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Ascension du Seigneur - 20 mai 2007

 

Croire et nous laisser transformer

Dernières instructions de Jésus : Luc 24, 46-53
Autres lectures : Actes 1, 1-11 ; Psaume 46(47) ; Hebreux 9, 24-28; 10, 19-23

Depuis Pâques la liturgie nous a présenté en première lecture des extraits des Actes des Apôtres qui mettent en évidence le plan de Dieu pour l’humanité : faire advenir le salut partout et pour tous. Luc y décrit d’une manière magistrale les tout premiers pas d’une Église naissante. Une Église qui a pour mission de prolonger l’action salvifique du Seigneur. Même à Pâques, nous avons entendu le témoignage touchant de Pierre devant Corneille, ce centurion païen qui s’était converti au Christ avec toute sa famille. Ensuite, on nous a présenté également une autre Église, celle de Jérusalem où des croyants de plus en plus nombreux s’adjoignaient au Seigneur (Actes 5, 14). Tous ces textes élaborent le portrait d’une Église en cheminement.

Un message de réconfort

  Dans l’évangile d’aujourd’hui et dans la première lecture, un même événement nous est rapporté : celui de la montée au ciel du Seigneur, mais sous deux angles différents bien que du même auteur. Si dans les textes bibliques des dimanches précédents, l’accent a été mis sur les commencements de l’Église, ici toute l’attention est centrée sur la personne même du Seigneur Jésus, comme si on voulait nous réconforter après l’humiliante passion et la non moins humiliante mort de ce dernier. On remarquera l’insistance à nous rappeler que non seulement Jésus, notre Seigneur et Maître, est vraiment ressuscité, mais qu’il est pour toujours glorifié auprès du Père. Ce que l’on retient des événements survenus à Jérusalem, ce ne sont pas les conversions mais l’annonce que cette ville mythique sera le lieu de l’attente et de la réalisation de la promesse : Je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville (Luc 24, 49). Et c’est à Béthanie, par-delà le Cédron, que Jésus se séparera de ses disciples pour accomplir son passage vers le ciel (Lc 24, 50). Désormais Jésus assurera autrement sa présence.

Un message du Père

  L’Ascension, si l’on peut dire, c’est le mystère de Pâques lu avec les yeux du Père. Il veut nous dire que la vie nouvelle, manifestée en Jésus son Fils, vient désormais d’un autre et d’ailleurs. Jésus dans le mystère de son Ascension nous enseigne qu’en Lui réside la plénitude de l’Esprit et que cet Esprit lui vient du Père. Plénitude qui envahit toute sa personne à un point tel que tout son être devient tension vers Dieu. Il s’agit là d’un mystère trinitaire, d’un mystère d’amour. C’est le message que saint Jean voulait nous livrer lorsqu’il écrivait : Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin (Jn 13, 1).

La nécessité de connaître

  Pour être en mesure de témoigner de quelqu’un, il faut connaître de l’intérieur la personne qui fait l’objet de notre témoignage. Pour ce faire il faut, soit avoir partagé sa vie au quotidien ou du moins avoir été présents lors des moments importants de son existence. À propos du témoignage qu’il rend au Père, Jésus dira à Nicodème : Nous parlons de ce que nous savons et nous attestons ce que nous avons vu (Jean 3, 11). Par contre, lorsqu’il s’agit d’un incident, il faut au moins être au courant des circonstances extérieures et contextuelles. Sans cette double connaissance notre témoignage risque de n’être pas crédible. Ainsi Jésus, établi dans le sein du Père, est le seul qui est en mesure de nous parler de ce Père miséricordieux dont il est venu nous apprendre la bonté. Notre témoignage n’échappe pas non plus à cette règle. Comme Jésus a été envoyé par son Père pour en être le témoin, à notre tour nous sommes envoyés par Jésus pour transmettre son message au monde.

Une éternelle question

  Comment être témoins de Jésus aujourd’hui? Si la question n’est pas nouvelle, il n’en reste pas moins qu’elle est encore et toujours d’une pertinence indéniable. Que nous dit l’évangile à ce propos sinon que c’est avec la force et les lumières de l’Esprit que nous pouvons remplir notre mission de témoins de Jésus Christ (Ac 1, 4-5). Jésus lui-même l’affirme à ses apôtres : Vous serez revêtus d’une force venue d’en haut. La foi nous apprend qu’à leur suite, nous serons aussi « revêtus », c’est-à-dire enveloppés de cette force qui nous rendra capables de proclamer notre foi.

Les mêmes privilèges

  Que de fois n’avons-nous pas entendu cette inlassable plainte : « Témoigner de Jésus sans l’avoir vu est bien plus difficile que si nous avions été avec Lui ». Je ne conteste pas cet argument. Les apôtres, conscients de ce privilège, n’hésitent pas d’ailleurs à s’y référer explicitement : Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous en rendons témoignage (1 Jean 1,1). Malgré ces paroles, nous ne sommes pas exclus de ce groupe de privilégiés que sont les apôtres. Car une autre manière de connaître Jésus, bien que mystérieuse mais non moins réelle, nous est donnée par la foi. Ce même saint Jean dira, un peu plus loin dans sa lettre : Celui qui croit porte en lui le témoignage de Dieu (1 Jean 5, 10). Et ajoutons, pour nous consoler, que beaucoup de contemporains des apôtres, qui ont pourtant vu et entendu sont restés dans les ténèbres de l’incroyance. Ce qui montre le privilège de la proximité matérielle n’est pas à lui seul garant de la foi ni essentiel au témoignage.

Les racines de notre témoignage

  C’est donc grâce au témoignage de Dieu en nous, par une grâce ineffable, que prend racine notre vie de témoin. Jésus lui-même nous consacre prophète. Cette consécration nous rend aptes à interpréter ses enseignements pour le plus grand bien des personnes qui croiseront nos routes tout au long de notre pèlerinage terrestre. Ces interprétations ne seront jamais uniquement le fruit de nos efforts, de nos techniques et même de nos ingénieuses initiatives. Elles seront en particulier le résultat de l’œuvre divine de l’Esprit agissant en nous, jumelée, bien sûr, à notre agir humain : Le Père, promet Jésus, vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais (Jn 14, 16). Jésus nous assure par le fait même de sa présence agissante : Je ne vous laisserai pas orphelins (Jn 14, 18). Cette promesse rassurante, Jésus la faisait aux siens alors qu’ils étaient atterrés par son départ.

Le témoignage intérieur

  Il existe enfin, selon l’expression à la mode, une façon incontournable de témoigner : c’est la rencontre toute discrète avec l’Hôte intérieur de nos âmes pour y chercher la force. Habiter avec lui, en Lui et par Lui nous le rend familier. C’est par la prière que nous pouvons avoir accès à notre demeure intime, là où l’Esprit nous balbutie ses secrets en des gémissements ineffables (Romains 8, 28). C’est alors que, soit en pleine action, soit dans l’impossibilité d’être « au front » à cause de la maladie ou d’autres causes, toute notre vie sera à elle seule une prophétie de Jésus et du monde à venir. Il suffit de croire en sa puissance et de nous laisser transformer en témoins humbles et fidèles.

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2101. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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