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Célébrer la Parole

 

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Dimanche des Rameaux C - 1er avril 2007

 

Parole et silence

L'entrée triomphale à Jérusalem : Luc 19, 28-40
Autres lectures : Isaïe 50, 4-7 ; Psaume 21(22) ; Philippiens 2, 6-11

Le pouvoir de la parole est grand. Un bras fort peut imposer la soumission, ou sauver d’un péril. Mais une parole cruelle peut briser l’esprit de quelqu’un; puis une parole de réconfort bien placée peut guérir l’esprit abattu. La parole crée des liens, les dissout et les recrée à nouveau. Elle fait, défait et refait l’histoire. Il en va ainsi de la Passion du Christ.

Paroles équivoques

 À son arrivée à Jérusalem, Jésus reçoit une acclamation triomphale par la foule qui l’accompagne. D’ardents disciples crient fort qu’il est leur Roi. Cette parole joyeuse ajoute aux honneurs humains avec lesquels le Nazaréen est reçu : Rameaux et vêtements placés sur son passage à dos d’âne! (19,35-38).

  Au cours du dernier repas en commun, Pierre dit à Jésus qu’il ne l’abandonnera pas, même s’il lui fallait aller en prison et mourir (22,33). Le soir même, Pierre brise cette promesse en reniant par trois fois son maître (22,54-62). C’est par la parole aussi que Judas, l’un des Douze, livre Jésus aux chefs des prêtres et aux anciens du peuple.

Paroles accusatrices

  Des insultes et de la raillerie accompagnent les mauvais traitements infligés à Jésus pendant sa détention. Le ton a changé. Le mot «prophète» ne comporte plus aucune reconnaissance dans la bouche des gardes qui lui crient : Fais le prophète! Qui est-ce qui t’a frappé? (22,64). De même, les titres de «Messie» et de « Fils de Dieu » servent d’accusation de blasphème et de motif d’inculpation lors du procès devant le Grand Conseil des anciens (22,66-71). À la comparution devant Pilate, « Messie » et « Roi » ne seront plus synonymes de blasphème, mais bien synonymes de sédition contre l’autorité de l’empereur romain (23,1-5). Nous sommes loin de la joie de la foule, rameaux en main…!

Paroles de salut

  C’est par les cris Mort à cet homme! (23,18) et Crucifie-le! (23,21) que le sort de Jésus, même innocent, est fixé. Les pleurs des femmes sur la route menant au Calvaire n’y fait rien : Jésus est mis en croix entre deux malfaiteurs. L’un d’eux se joint à la dérision du roi crucifié par la foule. L’autre implore sa miséricorde. C’est ici que la parole révèle sa puissance salutaire. Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font (23,34) et Amen, je te le déclare, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis (23,43) sont deux paroles de Jésus qui, du haut de la croix, changeront le cours de l’histoire.

Silence

  Si le pouvoir de la parole est grand, tout autant l’est celui du silence. En particulier, pendant toute cette longue lecture de la Passion du Christ, le silence de Dieu pèse lourd sur nos esprits. Pourquoi, la mort d’un juste? (23,47). Dieu, qu’en pensa-t-Il? Réagira-t-Il? Il ne reste, suspendue à ce long silence inachevé, que la toute dernière parole de Jésus, une parole malgré tout de confiance et d’abandon : Père, entre tes mains je remets mon esprit (23,46).

Il faudra attendre au matin de Pâques pour que les pierres crient de joie à leur tour (19,40).

Confiance à la Parole
«Le Seigneur Dieu vient à mon secours.»
Isaïe 50,4-7

  Le serviteur de Dieu outragé, frappé, auquel on arrache la barbe et on crache au visage, ne désespère pas du silence de Dieu. Il ne confond pas ce silence avec de l’indifférence ou, pire, avec une condamnation de la part de son Seigneur. Le serviteur souffrant tend l’oreille et appelle au secours, fort de sa conviction que Dieu, miséricordieux, ne saurait être loin de celui qui n’en peut plus. La Parole de Dieu viendra en son temps. Elle sera vraie, solide, et plus forte que toutes les paroles humaines. Elle guérira et fera revivre. Elle ouvrira l’avenir qui semblait fermé. La Parole de Dieu ne nous rejoindra jamais trop tard : il sera toujours temps de renaître à la joie.

Parole de victoire
C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms.
Philippiens 2,6-11

  Alors que l’on croyait Jésus oublié de Dieu, crucifié, mort et enterré, la puissance divine féconde cet anéantissement de sa personne, ce don de soi jusqu’à la dernière goutte de son sang. Celui qui a été abaissé par les insultes et la dérision des bouches humaines recevra « le Nom qui surpasse tous les noms » de la bouche même de Dieu. Les pierres pourront bien crier leur joie!

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2094. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Un monde nouveau est en germe