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Dimanche de la Toussaint - 1er novembre 2009

 

 

Une assemblée en liesse

Les béatitudes : le vrai bonheur : Matthieu 5, 1-12
Autres lectures : Apocalypse 7, 2-4.9-14 ; Psaume 23(24) ; 1 Jean 3, 1-3

 

Que représente le discours des béatitudes pour nous, aujourd’hui? La pensée d’un doux rêveur qui manque de réalisme? Un discours avant tout moral? Un tableau des vertus que nous devons pratiquer pour mériter le Royaume? Un encouragement à vivre dans la misère? Et si c’était une Bonne Nouvelle qui invite à jeter un regard différent et même radical sur notre monde, notre société, notre manière de vivre ensemble; un regard autre, plus ajusté sur notre voisin et davantage bienveillant.  Aussi, cette parole évangélique ne vient-elle pas nous ouvrir les yeux sur qui est Jésus, lui, qui explicite ainsi sa mission, sa vie et sa mort donnée pour notre bonheur et notre salut.

L’univers des forts

     On connaît, sinon largement du moins un peu, le monde des riches, des puissants, des gagnants qui tirent leur épingle du jeu; et le monde des violents et des prévoyants, des forts qui se mettent à l’abri des récessions et qui dépouillent l’autre de ses biens, le laissant à son triste sort. Les bulletins d’informations nous présentent ce monde sous une lumière parfois crue. Cet univers de pouvoir et de cupidité, déjà, l’Ancien Testament le dénonce; les prophètes vilipendent avec véhémence l’attitude égoïste des riches et affirment que les pauvres dépendent de la bienveillance divine : Dieu prendra cause pour tous les humiliés (Isaïe 61, 1-3). Ils peuvent avoir confiance en Dieu, s’appuyer sur Lui, le Rocher, comme l’expriment les psaumes.

Jésus, l’Envoyé de Dieu aux pauvres

     Dès le début de sa prédication, Jésus présente la grande charte du Royaume des cieux aux foules qui viennent l‘entendre, parmi lesquelles se trouvent d’humbles gens, des aveugles et des affamés, des estropiés et des méprisés, des bafoués et des malheureux. Il sait écouter leur souffrance et leur désarroi et, pris aux entrailles, il leur dit, qu’est révélée, en sa personne, l’attention bienveillante et amoureuse de son Père qui aime gratuitement. Pauvre parmi les pauvres auxquels ils s’adressent, Jésus se montre épris de justice et de paix en posant des actions concrètes et visibles. Il manifeste ainsi que Dieu se fait vraiment proche des hommes et des femmes. En eux, il trouve son bonheur. Cela constitue un horizon nouveau qui permet la joie venant de Dieu. Bienheureux êtes-vous, car une attente est comblée, un bonheur vous est échu et offert gracieusement! Les pauvres et les affamés, en effet, sont ces êtres qui ne peuvent ni faire valoir leur valeur ni donner en retour lorsqu’ils reçoivent, car ils n’ont rien. Hier, comme aujourd’hui, cette déclaration d‘allégresse, scandée avec conviction, a de quoi nous déranger, voire nous bouleverser; elle balaie nos idées convenues, nos évidences enracinées et usées.

Heureux les cœurs purs:
ils verront Dieu!
Heureux les artisans de paix...

     La pureté est ce qui est sans mélange ou dans une totale transparence; dans un cas, on parle d’or pur et dans l’autre, son contraire, d’eau trouble. Pour le disciple du Christ, ce serait un cœur bon, sans hostilité, sans jalousie; un cœur non corrompu par le Mauvais qui suggère l‘oppression, le mensonge, enfin un cœur qui vit allégé, sans fermeture aux autres et à Dieu. Assurément, l’homme et la femme au cœur pur sait humblement et pauvrement qu’il n’est jamais arrivé et que sa marche vers ce but se poursuit sans cesse. Notre modèle, Celui qui nous guide et qui s’est défini comme la Voie, c’est Jésus. Qu’a-t-il accompli constamment sinon la volonté amoureuse de son Père? Pour révéler son Père et nous faire comprendre la surabondance de sa tendresse miséricordieuse, il s’est fait proche de nous. Un parmi nous. L’évangéliste Jean,  rendant compte de la question de Philippe, nous offre aussi la réponse de Jésus : Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l‘avez vu... Celui qui m‘a vu a vu le Père (14, 6-9)

     Celui dont le cœur est pur est en fait un artisan de paix qui sait pardonner et aimer, qui mobilise toutes ses énergies en vue des autres si souvent opprimés par de puissants dominateurs.

Les saints et saintes : des révélateurs de Dieu

     Au cours des âges et des générations, au sein des différentes cultures, les saints, ces grands chercheurs de Dieu, ont rendu visible le visage de Dieu en Jésus Christ. Depuis que le Ressuscité, bien que toujours présent, n’est plus visible à nos yeux, qui nous rend sensibles, palpables, connaissables les manières divines? Est-ce que ce ne sont pas les visages de ceux et celles qui rayonnent l‘Évangile? Un François d’Assise, plus que tout autre a touché les cœurs en vivant dans la joie la pauvreté évangélique, en aimant toutes les créatures -sa sœur la lune, son frère le loup, ses frères les humains. Un Frère André a pris sur lui les difficultés et les douleurs des personnes humbles. Une Marguerite Bourgeoys, au cœur de feu, a manifesté la compassion  de Dieu aux habitants de Ville-Marie, aux enfants des colons français et amérindiens. À chaque époque, des hommes et des femmes, en dévoilant l’intimité de leur être, ont fait voir une facette du visage de Dieu. Maintenant, nous recevons comme un doux devoir la charge de témoins du visage de Jésus. Que la joie, don de Dieu en nous, illumine la vie de ceux qui nous entourent!

Pour aller plus loin..

La pauvreté

     L’insistance sur la pauvreté ne se présente pas de façon identique selon l’Évangile de Matthieu ou celui de Luc. Ce dernier évoque la pauvreté matérielle des démunis, au sens que lui donnent spontanément les humains: Heureux, vous les pauvres... (6,20-26). Pour eux, la joie est possible, car Jésus vient les remette debout.

     Chez Matthieu, le mot évoque les pauvres de cœur  (5,3), ou en esprit, c’est-à-dire tous ceux et celles qui s’offrirent sur la tendresse de Dieu et sa grâce surabondante.  Matthieu s’inspire probablement d’un courant de spiritualité qui s’était développé dans le Premier Testament. En font foi plusieurs psaumes qui évoquent cette pauvreté intérieure conjuguée à la pauvreté matérielle.  En l’absence de tout secours humain, le démuni, au cœur de sa détresse, fait jaillir sa foi et sa confiance en Dieu et expérimente son aide. Pour eux, Dieu est le Dieu fidèle (Psaumes  7, 53, 54, 93).

     Cette double résonance du message percutant de Jésus manifeste non pas que les évangélistes ont trahi son message mais que le message est à ce point fulgurant qu’il ne peut être contenu dans une seule version et qu‘il peut nourrir les hommes de toute race, de toutes langues et de toutes nations.

 

Julienne Côté, CND, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2202. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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