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24e dimanche ordinaire C - 16 septembre 2007

 

Révélation divine

La brebis égarée : Luc 15, 1-32
Autres lectures : Exode 32, 7-11.13-14; Psaume 50(51); 1 Timothée 1, 12-17

Trois paraboles se succèdent. Si les deux premières se ressemblent et dévoilent une proximité avec notre expérience quotidienne, la troisième se distingue et exprime le salut que Dieu offre aux humains chancelants et fragiles que nous sommes. Elle nous fait mieux saisir aussi que Jésus, partageant notre condition, se tient de façon unique parmi les femmes et les hommes de tous les temps : en offrant sa compassion et son pardon, Il dévoile le visage aimant du Père miséricordieux.

     Dès le début du récit, Luc met en présence deux groupes : les Pharisiens et les scribes, d’un côté, et de l’autre, les Publicains et les pécheurs. Ces derniers viennent écouter Jésus, les autres, amers et fidèles observateurs de la Loi, se scandalisent, récriminent contre Jésus et s’arrogent le devant de la scène : Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux! (15, 2).

     Jésus, oui, évoque son Père en proposant trois récits, adressés aux Pharisiens et à tous ceux qui pensent comme eux. Les deux premières paraboles racontent à travers les visages du berger et de la ménagère l’initiative de Dieu; la troisième accentue la rencontre du pécheur et de Dieu qui pardonne.

Chez le cadet et l’aîné…
une ressemblance frappante

     Le cadet! Il a demandé son héritage et il est parti avec désinvolture. La déchéance est vite apparue, puisqu’il est réduit « à se coller » chez un paysan qui lui fait garder les porcs. Il en vient à souhaiter manger les gousses que mangent les porcs (v. 15). Quel est donc le sentiment de ce jeune adulte? Retrouver l’abondance? Revenir chez son père comme salarié (mot repris trois fois)? De quoi est-il si loin? À quelle naissance est-il appelé?

     L’aîné! Il reste avec le père dans une soumission servile; il n’a transgressé aucun ordre, mais son obéissance semble l’avoir conduit à une forme d’aliénation : Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis (v. 29). Envers son frère, il se montre jaloux. Se serait-il enfermé dans le monde de l’envie, où l’on garde tout pour soi (v. 30)? Ne regarderait-il pas le cadet comme un rival, le jaugeant de haut, comme les Pharisiens le font à l’égard de Jésus? Ce fils, homme de devoir sans faille, ne considère-t-il pas son père comme un maître? un maître duquel toutefois il aimerait obtenir des faveurs paternelles? A-t-il pensé une seule fois que le bien de son père pouvait être le sien? que son p`re pouvait donner sans calcul et sans arrière-pensée?

     Le cadet et l’aîné se ressemblent. Ni l’un ni l’autre n’a accédé à une pleine humanité. Aussi sont-ils appelés à un même cheminement, à un même retournement-conversion : devenir des fils aimants, qui accueillent l'amour gratuit de leur père et qui expriment leur reconnaissance avec une joie débordante.

Les silences du récit

     À son retour, alors que le cadet sanctionne sa conduite et en tire les conséquences, le père interrompt son fils; il n’a pas envie de recevoir des explications et n’a pas le goût de lui donner des leçons, car, depuis belle lurette, il a entendu ce que son enfant ne sait pas de son identité. Ce dernier, jadis, a dit : Donnez-moi la part de bien qui me revient (v. 12). Cette part, saura-t-il la voir dans la fête que les serviteurs vont préparer? Saisira-t-il un jour que son père, tout aimant, ne peut qu’aimer sans condition? Accédera-t-il à la joie que connaît la femme qui retrouve la pièce d’argent perdue? cette joie qui envahit Zachée après sa rencontre avec Jésus (19, 6)? Le Réjouissez-vous (vv. 6.9), bien en évidence dans les courtes paraboles du récit, n’apparaît pas ici, comme si la joie ne peut éclater et rayonner que lorsque des relations profondes et vraies existent.

Comme il était encore loin, son père l’aperçut…

     Le cadet n’est pas considéré comme un frère par l’aîné; par ailleurs, les deux frères voient leur père comme un maître, — synonyme ici de loi et de domination, et non de vie et de liberté. C’et dire à quel point les deux vivent dans la solitude et le vide… jusqu’à l’heure où leur cœur effectuera un retournement et se libérera d’une impuissance mortelle.

     Pour sa part, le père accueille le fils revenu et le fait entrer dans la maison; alors, il éclate de joie et entre dans la fête (v. 20), car mon fils que voilà était mort, il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé (v. 24). Cette joie offerte au cadet — et à l’aîné aussi — peut provoquer l’individu et accélérer une prise de conscience de son identité, celle de fils.

Dieu, Père compatissant et miséricordieux

     Le père prodigue symbolise le Dieu de l’Alliance. Que de fausses représentations de Dieu, perfides et aliénantes, ont circulé dans le passé! Que d’images fausses et perverties sèment encore aujourd’hui la confusion dans les esprits! Il y a 2000 ans, Jésus a manifesté le visage aimant du Père. Sur les routes de Palestine, Il a affronté les Pharisiens récriminateurs à l’esprit étroit et au cœur endurci; Il est allé à la rencontre des gens méprisés et Il les a redressés. Jésus a livré sa vie jusqu’au bout pour ceux et celles qui étaient perdus, Il les a rendus à la confiance et à la vie.

Le pardon divin
Exode 32, 7-11.13-14

    L’extrait choisi est en parfaite harmonie avec les paraboles évangéliques.

     Sous une présentation anthropomorphique de la colère de Dieu, dans ce dialogue concret entre Dieu et Moïse, transparaît le combat qui se déroule dans la conscience du peuple hébreu, entre l'infidélité qui pousse les croyants à adorer des idoles et la promesse de postérité et de salut faite par le Dieu fidèle (v. 13).

    Quant à Moïse, il est la figure de l’intercesseur, annonçant le Christ, médiateur par excellence.

Pardonné par le Christ
1 Timothée 1, 12-17

    Paul, pharisien, théologien de haut niveau, se présente à son disciple Timothée, comme le pécheur réconcilié par la grâce de Dieu. Il est l’apôtre qui a goûté au pardon bienveillant de Dieu, à sa tendresse qui surpasse tout ce que l’esprit peut envisager. L’envoyé est un sauvé avant d’être un héraut qui annonce une parole sûre (vv. 14-16).

    En ce dimanche, les trois lectures orientent notre prière vers le visage de Dieu, le Père, à la tendresse infinie. Puisse la miséricorde de Dieu faciliter notre cheminement vers notre identité de fils et fille de Dieu, la conforter, et ainsi ouvrir sans cesse notre vie à la confiance et à l’amour afin d’entrer joyeusement, et de bonne grâce, dans la fête.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2109. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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