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Quatrième dimanche de Pâques B - 3 mai 2009

 

 

Le Christ Jésus, pasteur et guide

Le Christ Jésus, pasteur et guide : Jean 10, 11-18
Autres lectures : Actes 4, 8-12 ; Psaume 117(118) ; 1 Jean 3, 1-2

    

De nombreuses personnes cherchent un sens a leur vie et frappent à bien des portes. Des animateurs de sessions se proposent comme des guides et des accompagnateurs, certains se présentent comme des gourous.  Différentes approches peuvent combler une quête d’intériorité mais, pour le chrétien, sa soif de spiritualité ne peut être comblée que par une relation personnelle avec le Christ Jésus, bon Pasteur, pour un engagement à sa suite. Quelles sont donc les caractéristiques du Berger universel qu’est le Christ Jésus?

Une image trois fois millénaire

     Les mots se révèlent souvent insuffisants ou inadéquats pour dire une réalité indicible : on recourt alors à des métaphores et à des allégories. L’image du berger, bien qu’elle corresponde à un contexte nomade ou  rural, conserve toujours sa force d’expression.  Dans le Premier Testament, après Abraham et Moïse, David, jeune pâtre, va devenir le roi-berger d’Israël (1 Samuel 16, 1-13), celui qui protège son peuple, le sert et se dévoue pour le rendre heureux. Lors de son intronisation, le sceptre lui sera remis (Psaume 2, 9) et remplacera le solide bâton qu’il utilisait.

     Le berger royal, hélas, ainsi que les mauvais pasteurs d’Israël -les prêtres- qui se repaissent de biens et de pouvoir, sans se soucier du peuple, maltraitent souvent les brebis, et celles-ci, alors, aspirent à un descendant exemplaire.  C’est Dieu qui le suscitera ou qui prendra lui-même en charge les brebis : Car ainsi parle le Seigneur Yahvé : Me voici  moi-même. J‘aurai souci de mes brebis ... Celle qui est perdue, je la chercherai; celle qui est égarée, je la ramènerai; celle qui est blessée, je la panserai; celle qui est malade,  je la fortifierai... Je ferai paître avec équité (Ézéchiel 34, 7-31; Jérémie 23, 1-6). Cette image du bon berger est reprise en Jean 10 et, cette fois, elle désigne Jésus.

L’unique bon pasteur, Jésus

     Qu’est-ce qui détermine la bonté du vrai berger et quelle est son action?  D’emblée, le bon pasteur est responsable de ses ouailles. Il les oriente et les conduit (v. 16); il se consacre totalement à leur bien-être physique et spirituel: le vrai berger donne sa vie pour ses brebis qui comptent vraiment (vv. 11.13).  Donner sa vie de façon aussi exemplaire dépasse, nous le constatons, nos évidences à courte durée et nos raisonnements humains.

     La caractéristique essentielle du bon pasteur est de connaître profondément ses brebis. Cette connaissance comprend une intimité déconcertante, une connivence, elle est de l’ordre de l’accueil, de la communion intime, voire d’une adhésion, d’une alliance (v. 14) à laquelle  est conviée le croyant :  et mes brebis me connaissent (v. 14). Cette relation de proximité, intense et fervente, se développe progressivement en un cheminement fidèle, d‘avancées en avancées, au travers de pas douteux et de redressements, au cœur des joies et des peines. Ainsi la connaissance des brebis à l’égard du pasteur s’intensifie. Jésus semble la confondre même avec la communion unique  qu’il a avec son Père : Comme le Père me connaît et que je connais le Père (v. 15). En somme, la relation de Jésus avec ses disciples et les croyants de tous les temps fait partie de la communion qu’il vit avec son Père. Oui, la connaissance, dont il est ici question, est bel et bien l’existence du Fils tourné vers Dieu (Jean 1, 2) et du  Père qui donne au Fils tout ce qu’il est lui-même.

Le mystère profond du bon Pasteur

     Quel est ce mystère? Il est dans ceci qu’il donne aux disciples d’être en eux-mêmes ce qu’il est. Lui, l’Envoyé  du Père. Et, afin que les croyants y parviennent, il donne sa vie pour les brebis qui sont dans l‘enclos, mais également pour celles qui vivent à l‘extérieur de la bergerie : Je donne ma vie... J’ai encore d‘autres brebis... il faut que je les conduise... Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur (v. 15-16).

     Quant à la suite du texte, sachons prendre l’exact poids des mots. Le Père m’aime parce que je donne (« dessaisir » dans la Tob; « livrer » dans la Bible d’Ostie) ma vie pour la reprendre.  Personne n’a pu me l’enlever: je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père (vv. 17-18). Si on traduit littéralement les mots grecs, on aura pour le verbe « donner », le sens de « poser, déposer par écrit », comme le chercheur qui dépose sa thèse, fruit d’années ou d’une vie de labeur. Quant au verbe « reprendre », on a le sens de « prendre des mains de quelqu’un, sans violence ». En s’ajustant davantage au grec, on peut dire que Jésus dépose sa vie et tout ce qu’il est. À la lumière  du récit de la Cène (Luc 22, 14-20; Matthieu 26, 26-28), nous comprenons qu’il  dépose sa vie en désignant comme son corps le pain placé sur la table.  Il met sa vie à la disposition de tous.  Si les disciples à la table, et cela à toutes les époques, «prennent cette vie, elle passe en eux, et devient son corps, c’est-à-dire lui redonne la vie qu’il vient de leur donner. Alors, là advient un monde nouveau qui est son corps à lui: là il est manifeste que, de par cette médiation des disciples, ce qu’il pose il le reçoit à nouveau»  (É. Pousset).

Jésus et lapuissance de son nom
(Actes 4, 8-12)

     Jadis, Dieu a dévoilé son nom à Moïse. Au temps des premières années après la Résurrection, l’apôtre Pierre, après la guérison d’un infirme et sous l’action de l’Esprit, proclame la puissance du nom de Jésus donné aux hommes. C’est par ce nom, unique, que les croyants sont sauvés (Actes 4, 12).

     Le Nom de Jésus renvoie évidemment à des faits et gestes historiques, à l’autorité qui se dégageait de sa personne. Mais invoquer son  nom, ce Nom qui est au-dessus de tout nom (Philippiens 2, 9), c’est  professer sur nous les effets de la résurrection, l’alliance établie avec nous. C’est proclamer que pour nommer authentiquement le Dieu d’Israël qui a agi pour son peuple, il faut  désormais conjuguer le nom de Dieu avec le nom de Jésus. Cette  profession de foi essentielle déclenchera sur-le-champ l’opposition des représentants juifs qui en voient les implications religieuses et morales.

Nous sommes les  enfants de Dieu en Jésus
(1 Jean 3, 1-2)

     Être enfants de Dieu est une manifestation de l’amour du Père pour nous. C’est un don qui nous constitue intimement et nous invite à manifester cet amour. Mais cette merveilleuse et salvifique réalité est-elle perceptible du dehors, par le monde qui ne peut pas nous connaître (v. 1).  En fait, dans le contexte sociologique actuel, les croyants ne savent que trop bien comment des gens se moquent de Dieu et de l’Église.  Les éclairages de celle-ci sont jugés insignifiants et ses prises de position rejetées et vilipendées. Cette incompréhension qui ne date pas d’aujourd’hui, au lieu de désintégrer notre foi, peut la stimuler et nous faire prendre conscience davantage de notre mystère : Nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui... (v. 2).

 

Julienne Côté, CND

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2185. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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