INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer

26e dimanche ordinaire B - 27 septembre 2009

 

 

Des gestes qui sauvent

Celui qui n'est pas contre nous est pour nous : Marc 9, 38.43.45.47-48
Autres lectures : Nombres 11, 25-29 ; Psaume 18(19) ; Jacques 5, 1-6

 

Le passage du récit évangélique d’aujourd’hui est le prolongement direct de celui de dimanche dernier. Jésus y annonçait pour la deuxième fois sa mort et sa résurrection. Il est le «Juste» dont parle le «Sage» (Sagesse 2, 18) et que l’impie est tout naturellement porté à faire disparaître. À cette occasion Jésus  avait présenté l’enfant comme étant le modèle à imiter pour qui accueille l’autre en son nom (Marc 9, 36). Marc, aux versets 38 à 48, rappellera quelques unes des attitudes qu’exige la vie en communauté.

Chasser  l’étroitesse et la malveillance

     L’auteur met dans la bouche de Jésus des réponses très éclairantes concernant la vie communautaire. Il répond d’abord à l’intervention intempestive de Jean qui s’insurge contre quelqu’un qui chasse les démons au nom de son Maître (Mc 9, 38). Le disciple se montre pour le moins étroit d’esprit et malveillant. Le rédacteur profite de cette réaction pour nous mettre au courant des interrogations qui surgissaient chez les premiers disciples et au cœur des premières communautés chrétiennes. Parmi celles-là, une revenait souvent : comment discerner si les paroles prononcées et les agissements posés au nom de Jésus ont la même importance lorsque prononcées et posés par des gens qui ne sont pas des proches de Jésus? Cette fois, la réponse de ce dernier chassera toute ambiguïté : Qui n’est pas contre nous est pour nous (v. 40). Cette réponse de sagesse est adressée aux Douze, responsables de l’harmonie entre les membres de la communauté. Cette  réponse, dis-je, tout en étant laconique et d’une simplicité déconcertante, est cependant libératrice. On ne peut être en même temps pour et contre Jésus. De même on ne pouvait être en même temps pour ou contre Moïse au temps de l’Exode. L’épisode de Eldad et de Médad le confirme. Bien que ces deux hommes ne fussent pas allés à la tente de la  Rencontre avec les anciens choisis par le Seigneur, l’Esprit reposa sur eux (Nombres 11, 25). On peut avancer que dans l’évangile d’aujourd’hui l’histoire se répète, mais autrement.

Poser les bons gestes

     Pour Jésus, il n’y a pas de petits gestes, ni de petites attentions surtout lorsque les uns et les autres sont prodigués en son nom. Certes un verre d’eau est peu de chose mais il a le poids du symbole : Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense (v. 41). Offrir un verre d’eau à l’assoiffé ou l’offrir à un enfant qui demande à boire n’a rien de banal pour Jésus. Entendons par là que tout geste d’accueil et toute réponse à un besoin n’échappent pas au regard du Père. L’Église a toujours reconnu dans ces paroles de Jésus un lien de solidarité entre le Maître et les disciples. Ce lien sera maintenu jusqu’en la vie éternelle. L’apôtre Jacques insistera pour sa part sur l’obligation du partage entre riches et pauvres. La richesse monétaire doit contribuer à donner à boire et à manger à toutes ces personnes vivant dans une situation précaire et misérable. Si, pour le riche, elle n’est qu’occasion d’accumuler, si elle n’est pas utilisée, usée, elle sera objet de condamnation : Cette rouille vous accusera (Jacques 5, 3).

Aimer les petits

     Par une mise en garde non équivoque, l’évangéliste revient à un thème qui lui est cher, celui des petits (Mc 9, 35-37). Ces petits ne sont pas exclusivement les enfants mais toutes ces personnes dont la foi est vacillante et fragile, ou qui en sont à leurs premiers pas dans la foi. Nous parlerions aujourd’hui des catéchumènes se préparant au baptême. On peut ébranler cette foi naissante et même la tuer en dressant des obstacles susceptibles de faire achopper ces personnes. C’est ce que signifie littéralement «scandaliser» c’est-à-dire entraîner dans la chute. Faut-il rappeler que le scandalon était ce petit caillou rond qui roulait sous les pieds. Entraîner comment, donc? Par des propos ou des attitudes désinvoltes, ironiques, ou avec un humour méprisant adressé à des personnes qui n’ont pas une théologie d’école mais simplement une foi acquise et transmise au fil des jours, ou qui commencent à peine à s’instruire des données de la foi chrétienne. Jésus a des paroles dures pour ceux et celles qui se rendent coupables d’un tel comportement envers cette catégorie de petits.

Se convertir

     Trois images choc illustrent ce dernier avertissement. Elles concernent le péché du disciple qui entraînera la chute d’un seul de ces petits (v. 42). Quoi faire pour ne pas succomber? Couper sa main; couper son pied; s’arracher l’œil! Chacun comprendra que Jésus ne prêche pas en faveur de la mutilation. Ces images veulent montrer la gravité du danger qui nous guette si nous négligeons de nous convertir. L’image de la meule attachée au cou le confirme (v. 42). En effet, si ton geste de tendre la main se change en un étau qui écrase, refuse ce geste! Si tu vas vers l’autre pour le trahir ou lui mentir, reste où tu es! Si tu jettes un regard mauvais sur l’autre, si tu l’associes à son apparence ou à sa conduite extérieure, ferme tes yeux! Voilà l’interprétation personnelle que nous devons faire concernant les actions radicales que Jésus nous demande de poser. Il faut aller au-delà de la lettre, bien au-delà.

Des réflexes à changer

     Être sectaire c’est se penser le propriétaire, l’unique dépositaire de la vérité. Au risque d’en surprendre plusieurs, être sectaire n’est pas le propre des minorités, des sectes, bien que le mot l’indique. Il arrive que les majorités, aussi bien politiques que religieuses, le sont tout autant. Il est facile de considérer contre nous celui ou celle qui n’est pas avec nous, dans notre camp. Jésus va à l’encontre de cette manière de penser. Retenons bien encore une fois ces paroles lapidaires : Celui qui n’est pas contre moi (contre nous) est pour moi (pour nous) (v. 40).

     Je lisais récemment qu’en médecine, des spécialistes injectaient des produits permettant de repérer dans le corps du patient l’endroit exact où le mal fait des ravages. J’y ai vu un rapprochement avec l’évangile d’aujourd’hui. Jésus a ce pouvoir de poser des marqueurs au milieu du monde. Ces marqueurs mettent justement en évidence les attitudes énumérées tout au long  de cette réflexion : accueil, ouverture, attention, conversion. Cette manière d’agir et de penser nous amènera à apprécier le bien, le bon et le beau chez les autres. Ce qui est bien, bon et beau intrinsèquement le demeure! C’est un vieux principe jamais démenti.

Une relecture contemporaine

     Que peut symboliser pour une société moderne couper et arracher? Quand la main ou le pied contribuent à la mort ou à la détérioration du style de vie des personnes, il faut couper. Quand on se rend compte du mal commis, il faut faire plus que détourner le regard, mais il faut tout faire pour que cessent les injustices dont nous sommes les témoins oculaires. Faut-il voir dans ces références au corps humain employées par Jésus des images de la communauté? Rien ne s’y oppose.

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2197. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
D'une annonce de la passion à l'autre