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Dimanche de la Trinité B - 7 juin 2009

 

 

Mystère de Dieu

L'envoie en mission : Matthieu 28, 16-20
Autres lectures : Deutéronome 4, 32-34.39-40 ; Psaume 32(33) ; Romains 8, 14-17

    

Entre la terre et le ciel, il y a la montagne, lieu de rendez-vous entre les terrestres et le Dieu du ciel. Une montagne en Galilée est le lieu tout indiqué pour un dernier rendez-vous entre les disciples et le Christ ressuscité, en route vers le ciel.

« Je suis » est mon nom

     La montagne du Sinaï avait été le lieu de révélation et de rencontre entre Yahvé et Moïse, entre Dieu et Israël. Le Seigneur du ciel y était descendu dans le feu, la foudre et le tonnerre. Il avait offert gracieusement au peuple dix commandements gravés dans la pierre, comme autant de points de repère pour baliser le chemin qui monte au ciel. Moïse et Israël s’étaient prosternés, reconnaissants, et avaient signé le pacte solennel qui unissait leur destinée à ce Dieu Sauveur, qui disait s’appeler simplement «Je Suis». Tant que le peuple observerait les commandements divins, Yahvé serait pour eux «Je-Suis-avec-vous».

     En dépit des signes merveilleux que Yahvé avait accomplit pour Israël par l’entremise de Moïse, libérant le peuple de l’emprise égyptienne, certains avaient douté. Comment être sûrs d’un Dieu qu’on ne voit pas, dont on ne sait rien et qui n’a besoin de rien de notre part? Tout cela est très insécurisant. Les dieux ont des domaines précis, possèdent des noms clairs que l’on peut invoquer au moyen de rites et des prières connues. Ce Yahvé s’appelle vaguement «Je Suis»; Il n’est pas le dieu d’aucun territoire ni d’aucun pays; personne ne sait vraiment quel avantage Il aurait à libérer des tribus esclaves qui maintenant déambulent au désert. Si Yahvé est un dieu, il s’agit d’un dieu pas comme les autres, particulièrement mystérieux.

Jésus, Dieu-avec-nous

     Lorsque Jésus se présente une dernière fois à ses disciples sur une montagne de Galilée, il revêt les traits mystérieux de Yahvé, des traits que les fils d’Israël reconnaissent. Il s’approche d’eux comme Yahvé s’était approché de Moïse sur la montagne. Il se présente comme celui qui détient le pouvoir aussi bien au ciel que sur terre. Il leur rappelle sa façon bien à lui de s’approprier les commandements divins. Il les envoie par toute la terre révéler ce chemin qu’ils ont appris pour s’approcher du ciel. De toutes les nations du monde entier doit surgir un nouveau peuple de baptisés, un peuple de personnes imprégnées de la parole de Jésus et engagées à sa suite. Les disciples envoyés ne seront jamais seuls au monde, car «Je Suis» sera «Je-Suis-avec-vous» jusqu’à la fin des temps.

Je-suis est Père Fils et Esprit

     Cette Nouvelle Alliance scellée avec le Christ Ressuscité se fait au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit (Matthieu 28,19). Jésus révèle ainsi aux disciples le visage du Dieu de Moïse, un visage à trois faces. «Je Suis» est Père, car de lui viennent toutes choses et c’est Lui qui engendre le peuple qui lui plaît. «Je Suis» est Fils aussi, car en Jésus, Il s’expose à toutes choses, même au rejet, à la souffrance et à la mort. Ressuscité et ayant reçu tous les pouvoirs divins, le Christ peut dire à son tour «Je Suis». Enfin, «Je Suis» est Esprit, car Il est là, au milieu d’eux et en eux, les rendant forts et audacieux pour parler au nom du Christ en l’absence de Jésus. Le Dieu d’Israël révélé par Jésus à ses envoyés sera décrit désormais par des formules trinitaires, tenant compte de cette expérience proprement chrétienne de Dieu.

     Des doutes peuvent et même doivent subsister. Comment Dieu peut-il être un et trois à la fois? Comment pouvons-nous dire que Jésus de Nazareth, un humain qui a connu la mort, est Dieu? Comment savoir si l’esprit qui nous anime est vraiment «Saint»? Nulle créature ne saurait le dire avec certitude. Comme au Sinaï, le Dieu révélé par le Ressuscité sur la montagne de Galilée garde sa part de mystère. Autrement, Il ne serait pas Dieu, mais seulement un dieu quelconque, inventé et bien défini par des mortels.

     Si Dieu est Dieu, Il échappe au contrôle de nos dogmes les plus sacrés sur Lui. Si Dieu est Dieu, Il est souverainement au-dessus de tout ce que nous pouvons en dire ou prescrire en son nom. Si Dieu est Dieu, Il-Sera-avec-nous, à nos côtés, peu importent nos erreurs, nos incompréhensions et nos imprécisions à son sujet.

     Si Dieu est Dieu, nous ne pouvons que nous prosterner devant Lui, nous présenter humblement comme des mortels qui le cherchent, avec nos espoirs et nos doutes.

Dieu, au-delà de tout
(Deutéronome 4, 32-34.39-40)

Le Seigneur est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre et il n’y en a pas d’autre (Dt 4,39).

     Au cœur de la foi d’Israël, il y a cette conviction en l’unicité de Dieu. Le pouvoir divin n’est pas divisé entre plusieurs dieux qui se partageraient des domaines précis : le ciel, la terre, la fertilité, la guerre… Il n’existe qu’un seul Dieu, créateur et maître de tout ce qui existe.

     La foi monothéiste implique qu’on ne peut pas échapper à Dieu. Puisqu’il n’y en a qu’un seul, inutile de fuir ou de tenter de l’esquiver. On ne peut pas délaisser un dieu qui nous a déçus pour aller vers un autre. Lui et nous, nous sommes pris dans une relation d’exclusivité. Nous ne pouvons que dire «oui» ou «non» au seul Dieu qui est : «Je Suis».

     Si la foi chrétienne s’adresse à Dieu Père, Fils et Esprit, elle n’invalide pas pour autant la foi monothéiste d’Israël. Pour les Chrétiens, il n’y a qu’un seul Dieu, «Je Suis», qui est à la fois Père, Fils et Esprit.

Enfants chéris de Dieu
(Romains 8, 14-17 )

C’est un Esprit qui fait des vous des fils; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père (Romains 8,15).

     Le baptême chrétien nous invite à nous reconnaître enfants de Dieu, frères et sœurs de Jésus, le Fils de Dieu qui nous a appris à appeler Dieu «papa».

     Pour saint Paul, le signe le plus palpable que nous sommes enfants de Dieu est que nous nous laissons conduire docilement par son Esprit. Or, cette ouverture et cette docilité envers l’Esprit de Dieu nous confère l’audace de crier vers Dieu en l’appelant «papa», comme Jésus.

     Du coup, nous nous trouvons insérés dans les relations trinitaires. Nous laissons entrer en nous l’Esprit qui nous aide à nous reconnaître frères et sœurs de Jésus. Nous communions ainsi à la réalité du Fils de Dieu, aussi bien dans la souffrance que dans l’héritage céleste promis. Nous ne prions plus Dieu comme des esclaves, comme des mortels qui ont peur des dieux. Nous prions Dieu comme ses enfants chéris, qui se sentent désirés, aimés, respectés, pardonnés et oui, sauvés.

     Confesser un Dieu Trinité n’est pas un effort intellectuel. C’est entrer dans un type de relation à Dieu, tel que révélé par Jésus et confirmé par l’Esprit qu’il nous a donné.

 

Rodolfo Felices Luna

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2190. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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