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3e dimanche de l'Avent B - 14 décembre 2008

 

 

Témoins de la joie recherchés

Jean, témoin de la lumière : Jean 1, 6-8.19-28
Autres lectures : Isaïe 61, 1-2.10-11 ; Cantique : Luc 1, 46-48, 49-50, 53-54 ; 1 Thessaloniciens 5, 16-24

Le montage textuel de l'évangile du jour comprend deux parties de style bien différent. On accole quelques versets du prologue du quatrième évangile concernant Jean le Baptiseur à la description narrative de son témoignage. Adressé aux envoyés des responsables de la Ville sainte de Jérusalem, son témoignage induit dès la première scène de l'évangile le climat dramatique du long procès subi par Jésus.

Le premier témoignage

Dans la dynamique sociale de la société méditerranéenne, le témoin a une utilité certaine. Il manifeste l'honneur dévolu à un personnage bienfaisant. Tel est le rôle du personnage central de l'évangile aujourd'hui, un certain Jean. Son nom évoque le caractère définitif des interventions divines dont il est témoin. En effet, Jean signifie, en hébreu : « Dieu a fait grâce, Dieu a donné son don ».

Jean affirme clairement qu'il n'est pas le Messie, ni le prophète des derniers temps (Élie), ni le prophète comparable à Moïse dont bien des croyants juifs rêvaient. De prime abord, ce discours « indirect » sur Jésus, cette description par la négative (« Je ne suis pas... ») semblent de peu d'intérêt au moment où les listes « à faire » de nos agendas débordent d'urgences. Et pourtant, cette approche oblique ressemble à ce que nous pouvons faire de mieux, comme croyants, pour traduire notre foi dans l'ambiance survoltée de la dernière dizaine de jours qui nous séparent de Noël. Par un curieux retournement de situation, au cœur des préparatifs de cette fête qui nous appartient pourtant, nous sommes invités à témoigner sobrement de sa nature profonde. Noël n'a aucun sens en dehors de celui qui mérite notre témoignage : Jésus, Fils de Dieu, signe d'espérance profonde.

Le témoignage, l'espérance rendue visible

Le Temps des Fêtes qui approche nous soumet à une rude épreuve. Chacune et chacun est mis au défi de faire preuve d'habileté dans plusieurs domaines. Il faut planifier des soirées avec les amis et des repas de fête avec la parenté. Penser au cadeau idéal pour chaque invité.  Tenir compte des besoins précis de chaque visiteur.  Le Temps des Fêtes est un test de notre savoir-faire culinaire, de notre succès social, de notre rayonnement familial.

Les personnes qui restent à l'écart du tourbillon se rangent dans la triste catégorie des perdants. Notre société individualiste est cruelle. Celles et ceux qui n'ont pas le tour de se montrer à la hauteur de la mode, de l'innovation dans les activités récréatives et du dernier cri dans l'art culinaire n'ont pas le cœur à la joie!

Somme toute, bien paraître, c'est une grande dépense d'énergie. Quel contraste avec le récit de l'évangile! Bien paraître, ce n'était pas la préoccupation majeure de Jean, celui qui baptisait dans la contrée sauvage en contrebas de Jérusalem. L'évangile le présente comme un homme réconcilié avec lui-même. Il ne s'arroge aucun des titres glorieux que les autorités de la Ville sainte s'imaginent lui convenir. Les premières lignes de l'évangile nous ont averti : Jean sait qu'il n'est pas la lumière. Il est là pour lui rendre témoignage.

Dans le monde biblique, on accordait beaucoup d'importance à la parole dite par quelqu'un au sujet de quelqu'un d'autre. Un individu ne peut se vendre tout seul. Il doit compter sur le témoignage des autres. Le témoin atteste qu'il ne rêve pas sa vie comme si c'était un monde clos. Il affirme qu'il est puissamment relié à un autre personnage de qui lui vient une foule de choses bonnes. Le témoignage raconte la solidarité avec Dieu.

Telle est la dynamique dans laquelle s'inscrit Jésus.  Même si l'évangile ne le nomme pas clairement aujourd'hui, nous devinons qu'il se profile à l'horizon. Il accepte de jouer le jeu de son époque. Le Baptiste est le premier d'une longue liste de témoins crédibles : la femme de Samarie au puits, les amis de Jésus à Béthanie, Dieu le Père, l'Esprit défenseur, les disciples convaincus par les œuvres de Jésus et les quelques signes accomplis qui déclenchent la discussion...

Le témoignage, plus quejamais nécessaire

Deux millénaires plus tard, Jésus joue encore la carte du témoignage. Avec cette différence : ce ne sont plus les saints de la Bible qui évoquent son existence et sa présence. Cette charge nous revient!  Décidément, Jésus ne choisit pas le moyen de communication le plus éblouissant. Il fait simplement confiance à notre pauvre créativité.

À nous la liberté de trouver les moyens tangibles pour dire mieux que des mots creux qui ne changent rien. N'allons pas penser que le témoin ne change pas grand-chose à une situation tendue ou difficile. Il facilite la transformation, un peu comme le catalyseur en chimie accélère une certaine réaction. 

En effet, un témoin peut se contenter de rapporter dans un récit ce qu'il a vu, entendu, expérimenté. Mais le témoin peut décider de dire plus et d'aller plus loin. Il peut s'engager dans sa parole de témoignage au point de se compromettre pour elle.

Nous entrons dans la saison idéale pour une telle qualité d'engagement. Le temps n'est pas tellement aux discours. Il y a trop à faire à dix jours de la fête. Personne n'a le temps d'écouter. Par contre, il y a tant de besoins à combler... 

Déployons le témoignage de notre joie au bénéfice de ces personnes que nous aimons, et qui vivent leur vie avec allégresse. Ou avec une certaine douleur. Ils feront une joyeuse différence, les biscuits aux fruits de mon voisin, pour les pensionnaires du Centre hospitalier de longue durée où réside sa petite sœur alitée.

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2165. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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