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3e dimanche ordinaire B - 22 janvier 2006
 

Se tourner sans cesse vers Jésus

Première prédication de Jésus Marc 1, 14-20
Autres lectures : Jonas 3, 1-5.10; Psaume 24(25) ; 1 Corinthiens 7, 29-31


L'évangile de ce jour comporte deux parties : d'abord, l'invitation à la convertion adressée par Jésus à tous les hommes et ensuite l'appel des premiers apôtres.

L'évangile pour gens ordinaires
     Alors que l'entrée en scène de Jean s'était faite dans un dessein qui englobait tout le pays de Judée, celle de Jésus touche un territoire plus petit. Il vise tout d'abord la Galilée. Bien que Jésus ait une parole à portée universelle, il veut d'abord changer la vie de ceux qu'il connaît le mieux, les hommes et les femmes de Galilée au milieu desquels il grandi.

     Le mot-clé que Jésus répand comme une semence, c'est celui de Royaume, le Royaume de Dieu. Voilà une expression qui a intrigué ses auditeurs, comme elle le fait encore aujourd'hui. Pour nous du 3e millénaire, les mots de Jésus sont éclairés par le reste de l'histoire. Nous disposons d'une réflexion sur les paraboles qui nous permet d'en connaître le sens mystérieux. La Bible, et surtout les Psaumes, parle constamment de Dieu comme d'Un roi grand par-dessus tous les dieux (Ps 95, 3). Avec une connaissance des chroniques de la communauté chrétienne, on assume que le Règne de Dieu s'exerce avant tout par sa parole. S'il est vrai que Dieu a pu exercer son pouvoir par l'intermédiaire de grands empires chrétiens, il n'en demeure pas moins que là où il veut régner, c'est à l'intime du cœur humain, le lieu où s'opère la conversion.

    L'évangéliste a rendu par metanoia le mot hébreu shouv qui veut dire « retour » et désigne la conversion. Le retour de Babylone avait été un moment fort de soumission à Dieu et de relecture des prophètes. Le mot metanoia suggère d'y considérer l'aspect de mutation intérieure qui s'opère dans l'esprit d'un être humain. Toute la révélation biblique tend vers cet objectif, un revirement de l'être humain, un détournement du péché au profit de la foi en Dieu, le Seigneur qui mène son destin.

    La prédication de Jonas à Ninive qui constitue la première lecture, sert à rappeler que l'appel à la conversion concerne même les pires parmi nous. Les Ninivites étaient vus, dans l'Antiquité, comme les archétypes de la cruauté impitoyable. Si eux, ces païens intraitables qui accumulaient des piles de têtes coupées, ont fait l'objet de la miséricorde, autant Dieu en fera-t-il pour nous. Le pape Jean-Paul II écrivait dans son Encyclique Dives in misericordia (no 13) : « La connaissance authentique du Dieu de la miséricorde, Dieu de l'amour bienveillant, est une force de conversion constante et inépuisable, non seulement comme acte intérieur d'un instant, mais aussi comme disposition permanente, comme état d'âme. Ceux qui arrivent à connaître Dieu ainsi, ceux qui le voient ainsi, ne peuvent pas vivre autrement qu'en se convertissant à lui continuellement ».

    L'agent incontournable de la miséricorde de Dieu, c'est le Christ. Dans la péricope de ce jour, il occupe nettement la première place. Il part pour la Galilée. Il proclame la Bonne Nouvelle. Il voit Simon et André et il dit : Venez derrière moi. Puis il appelle les deux frères Jacques et Jean qui se mettent à sa suite.

Jésus au centre d'un projet de vie
    La lecture des vies de saints ne permet pas de rejeter la vraisemblance de l'appel de Jésus lancé aux pêcheurs de Galilée. Ils ont répondu avec promptitude, touchés par l'interpellation : Je ferai de vous des pêcheurs d'hommes. Des personnalités qui captivent les autres par la voix, l'assurance, le regard, ces personnalités existent. On dit d'elles que ce sont des personnalités charismatiques. Jésus appartient carrément à ce genre de personnes et la brièveté littéraire du récit de vocation n'est certainement pas qu'une technique littéraire. Dès l'Antiquité, ce récit a fait difficulté car il apparaît imprudent de suivre quelqu'un dont on ne sait à peu près rien. Il faut cependant maintenir l'authenticité de cette histoire de vocation à cause de ce que nous savons de la vraie nature de Jésus et de la cohérence de la scène.

    L'appel des quatre premiers apôtres est harmonieux par la division en deux tableaux. Le premier nomme d'abord Simon qui portera plus tard le surnom de Pierre. Il a avec lui son frère André. Le dernier apôtre nommé dans l'évangile de Marc sera le même Pierre, cette fois dans le contexte des apparitions du Ressuscité. C'est sûrement en vue de cet ultime rôle qu'il est maintenant appelé. Il devra tout abandonner, même l'humble métier qui lui procurait la subsistance. Il demeurera fidèle au renoncement qu'il a assumé, suite à la parole de Jésus. Plus loin, Jésus fera une promesse de récompense à Pierre. Au ch. 10 de l'évangile, l'apôtre dit : Voici que nous, nous avons tout laissé et nous t'avons suivi. Jésus déclara : En vérité, je vous le dis, nul n'aura laissé maison, frères, sœurs, mère, père ou champs à cause de moi et à cause de l'Évangile, qui ne reçoive le centuple dès maintenant, au temps présent, en maisons, frères, soeurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions, et dans le monde à venir, la vie éternelle (Marc 10, 28-30).

    La deuxième paire d'apôtres est faite elle aussi de deux frères, Jacques et Jean. Dans leur cas, le choix d'une vie pauvre est encore plus explicite car ils laissent dans la barque leur père avec ses ouvriers (v. 20). C'est une vie dépouillée qui sera la leur. Jésus est celui qui déclare : Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids : le Fils de l'homme, lui, n'a pas où reposer la tête (Luc 9, 58). Délaisser leur famille en la personne de leur père est aussi une rupture brutale surtout dans le contexte juif de familles très unies. Qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi (cf. Lc 14, 26).

Un message pour le disciple de tous les temps
    Bien des communautés religieuses proposent un programme de renoncement absolu. Les sœurs de Mère Thérésa, par exemple. Ce sont toutefois tous les chrétiens disciples de Jésus qui sont pressés par le modèle de ces quatre hommes au dépouillement. Il faut adapter cette renonciation au confort d'une vie douillette, loin des pauvres et des malades, à la situation sociale de chacun. Le monde a désespérément besoin d'héroïsme à la suite de Jésus et par amour pour lui.

    Saint Paul fait écho à ces gestes de Jésus qui bouleversent la vie. Que ceux qui ont une femme soient comme s'ils n'avaient pas de femme...ceux qui font des achats comme s'ils ne possédaient rien (1 Corinthiens 7, 29-30). Le goût du risque de la pauvreté et du manque d'épanouissement personnel font partie de l'existence selon l'évangile.

Pierre Bougie, PSS, bibliste
Grand Séminaire de Montréal

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2041. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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