INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer

5e dimanche de Pâques A - 20 avril 2008

 

 

Un incontournable chemin

Jésus, chemin vers le Père pour ceux qui croient en lui : Jean 14, 1-12
Autres lectures : Actes 6, 1-7; Psaume 32(33); 1 Pierre 2, 4-9

Le chapitre 14 de Jean est souvent considéré comme un discours tout simplement parce que Jésus y parle abondamment. Mais il serait peut-être plus juste d’en parler comme d’un long dialogue ou encore comme d’un entretien intime du maître avec ses disciples. En effet, ceux-ci interviennent dans notre extrait au moins à deux reprises : Thomas qui avoue ne pas connaître le chemin dont parle Jésus (Jean 14, 5); Philippe qui presse son Maître de s’en tenir à leur montrer le Père (v. 8).

  Mais, vous l’aurez deviné, il s’agit là d’un procédé littéraire employé par l’auteur lui permettant de présenter les thèmes majeurs de la révélation de Jésus le Christ : il est chemin vers le Père (vv. 2-6); il est présence visible du Père (vv. 7-11); et il restera, par ses œuvres, (vv. 11-12) présence auprès des siens par delà la mort.

Un message de paix

  Les apôtres sont dans une profonde angoisse d’abord parce qu’ils savent que la vie de leur Maître est menacée et aussi parce que ce dernier leur annonce son prochain départ. Cependant, pour atténuer le choc, il leur révèle qu’il s’en va leur préparer une place (v. 2). Tous les éléments d’un drame sont en train de se mettre en place, d’où les esprits et les cœurs troublés. Mais contrairement aux siens, Jésus manifeste une étonnante sérénité car il nourrit un total abandon à Dieu son Père. Jésus désire ardemment transmettre aux siens ce sentiment de confiance qui l’habite : Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi (v. 1). Cette absence de trouble intérieur peut étonner car quelques textes nous apprennent que Jésus a connu durant sa vie le malaise dont les apôtres sont affligés, comme à l’occasion de la résurrection de Lazare (11, 43) ou de la trahison de Judas (13, 21). Mais aujourd’hui, avec la force de l’Esprit, son humanité a dépassé cet état d’âme. Jean nous montre un Jésus qui se perçoit déjà dans la gloire imminente du Père.

Une invitation pressante

  L’apôtre Jean, à qui l’on attribue la rédaction de cet évangile, invite incessamment à croire. S’il n’utilise pas l’expression consacrée « avoir la foi », ni même le mot « foi », il emploie par contre très fréquemment la formule « croire en » : Croire en son nom (2, 23); croire en son Père (3, 16); croire en Celui qui l’a envoyé (5, 24); croire en lui (6, 35). Ajoutons aussi que la démarche de foi s’articule toujours autour de trois pôles : accueil du don, existence conforme au don reçu, entrée dans le Royaume au terme du voyage.

Un grand cri du cœur

  Revenons à la question un peu cavalière de Thomas : Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas; comment pourrions-nous savoir le chemin ? (v. 5). En effet, Jésus semble certain que les siens savent et connaissent le chemin dont il parle et pourtant... Peut-on encore y voir un procédé littéraire donnant à Jésus l’opportunité de préciser sa pensée? Sûrement. Une occasion lui est donc offerte de lever le voile sur une révélation théologique importante : Je suis le chemin (v. 6). Cette précision chasse toute ambiguïté : aucun rapport avec un quelconque voyage à entreprendre, ni avec de longues routes à envisager, et encore moins avec des itinéraires risquées à entreprendre. Jésus, par sa réponse, ramène encore les siens vers sa personne en employant une expression particulièrement chère à Jean, le : « Je suis… ».

Le vrai chemin

  Pour le peuple hébreux, le chemin a une résonance bien particulière. Marcher, c’est être vivant; et marcher droit, c’est emprunter les chemins de Yahvé. L’image du chemin fait appel aussi au Dieu qui sauve du péril. Dans notre passage dominical, ces divers sens sont suggérés mais à la manière johannique : Jésus est sauveur puisqu’il est Vérité et Vie (v. 6). Il est celui qui chemine sur les sentiers de Dieu dont il fait la volonté (v. 10). Enfin il est le seul à détenir le secret du comment aller au Père (v. 6b). Le mot chemin est donc un mot-clé. Et cette clé ouvre les esprits et les cœurs. Il faut comprendre que Jésus n’est pas le terme du chemin mais qu’en saisissant sa Vérité et sa Vie on est dans son Chemin, on est déjà en possession du Royaume de son Père.

La question de Philippe

  L’apôtre Philippe s’est rendu compte depuis longtemps combien Jésus attachait de l’importance à son Père. Malgré tout il semble encore dans l’incertitude, qunad il demande : Seigneur, montre-nous le Père; cela nous suffit (v. 8). On se demande s’il n’aspire pas à être témoin d’une théophanie semblable à celle qu’ont connue Moïse ou Isaïe, ces deux privilégiés de la vision béatifique. Jésus, comme il l’a fait avec Thomas, va ramener le regard de Philippe sur sa personne : Celui qui m’a vu a vu le Père (v. 9). L’interrogation du disciple fournit à Jésus une autre occasion de se révéler davantage.

La mission de Jésus

  En outre, la réponse de Jésus à Philippe contient un doux reproche (v. 9) car Jésus n’a fait que cela, montrer le Père : c’est sa mission. Ensuite il apprend à son apôtre à ne plus attendre de manifestations extraordinaires de Dieu, ni à dissocier sa personne de celle du Père. Jésus insiste sur le fait que le Père n’est perceptible qu’en lui, Jésus de Nazareth. Il est la révélation authentique du Père; il prononce des paroles au nom de son Père; et il en accomplit les œuvres. Mais il sent que tout cela est difficile à saisir pour son disciple et donc à croire (vv. 9-10). Avouons que cela l’est tout autant pour les autres apôtres et pour nous. Mais difficile ne veut pas dire impossible. Jésus, dans une affirmation ferme mais touchante de tendresse, s’écrit : Croyez ce que je vous dis (v. 11), puis comme s’il n’était pas certain de l’adhésion des siens, il ajoute : Si vous ne croyez pas en ma parole, croyez au moins à cause de mes œuvres (v. 11).

Le désir des disciples

  Le désir de contempler le Père, tel est bien l’essentiel de ce que nous ont transmis les apôtres. Aussi, leur recherche croyante n’a jamais cessé « de gagner du terrain » et de faire augmenter le nombre des disciples (Actes 6, 7) dont nous sommes. Grâce à leur foi, notre espérance est restée vive. Mais pour que cette foi demeure vivante, il ne suffit pas que la Parole soit proclamée et entendue, il faut qu’elle s’incarne en nos existences. Il faut qu’elle déracine notre orgueil, nos futiles suffisances, nos dérisoires vanités. C’est à ce prix que des espaces neufs seront défrichés afin que Dieu puisse venir établir sa demeure en nous.

.

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2140. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
L'autorité du berger Jésus