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Célébrer la Parole

 

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3e dimanche ordinaire C - 24 janvier 2010

 

 

L'Esprit du Seigneur est sur moi

Première prédication de Jésus : Luc 1, 1-4; 4, 14-21
Autres lectures : Néhémie 8, 1-4a.5-6.8-10; Psaume 18(19); 1 Corinthiens 12, 12-31

 

Quelle bénédiction pour le peuple croyant que la transmission de la Bonne Nouvelle de Jésus vivant à travers les âges, de générations en générations! Quelle grâce les croyants d’aujourd’hui ont d’être le corps du Christ et de vivre, dans le Christ, l’amour et le service des plus dépourvus!

La transmission de la Bonne Nouvelle

     L’évangéliste Luc trace avec clarté et précision le parcours de la transmission de la Parole.  Mentionnons trois moments. Celui de Jésus, juif de Galilée, parlant araméen, dont l’âge adulte se déroule dans les années 20 de notre ère, pour se terminer entre les années 30-33. Celui des disciples, désignés comme apôtres, ses compagnons d‘origine, ainsi que des prédicateurs missionnaires allant dans les cités grecques s’adressant à des juifs ou non juifs (les Gentils). On peut parler des années 35 à 60. Et, en dernier lieu, le moment de la rédaction des évangiles, après les années 60,  avec aussi des lettres de Paul, écrites dès le début des années 50.

     Dans une première étape, Jésus présente une vision nouvelle et inattendue des personnes et des événements; il proclame son message, accomplit des actes qui relèvent les malades, les estropiés et choisit des disciples qui entendent et voient ce qu’il fait et dit.

     Dans un deuxième temps, les apôtres en prenant conscience de qui était Jésus, grâce à l’événement bouleversant de la résurrection, affermissent leur foi en Jésus. Par cette foi aguerrie, plus riche et plus approfondie, et, puisant dans leurs souvenirs de tout ce que leur Maître a dit et accompli, ils proclament la présence de Jésus ressuscité. Il va sans dire que les prédicateurs rencontrent des situations et des problèmes nouveaux, auxquels Jésus n’a jamais été confrontés, ce qui impose une reformulation qui tienne compte de l’auditoire. Cette prédication préserva et garda la tradition de Jésus bien vivante.

     Le troisième moment vit apparaître les saints auteurs-rédacteurs des évangiles, de l’an 65 à 100 : Marc, compagnon de Pierre. Matthieu, Luc, compagnon de Paul, et Jean, qui n’étaient probablement pas des témoins oculaires, selon les dires des exégètes. L’autorité de chaque évangile repose sur la tradition qui remontait évidemment à celle des apôtres.

     Ce développement de la tradition de Jésus au premier siècle, sur lequel s’appuie la doctrine de foi chrétienne peut nous réjouir grandement aujourd’hui puisqu’elle montre comment de siècles en siècles, l’immense assemblée du peuple croyant adhère au Christ.

La mission de Jésus

     L’évangéliste Luc note que Jésus, après l’épreuve du désert, habité par une passion qui le porte, revient en Galilée, envoyé par la puissance de l’Esprit (v. 14). Comme tout juif adulte pouvait le faire, il reçoit avec humilité la parole biblique à commenter. Ailleurs, on était saisi par son enseignement : Car il enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes (Marc 1, 22).  Ici, l’accent de nouveauté se révèle avec force. Bien sûr les prophètes, entre autres Isaïe et Jean le Baptiste, ont annoncé que le Royaume de Dieu approchait, mais jamais la proximité du Règne ne s’est manifestée autant qu’en Jésus, l’Envoyé qui connaît Dieu le Père et avec qui il vit une relation singulière et unique. En Lui, une réalité radicalement nouvelle surgit, faisant éclater les promesses antérieures. Aussi, lorsqu’il affirme que cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit  (v. 21), il met en pleine lumière le sens de sa mission.

     Jésus connaît le contexte politique et social de son époque : les abus de pouvoir et la dureté des fonctionnaires romains, la corruption. Aussi, son regard se porte sur les faibles, les humiliés et les sans-recours. Son choix est définitif. Il va côtoyer et aider les petits que les autorités civiques et parfois même religieuses regardent avec suffisance et dédain.

     Les défavorisés ont bien saisi de quelle étoffe était ce maître au verbe décisif, ils veulent l’entendre. Ils apprendront avec le temps que le maître Jésus qui s’inscrit dans la lignée des prophètes d’Israël, n’est pas venu instaurer un royaume terrestre  (Luc 24, 21), mais il est le libérateur de toutes les détresses humaines, il offre un avenir de liberté et de dignité, il souhaite que tout humain fasse une expérience débordante d’intimité et de communion avec le Père.

L’aujourd’hui du salut

     Cette expression ponctue l’évangile de Luc (2, 11; 3, 22; 4, 21; 5, 26; 19, 9; 23, 43). L’épisode de Zachée s’avère très lumineux pour nous : à un moment de sa vie, la grâce le transforme et il modifie radicalement sa conduite (19, 9). C’est à tout moment, hier comme aujourd’hui, que Dieu  rencontre ses enfants personnellement. Il les attend, entre autres, dans l’écoute de la Parole : Aujourd’hui, écouterez-vous sa parole?... Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur! (Psaume 95). Ne sommes-nous pas particulièrement privilégiés de recevoir le sacrement de la Parole et l’interprétation qu’en fait l’homéliste, dans nos assemblées dominicales?

     L’aujourd’hui du salut s’étend à tous les humains de toutes conditions, races et nations, à toutes les époques et à toutes les générations. Quel est l’aujourd’hui du salut pour nous du 21e siècle, nous, croyants et croyantes qui professons que Jésus ressuscité est notre Sauveur et le Sauveur de tous les humains?

     L’apôtre Paul, dans sa Première lettre aux Corinthiens, éclaire nos intelligences et nos cœurs en choisissant une comparaison, celle du corps humain dont tous les membres sont au service de l’ensemble. Dans le corps du Christ que les communautés croyantes forment, chaque individu est unique avec  ses dons et ses faiblesses; chacun est différent et a besoin de l’autre; chacun est ordonné à l‘unique corps, qui est une réalité de foi. C’est ensemble, dans l’ouverture et le service, que la communauté forme l’image de Dieu.
 
     Il en découle que le chrétien qui a été touché au tréfonds de son cœur par la mission de Jésus auprès des démunis, qui intègre le regard du Christ sur les membres souffrants  ne peut se dresser avec arrogance ou indifférence face aux pauvres. Chaque personne croyante est le frère ou la sœur du pauvre qui a droit au respect et est indispensable, comme chacun des autres membres de la communauté (vv. 22-23).

 

Julienne Côté, CND

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2214. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Un récit bizarre...