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Épiphanie du Seigneur - 4 janvier 2009

 

 

Elle est venue, notre lumière !

La visite des mages : Matthieu 2, 1-12
Autres lectures : Isaie 60, 1-6 ; Psaume 71(72) ; Éphésiens 3, 2-3a.5-6

Le premier dimanche de chaque année, l’Église célèbre la solennité de l’Épiphanie du Seigneur. Avant le concile Vatican II, cette fête se célébrait à date fixe, le 6 janvier. On parlait plus volontiers alors de la fête des rois. Matthieu est le seul évangéliste à signaler la visite des mages à l’enfant de la crèche : Voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui » (2, 1-2).

Les ajouts de la tradition populaire

Au fil des siècles, on a ajouté des détails qui ne se trouvent pas dans l’Évangile. Comme le Psaume 71 (72), que nous prions ce dimanche, annonçait : Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents, les rois de Saba et de Seba feront leur offrande et tous les rois se prosterneront devant lui, les mages sont devenus les rois mages. Origène (185-254), dans ses Homélies sur la Genèse (Hom.Gen. 14,3), fixa leur nombre à trois en se basant sur les trois présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe (Mt 2, 11). Les noms traditionnels de Gaspard, Melchior et Balthazar apparaissent pour la première fois dans un manuscrit du 6e siècle . Dans la tradition iconographique, Gaspard, aux traits asiatiques, offre l’encens ; Melchior, représenté comme un vieillard blanc et barbu, l’or; et Balthazar, à peau noire, la myrrhe. [Source : « Rois mages », dans Wikipédia].

Il y a aussi la fête populaire. « La tradition veut que pour le “Jour des rois”, on partage un gâteau appelé galette. […] Dans cette galette est dissimulée une fève. Celui qui mange la part contenant la fève est déclaré roi. La coutume veut que le plus jeune de la famille se glisse sous la table pour désigner qui aura quelle part. Ainsi, personne ne peut tricher. On pose une couronne sur la tête du roi qui doit alors choisir sa reine (ou le contraire). Dans certaines familles, on laisse de côté la “part du pauvre” ou celle du Bon Dieu, offerte le plus souvent au visiteur imprévu. » http://www.momes.net/dictionnaire/minidossiers/epiphanie.html

Le Christ, lumière dans les ténèbres

Ces traditions sont charmantes, mais elles risquent de nous faire oublier l’essentiel. Loin de moi l’idée de vous faire renoncer à la galette des rois. Mais en plus de trouver la fève qui désignera le roi d’un jour, il serait aussi important de retrouver le roi que cherchaient les mages. Nous fêtons aujourd’hui la manifestation de la divinité du Christ aux mages et, à travers eux, aux nations païennes qu’ils représentent. Ce n’est pas un hasard si le Noël des églises orientales est célébré le jour de l’Épiphanie. Au moment où la lumière prend le dessus sur les ténèbres, où la durée des nuits rapetisse tandis que celle des jours augmente, nous célébrons la manifestation du Christ, véritable lumière venant de Dieu pour éclairer notre monde.

Deux mille ans après la naissance du Christ, nous pouvons faire le même constat que le prophète Isaïe dans la première lecture : Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples (60, 2a). En effet, malgré tous les progrès accomplis, les ténèbres sont toujours présentes. Que ce soit la situation internationale, les cataclysmes naturels, la situation économique, les injustices sociales, notre vie familiale, notre vie personnelle, on peut difficilement faire preuve d’un optimisme naïf. Malgré tous nos efforts, l’obscurité semble toujours recouvrir la terre et nous demeurons assoiffés de lumière. C’est pourquoi il importe de lire la parole d’Isaïe jusqu’au bout : Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi (60, 2).

Cette promesse s’adresse d’abord au peuple choisi : Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi (60, 1). Mais elle ne se limite pas à Israël. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore (60, 3). Comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture, le mystère du Christ, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile (Ép 3, 6). Au moment de la Présentation du Seigneur au temple, le vieillard Syméon aura des propos semblables. Syméon prit l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple » (Luc 2,28-32).

Marcher à la lumière du Christ

Malheureusement, à l’Épiphanie, le peuple d’Israël n’a pas été au rendez-vous. Les mages avaient vu se lever une étoile et cela avait suscité chez eux une telle joie, une telle espérance, qu’ils s’étaient mis en route pour se prosterner devant le personnage important annoncé par l’étoile. Chemin faisant, ils avaient perdu l’étoile de vue. Privés de cette lumière céleste, ils ne savaient plus où la retrouver et s’étaient adressés au roi Hérode et aux habitants de Jérusalem. Eux n’avaient pas vu la lumière, mais ils savaient. En scrutant les Écritures ils se sont rappelé les paroles des prophètes : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple (Mt 2, 6). Mais, au lieu de susciter chez Hérode et chez les habitants de Jérusalem la même joie que chez les mages, la nouvelle de la naissance de Jésus a semé l’inquiétude dans leur cœur.

Et nous qui, en ce début d’année 2009, célébrons l’Épiphanie du Seigneur, de quel côté sommes-nous ? Du côté d’Hérode et de tout Jérusalem, qui savent où chercher, mais qui s’enferment dans l’inquiétude et demeurent immobiles ? Ou bien du côté des mages qui se sont mis en route quand ils ont vu se lever l’étoile et qui ne se sont pas laissés arrêter du fait qu’elle ne brillait plus à l’horizon ? Je ne sais quelle sera votre réponse, mais ce qui importe, c’est de prendre au sérieux l’invitation que nous lance saint Matthieu aujourd’hui. Il nous invite à imiter la foi des mages.

Déjà nous leur ressemblons beaucoup. Comme eux nous avons vu la lumière du Christ et cela nous a mis en marche, a fait de nous des disciples. Comme eux, il nous arrive d’avoir des moments d’égarement et de perdre de vue cette lumière qui nous a éveillés et qui nous a mis en route. La Bonne Nouvelle, c’est qu’ils ne se sont pas laissés arrêter par cela. Avec l’aide du peuple d’Israël, ils ont scruté les Écritures pour trouver réponse à leur questionnement. Cela a relancé leur marche et, dès qu’ils eurent repris la route, Voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie (Mt 2,9-10). Puisse la lumière de l’Épiphanie relancer notre marche. Laissons-nous guider par la lumière du Christ. Puissions-nous y trouver nous aussi une très grande joie.

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2168. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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