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4e dimanche de l'Avent C - 24 décembre 2006

 

Passeport pour la fête

Marie rend visite à Élisabeth : Luc 1, 39-45
Autres lectures : Michée 5, 1-4; Psaume 79(80) ; Hébreux 10, 5-10

Pendant que les foules se battent dans les centres d'achat pour les derniers préparatifs avant Noël, nous n'allons pas nous priver du trésor de ce « dimanche de trop ». La tentation est grande de le négliger, parce qu'il est coincé entre les préparatifs ultimes et le début de la fête.

L'essentiel, à quelques heures de la fête

     Le parcours biblique offert à la contemplation est unique dans l'année. En effet, selon la structure appliquée à chaque saison d'Avent, le dernier dimanche offre un prélude à la fête de la Nativité. Les lectures bibliques sont choisies en fonction de cette visée très précise.

     Cette année, la célébration du quatrième dimanche précède de quelques heures la fête elle-même. À cause de ce contexte de proclamation, les textes bibliques proposés mettent en évidence cette fonction particulière du quatrième dimanche avec une force unique. Pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour s'offrir un premier cadeau de Noël? Ce ressourcement personnel facilitera l'entrée de plein pied dans la joie du Mystère.

     Il est aujourd'hui question d'espérance mais surtout de certitudes. Les ingrédients de la fête, déjà présents, disent l'essentiel avec des images fortes et des thèmes positifs : la ville, la vigne qui symbolise le peuple de Dieu, le bonheur, mais surtout le corps.

     On déploie le dynamique contraste entre la petitesse du signe donné par Dieu et de la grandeur du peuple à sauver dans la première lecture. Dans la deuxième lecture, on affirme la valeur du sacrifice de Jésus pour amorcer notre propre entrée en sainteté. Et l'on sourit de la reconnaissance bruyante de la foi de Marie par un prophète encore à naître, Jean-Baptiste porté par sa mère vieillie mais clairvoyante.

     Il n'y a rien de banal dans ces pages de la Bible! Heureux sommes-nous d'être déjà instruits de leurs splendeurs spirituelles, au cœur de ce moment de calme et de recueillement que nous nous accordons. Nous serons mieux équipés pour décoder et accueillir les multiples messages de la fête, dans quelques heures...

La tournée des étalages

    À la manière des clients qui se laissent séduire par les étalages de marchandise d'un commerce, nous nous attardons à quelques détails particulièrement significatifs des pages de la Bible proposées aujourd'hui.

Michée 5, 1-4a

     Les origines modestes d'un futur roi, descendant de David, mettent en valeur son rôle décisif : il sera lui-même l'accomplissement, la paix comme on écrit en hébreu. Le seul éclat de Bethléem lui était conféré par les origines de la famille royale de Judée. Le grand éclat du roi à venir viendra plutôt de son rôle: il sera un berger à la manière de Dieu, selon le bon vouloir de Dieu. Ainsi, la petitesse d'une localité sans grande importance annonce le contraire sur un ton optimiste. Le prophète pressent l'immensité de l'action divine rendue possible par un individu qui plonge ses racines lointaines en ce lieu presque anodin.

Hébreux 10, 5-10

    En quelques lignes, voici un résumé du rôle de salut joué par Jésus. Tissé des mots d'un psaume, ce court texte établit la supériorité de Jésus sur le système complexe des sacrifices du Premier Testament. Sacrifices, offrandes de céréales, holocaustes de taureaux et offrandes pour le péché mis en vedette dans le Lévitique sont désormais éclipsés par le don du corps consenti par Jésus, le choisi de Dieu. Selon la manière sémitique, le contraste établi entre les deux époques n'invalide pas la première. Le contraste marque la préséance accordée désormais à la nouveauté introduite par le Christ.

Luc 1, 39-45

    Dès le début de l'Évangile selon Luc, les personnages de Jean-Baptiste et Jésus ont été présentés en panneaux parallèles. Ici, les deux récits convergent.

    Les lignes qui en résultent foisonnent de souvenirs bibliques. Élisabeth représente le peuple de Dieu croyant. Marie est bénie parce qu'elle a cru la Parole de Dieu, comme jadis Abraham (Genèse 12, 2-3). La déclaration d'Élisabeth rappelle l'admiration vouée à la guerrière Judith (Judith 13, 18). Et les mouvements du foetus d'Élisabeth évoquent les combats des jumeaux de Rébécca (Genèse 25, 22), alors que le corps de Marie devient la nouvelle arche d'alliance, signe de la présence de Dieu.

     Ces propos de bénédiction révèlent l'intervention salvifique de Dieu: son agir est mystérieux mais suprêmement efficace. Comme David devant l'arche d'alliance (2 Samuel 6, 9), Élisabeth est stupéfaite: la voici témoin du dévoilement de l'amour de Dieu pour l'humanité.

Le temps des Fêtes, une source pour la vie de foi

    La thématique biblique du quatrième dimanche invite à regarder d'un autre œil les agendas chargés, les brillantes réceptions et les interminables veillées qui nous attendent. Et si nous avions tort de bouder notre plaisir? Et si les joyeuses bousculades des grandes célébrations des prochaines heures nous disaient quelque chose de bon, quelque chose de désaltérant : la splendeur du don de Dieu, l'exubérance bien concrète de sa générosité? Et si le corps-à-corps des foules qui remplissent les magasins avant de se transporter dans les églises anticipaient une grande rencontre, celle où Dieu prend corps pour vivre un authentique contact avec les êtres de chair et de sang que nous sommes?

     Nous venons de vivre la première étape requise pour puiser aux bonnes eaux de cette source ouverte chaque année : le Temps des Fêtes. Nous nous sommes laissés impressionner par la stratégie de Dieu révélée par la Bible. Il prend un corps pour s'insérer dans l'aventure humaine en respectant la fragile genèse individuelle. Ainsi, contempler en ce jour la matérialité du corps de l'enfant-Dieu à naître rappelle la nouveauté absolue de la proximité de Dieu et de l'humanité. Cette contemplation ouvre à la fête de la nouveauté définitive. Elle scelle la relation complète offerte par Dieu dans la relation avec le Fils entrevu, déjà célébré aujourd'hui. Non, ce dimanche n'est pas de trop!

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2080. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Jean Baptiste et le baptême de conversion