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2e dimanche ordinaire A - 20 janvier 2008

 

L'heure du témoignage

Le témoignage de Jean : Jean 1, 29-34
Autres lectures : Isaïe 49, 3.5-6; Psaume 39(40); 1 Corinthiens 1, 1-3

Trois textes et quatre témoignages : celui d’Isaïe, du Baptiste, de Jésus, de Paul, de l’évangéliste Jean — sans compter celui de l’Esprit. Chacun des témoins reçoit un appel et vit une mission, au sein de son peuple, au cœur de sa communauté. Nous passons d’un individu à l’universel. Chaque personnalité, unique, est ordonnée aux autres, accueille la vie et ses dons pour se mettre au service de la multitude. Tel est le mystère qu’un regard de foi nous invite à assimiler.

Des mots à bien saisir

    Le péché du monde (v. 9). Ce mot, chez Jean, désigne l’humanité dominée par une force qui l’emprisonne, la soumet à un véritable esclavage, l’empêche d’opter pour le bien, le bon et la vie. Chaque jour, ne constatons-nous pas, relatées dans les journaux, les traces du mal des hommes et des femmes! Oui, « une masse de misère » dont il est difficile de sortir; oui, l’être humain est sollicité par des forces contraires, il oppose une résistance à l’amour bienveillant de Dieu qui se révèle ultimement en Jésus.

   L’Agneau de Dieu... (v. 29). Sachons que le mot araméen talya peut signifier « serviteur » et « agneau »; il est un titre messianique. En Isaïe 53, 4 et 7, nous lisons : Or c’étaient nos souffrances qu’il (le serviteur) supportait et nos douleurs dont il était accablé... Affreusement traité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche. Comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette...

   Puis, éloignons-nous quelques minutes de notre mentalité du 21e siècle, qui confère au mot agneau une connotation négative, pour rejoindre la perception biblique de cette image. Elle reçoit des écrits inspirés une très riche valeur (Genèse 48, 15; Michée 7, 14; Jérémie 23, 1-4; Isaïe 40, 11; Psaume 23; 74, 1; 78, 52-53; 79, 13; 80, 2; 95, 7; 100, 3). Ces textes parlent d’une conviction des croyants quant à la sollicitude et à la bienveillance de Dieu à l’égard de son peuple, souvent infidèle, peu soucieux d’unité et de justice. Ils expriment aussi la relation de confiance et de foi entre Dieu et les juifs fidèles.

   ... qui enlève le péché du monde (v. 29). Le mot grec airô possède deux emplois : celui de « porter » et celui « d’enlever ». Comment Jésus enlève-t-il le péché du monde? Il s’en charge, en le brisant, en livrant sa vie dans une offrande d’amour et de fidélité sans défaut à sa mission historique, pour que nous soyons libérés. Jésus n’est donc pas une nouvelle victime cultuelle, expiatoire. L’agneau pascal, libérateur, inaugure un temps nouveau.

Dieu et rendu visible par Jésus, son Témoin

   Celui que le Baptiste rencontre au Jourdain est celui qui fait connaître le visage de Dieu, comme le prophète le dessine déjà au 6e siècle : Dieu qui console, Dieu qui rassemble son peuple et toutes les nations, Dieu notre force.

   Jésus est le Témoin par excellence qui révèle le cœur de Dieu comme il est dit dans l’Apocalypse 1, 5. Toute la vie de Jésus se veut un témoignage. L’œuvre de Jean ne cesse de marteler cette pensée. Le verbe « témoigner » est employé jusqu’à 33 fois dans l’évangile et 10 fois dans les épîtres de Jean, alors qu’on ne le retrouve qu’une fois en Matthieu, et qu’une fois en Luc. Jésus, oui, malgré les forces de destruction qui travaillent l’humanité, a su éclairer notre monde. Par la présence de l’Esprit qui insuffle sa vie et lui fait vivre sa mission, l’Élu de Dieu nous fait découvrir que la vie a un sens, qu’elle peut s’orienter vers le bien. Combien de temps faut-il pour découvrir ce qu’Isaïe approfondit davantage un jour, à savoir qu’à l’origine, nous sommes dans le désir de Dieu : lui qui m’a formé dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur... Oui, j’ai du prix aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force (49, 5)?

   Jésus, le témoin, le serviteur, l’agneau de Dieu par excellence, est aussi celui qui était avant le Baptiste : le Fils issu du Père (vv. 10.14). Tous les croyants de l’Ancienne Alliance esquissent des traits du visage du Fils, ils dégagent un certain profil du visage de Dieu en Jésus.

Notre témoignage, aujourd'hui

   À travers les époques et les différentes régions du monde, bien des femmes et des hommes ont témoigné, par leur vie, du visage du Christ. Jean a voulu que tout son évangile soit un témoignage. Paul a été l’envoyé auprès des nations. Et les croyants du 21e siècle s’engagent eux aussi avec joie et ferveur.

   L’Église de Dieu, qui est à Corinthe, dit Paul. L’Église de Dieu qui est à Montréal, à l’église de la Visitation, à l’église de Saint-Pierre-Apôtre, et partout ailleurs. Cette expression affirme que l’Église de Dieu est celle de l’initiative de Dieu, que sa vie vient de Dieu, que Dieu rassemble les baptisés-apôtres qui forment cette communauté, ainsi que toutes les communautés d’Afrique, d’Asie, d’Europe, d’Amérique. Nous sommes l’Église de Dieu, ici et ailleurs. Quelle possibilité de croissance lorsque nous prenons conscience d’un tel mystère de vie et de salut!

   L’élan, l’impulsion peut s’épanouir, l’espérance, grandir, lorsque notre cœur s’ouvre à l’Esprit à la suite de Jésus. Le Paraclet vient à notre aide dans l’accueil des autres, le partage et la fraternité, notre désir d’unité. Il est là dans les combats à soutenir pour qu’advienne le rassemblement des communautés ecclésiales, l’harmonie et la paix entre nations. Ce vaste et gigantesque chantier est une responsabilité, non seulement confiée au prophète, au Baptiste, à Jésus Christ, à Paul et à l’évangéliste Jean, mais à nous, ici et maintenant, en lien avec tous les baptisés de cette terre et tous les hommes et les femmes de bonne volonté.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2127. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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