divin; par exemple, dans le livre de Daniel, l'Ancien des jours porte des vêtements blancs comme la neige (Dn 7,9 - version grecque de Théodotion). Dans le Nouveau Testament, les vêtements blancs servent souvent à identifier les personnages célestes (voir, par exemple, Mt, 28, 3; Mc 16, 5; Jn 20,12; Ac 1,10 etc…). Dans le présent récit, il s'agit d'un indice important pour comprendre le sens de la scène. Jésus vient tout juste d'annoncer que certains parmi les disciples verront le Royaume de Dieu venant avec puissance (Mc 9, 1). Sur la montagne, il se montre dans sa Gloire, anticipant déjà sa résurrection. Les disciples sont autorisés à jeter un coup d'œil sur ce que sera le monde nouveau, entièrement transformé par la puissance de Dieu. On comprend la réaction de Pierre qui voudrait que cet instant se prolonge toujours (v. 5).

Jérôme Longtin, ptre
Diocèse Saint-Jean-Longueuil

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2048. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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