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Dimanche du St-Sacrement du Corps et du Sang du Christ B - 18 juin 2006

 

Une vie

Les préparatifs du repas pascal Marc 14, 12-16.22-26
Autres lectures : Exode 24, 3-8; Psaume 115 (116); Hébreux 9, 11-15


Nous célébrons aujourd'hui le mystère du salut chrétien, mystère concentré dans le don tout entier que Jésus fait de sa vie.

Vie et survie
     Notre vie est palpable dans la chaleur de notre corps, dans la régularité de notre souffle, dans la constance de notre pouls. Notre vie est assurée par le précieux sang qui circule dans nos veines, sang qu'il nous faut nourrir, oxygéner et purifier. Nous sommes des êtres de chair et notre vie, toute fragile, dépend de notre sécurité physique.

     Comme chez tous les êtres vivants de ce monde, beaucoup de nos énergies sont dépensées à assurer notre survie et celle de notre progéniture, en réponse à la bénédiction divine : Soyez féconds, multipliez-vous (Genèse 1,22.28). Dieu aime la vie et Il souhaite la propager. Notre instinct de survie a été voulu et béni par notre Créateur.

     Cependant, le mal a aussi fait irruption dans notre monde. Une vie entre en compétition contre une autre et cela devient parfois une course sauvage visant à détruire l'autre pour s'assurer soi-même un lendemain. L'égoïsme des forts anéantit l'espérance des plus faibles et la loi de la compétition l'emporte sur la grâce de la coopération. Avec la profusion de la violence et la logique aveugle du «rien- que-pour-soi», la vie court le risque de se saborder elle-même sur notre petite planète.

Une vie partagée par amour
     C'est sur ce fond de scène dramatique que prend toute sa véritable dimension le geste radical de Jésus. Au lieu de prendre soin exclusivement de sa propre vie, Jésus s'est dédié à aider celle de tous les autres autour de lui, surtout celle des plus mal pris. Et il a invité ses disciples à faire de même, à répandre la grâce de la coopération en lieu et place de l'impitoyable loi de la compétition. Exhortant les siens à bien plus que s'abstenir de faire du tort à autrui, Jésus a donné l'exemple d'une vie tournée vers les autres et soucieuse du bonheur des petits. En fait, Jésus de Nazareth est allé jusqu'à verser son propre sang pour tous ceux et celles qu'il aimait d'un cœur sincère. Jésus a littéralement donné sa vie pour nous.

     Ce geste déraisonnable et scandaleux du sacrifice total d'un humain en faveur de ses semblables n'a d'autre source que l'amour divin, qui dépasse toutes nos mesquineries. Le cœur de Jésus était rempli d'un amour responsable, mature et audacieux, sans compromis. Il a donc tout donné sans rien espérer en retour, jusqu'à la dernière goutte de son sang.

Le don de l'espérance
     Le plus merveilleux, pourtant, demeure le don qui a accompagné cette effusion de sang : le don de l'espérance. Le geste de Jésus n'en est pas un de désespoir, de résignation, ou de dépit pour la vie. Jésus était persuadé que son sacrifice était porteur de vie en abondance. Il croyait, paradoxalement, que la mort qu'il assumait avec courage et détermination allait engendrer la vie. C'est ainsi qu'il comprenait le mystérieux dessein de Dieu pour sauver l'humanité de cette folie égoïste, abusive et meurtrière. Il fallait – et il faut toujours! – arrêter le cercle infernal de la violence par un don gratuit, par une offrande pure et sans compromis, sans intérêt immédiat. Voilà la conviction qui l'animait, même aux heures les plus sombres, angoissantes et difficiles de sa trop courte vie. C'est pourquoi, peu avant de mourir, il affirmait toujours son espérance en la victoire du Roi des Cieux : ...jusqu'à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le royaume de Dieu (Marc 14,25).

Partager sa vie en communion avec le Christ
     Jésus n'a pas seulement donné l'exemple, il n'a pas seulement consenti au sacrifice ultime, il ne nous a pas seulement légué le témoignage de son indéracinable espérance. Jésus nous a aussi invités à participer à son noble geste et à y voir le signe engageant de l'Alliance du Dieu de la vie avec les humains. Prendre le pain brisé de son corps, boire à même la coupe de son sang, c'est nous nourrir de son espérance inébranlable, c'est faire nôtres ses propres choix de vie en faveur des «perdants» de ce monde, c'est prendre les forces nécessaires pour poser les gestes de don de soi à notre portée et dénouer ainsi l'impasse du péché. Traversée par la mort et l'effusion de sang du Seigneur, l'Eucharistie est finalement porteuse de vie, bien au-delà de nos attentes. Prenons donc place à table, faisons sur nous le signe de la croix, et participons au projet de Dieu en acceptant les termes de son Alliance, par une bouchée de pain et une gorgée de vin. Ayant ainsi revêtu le Christ, sortons poser de bon cœur les gestes dignes de son Nom.

Le repas de l'alliance
Exode 24, 3-8

Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit : « Voici le sang de l'alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous ».

     Le passage du livre de l'Exode (première lecture) rappelle la conclusion de l'Alliance entre Dieu et son peuple Israël. Le récit éclaire notre compréhension du sacrifice juif comme étant un repas solennel, partagé avec Dieu pour sceller un pacte sacré. Le repas est célébré à la lecture des commandements divins et les fils d'Israël font ce serment : Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique (Exode 24,3). Le sang des animaux immolés pour être servis à table est aspergé rituellement sur les convives et sur l'autel, signifiant par là le lien désormais inviolable et sacré entre Israël et Yahvé. La Pâque de Jésus est une reprise approfondie de ce geste. En présentant son sang comme étant le sang de l'Alliance, Jésus non seulement adhère de tout son être à la volonté de Dieu exprimée dans l'héritage d'Israël, mais il souligne le don radical de soi qui est nécessaire pour que l'Alliance avec Dieu devienne efficace.

Le sacrifice du Christ
Hébreux 9, 11-15

...Le sang du Christ, lui, fait bien davantage : poussé par l'Esprit éternel, Jésus s'est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tache; et son sang purifiera notre conscience des actes qui mènent à la mort pour que nous puissions célébrer le culte du Dieu vivant.

     Cet extrait de la Lettre aux Hébreux développe une interprétation spirituelle du sacrifice du Christ sur la croix, en se basant sur la tradition rituelle d'Israël. Jésus est présenté à la fois comme temple, comme grand prêtre et comme victime du sacrifice parfait et définitif qui scelle désormais la Nouvelle Alliance de Dieu avec l'humanité.

Source: Le Feuillet biblique, no 2062. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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