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26e dimanche ordinaire A - 28 septembre 2008

 

 

Conversion oblige

Parabole des deux fils : Matthieu 21, 28-32
Autres lectures : Ézéchiel 18, 25-28 ; Psaume 24(25) ; Philippiens 2, 1-11

Que les enfants nous précèdent dans le Royaume de Dieu, ça va. Jésus nous a déjà prévenus qu’à moins d’accueillir le Royaume en petit enfant, on n’y entre pas. Mais que les pécheurs précèdent les justes, ça devient un peu contradictoire, non? Jésus veut-il  promouvoir des bons ou des mauvais comportements? À quoi sert de faire le bien toute sa vie, si le premier pécheur aura un passe-droit à la dernière minute?

Une autre histoire de fils

L’Évangile d’aujourd’hui donne beaucoup à réfléchir. Selon Matthieu, Jésus s’entretient avec les chefs des prêtres et les anciens de son peuple : Du bon monde ! Des  hommes qui ont donné leurs plus belles années à servir Dieu et leur communauté ! Ce sont aussi des personnes instruites, expérimentées et sages, reconnues et respectées par la population. À moins d’avoir des preuves solides du contraire, ce sont des personnes justes, qui s’efforcent de marcher sur le chemin de la sainteté, tel que présenté par la Parole de Dieu.

Jésus leur propose alors une comparaison. Un fils récalcitrant, qui refuse d’abord d’aider son père, mais qui finit par lui donner un coup de main, puis un fils docile et consentant qui manque à l’appel malgré ses bonnes intentions. Jésus demande aux maîtres d’Israël de faire leur choix entre les deux fils. Pragmatiques, les chefs penchent pour le fils récalcitrant, qui finit par obéir concrètement à l’ordre du père.

Que soit faite la volonté de Dieu

Naturellement, Jésus est d’accord avec leur choix. Ce qui compte, en bout de ligne, c’est de faire la volonté de Dieu, en dépit des détours et des délais. Mieux vaut tard que jamais ! Seulement, Jésus tire des conséquences inespérées de sa petite parabole. Le prophète de Nazareth déclare solennellement que publicains et prostituées précèdent prêtres et sages dans le Royaume de Dieu. Voilà qui fait grincer des dents, même aujourd’hui !

Nous réfléchissons en opposant catégoriquement le bien et le mal, les bonnes et les mauvaises actions, les bonnes et les mauvaises personnes… Nous aimons à régler le sort des individus pour l’éternité. Jésus réfléchit en termes beaucoup plus nuancés de probabilité et de disponibilité. Quelle chance y a-t-il qu’une personne sûre de sa justice se remette en question ? Quelle chance y a-t-il qu’une personne aux prises avec sa conscience trouve le courage de se repentir et de changer ? Au temps de Jésus, les prêtres présidaient d’office aux rites de purification pour le pardon des péchés, dans le Temple de Jérusalem. Lorsque Jean Baptiste apparut dans le désert de Judée et se mit à baptiser le peuple dans le Jourdain, les prêtres y ont vu un sacrilège, un culte illégitime, une cérémonie sans valeur liturgique. Or, Jésus note que les publicains et les prostituées y ont trouvé raison de se sentir pardonnés de Dieu. Jésus reproche donc aux chefs d’Israël de ne pas avoir reconnu dans le rite de Jean Baptiste l’œuvre du Dieu vivant. Ils ont été aveuglés par leur conviction en la sainteté de leurs propres rites.

Quiconque reconnaît son ignorance risque d’apprendre plus facilement que ne le ferait un savant imbu de lui-même et de son prestige. Les meilleurs enseignants sont ceux qui se considèrent eux-mêmes comme des étudiants. Un humble pécheur a plus de chances de se rendre disponible à la miséricorde divine qu’un chef religieux à l’autorité morale incontestée. Nous sommes tous pécheurs parce qu’humains et faillibles. Nous avons tous besoin de la miséricorde de Dieu pour accéder à son Royaume. Le véritable enjeu, c’est de le reconnaître.

Cultivons l’attitude du fils repentant. Vivons avec humilité la conversion quotidienne, dans l’action de grâce pour la bonté du Seigneur. Et allons travailler aujourd’hui même à la vigne à laquelle Dieu nous envoie.

L'étrange conduite du Seigneur
(Ezéchiel 18, 25-28)

Si le juste se détourne de sa justice, se pervertit, et meurt dans cet état, c’est à cause de sa perversité qu’il mourra. Mais si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie (vv. 26-27).

Avant Jésus, le prophète Ézéchiel déclare aussi que les pécheurs ne mourront pas nécessairement et que les justes n’auront pas forcément la vie sauve. Comme Jésus, Ézéchiel fait face à l’étonnement général des justes : La conduite du Seigneur est étrange (18, 25). C’est étonnant de ne pas toujours punir le mal et de ne pas toujours récompenser le bien. Dieu est-il à ce point instable ou prend-il la justice à la légère ?

Ézéchiel assure ses compatriotes que Dieu ne veut pas la mort du méchant, mais sa conversion. Si un pécheur se détourne de sa conduite mauvaise et cherche à faire le bien, Dieu en sera ravi. Tout comme il sera déçu des justes qui prendront leur justice pour acquis et qui oublieront de faire le bien.

Autant que Jésus, Ézéchiel prône donc la conversion comme l’attitude fondamentale que doit cultiver quiconque veut plaire à Dieu. Cela implique l’humble reconnaissance de nos fautes et de la grâce miséricordieuse de Dieu, qui veut par-dessus tout que nous vivions.

Rivaliser d'humilité
(Philippiens 2, 1-11)

Ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes (Philipiens 2, 3).

Saint Paul n’est pas en reste. Aux chrétiens de la ville de Philippes, il demande de ne pas se vanter de leur vertu, mais d’avoir l’humilité de reconnaître la vertu des autres. L’Apôtre des Nations les enjoint de rechercher l’unité, plutôt que de créer des divisions stériles et paralysantes. En effet, on nuit au plan de Dieu en condamnant les personnes avec mépris, car on sépare ceux que lui, il voudrait bien réunir. Et il n’y a rien de plus démoralisant ou démotivant que de se faire condamner sans appel. Paul nous exhorte à suivre l’exemple d’humilité du Christ, serviteur de tous jusqu’à la croix. Le beau conseil que saint Paul nous laisse, c’est de trouver chez les autres – même ceux qu’on considère pécheurs – quelque qualité qui nous inspire et nous motive à nous améliorer.

Entrer dans le Royaume de Dieu, c’est découvrir toujours à nouveau la bienveillance divine… et celle de nos semblables !

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2154. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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La bonté de Jésus face à l'oeil malveillant