Jésus vient pour les pauvres
Question de Jean et réponse de Jésus : Matthieu 11, 2-11
Autres lectures : Isaïe 35,1-6a.10; Psaume 145(146); Jacques 5, 7-10
Jean, le Baptiste, aux jours de sa prédication vigoureuse, semble avoir une image précise du Messie, de Celui qui vient. Est-elle juste? Mais, plus tard, de sa prison, le précurseur manifeste une hésitation, un doute le traverse. Il semble se heurter à la bonne nouvelle qu’annonce Jésus et il attend de Jésus un éclairage. À notre tour, nous pouvons nous demander quelle visite de Dieu nous attendons dans nos vies. Dieu est-il perçu comme un Dieu vengeur? Le concevons-nous à la mesure de nos limites, de nos étroitesses ou de nos peurs? À cet égard, Jean, le dernier prophète, est en lui-même un avertissement ou encore une lumière quant au cheminement de foi que nous avons à vivre.
La lecture évangélique du 2e dimanche de l’Avent nous a dévoilé que le Baptiste vivait une vie frugale et austère dans le désert, et que son enseignement était radical. Il prêche au croyant la reconnaissance de ses péchés. Il ne s’agit pas ici d’une conversion superficielle, corrigeant de petits détails ou de simples pratiques rituelles, mais d’une conversion sincère qui implique un changement de regard et de mentalité. Sa prédication annonce l’imminence de l’approche de Dieu, dans et par son Messie, ainsi que la proximité du jugement ultime. Puis, désignant Jésus aux disciples, il l’identifie comme celui qui établira le droit et la justice.
Quant à la lecture évangélique du 3e dimanche, elle présente Jean vu par Jésus lui-même. Dans l‘extrait choisi, il est question de la délégation des disciples de Jean auprès de Jésus. Que révèle cette démarche? Jean aurait-il une conception fausse de la personnalité de Jésus et de sa mission? S’attend-il à être délivré miraculeusement de la prison? Est-il perplexe parce que le surplus apporté par Jésus le surprend, l’étonne? Voit-il en Jésus, selon l’opinion générale de l’époque, un Juge universel, un Messie fort et puissant qui terrasse les impies (3, 12), qui baptise dans l’Esprit et le feu (3, 11)?
La réponse de Jésus indique que cette façon de percevoir le Messie n’est pas la sienne et il enchaîne en magnifiant la mission du Précurseur : Qu’êtes-vous allez voir? Un roseau agité par le vent?... Un homme aux vêtements luxueux?... Un prophète? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi pour qu’il prépare le chemin devant toi... (vv. 7-10).
Voilà! Le prophète Jean est un précurseur, il prépare le chemin, il est un messager de Dieu.
Jésus, le Miséricordieux,
le serviteur doux et humble
Depuis des siècles, générations après générations, le Messie est attendu. Les prophètes décrivent sa mission dans la ligne d’un surcroît (12, 41-42); ils inscrivent son action dans un ordre tout autre que celui que les hommes connaissent. Isaïe l’a décrite ainsi : Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie (Isaïe 35, 5-6).
Dans l’ensemble de son évangile, l’évangéliste Matthieu décrit Jésus, présence de Dieu dans le monde, comme un thérapeute. Jésus fait régner une miséricorde apaisante, bienveillante et libératrice (12, 41-42), Dieu a horreur du mal fait aux humains et Jésus est là pour soulager la souffrance des marginalisés, des éclopés, des cœurs abattus; d’eux, il se fait proche, il entend leurs cris et se soucie de ne pas éteindre la flamme vacillante (Ézéchiel 33, 11). Ses actions, humbles, parviennent à redonner confiance.
Une patience persévérante,
une espérance active
Dans l’attente du Règne à venir, l’œuvre de justice du Christ est confiée à son peuple. Les membres de ce peuple, à la suite de Jésus (Dieu-sauve), travaillent à l’achèvement du Royaume en repoussant, chaque jour, leur surdité, leur manque de vision. Ils voient, croient en Jésus, Fils de Dieu; ils écoutent sa Parole et donnent des mains à leur foi en accueillant et en soulageant l’estropié. Ils sont alors au service de la vie, à temps et à contretemps. Rien de spectaculaire, rien de magique, rien de précipité, mais une prise en charge des responsabilités familiales, communautaires et civiques. Pour le croyant, il y va du sérieux de son engagement envers Jésus, Lui qui en appelle à des faits et non à des théories. C’est dans cet engagement que le croyant découvre la certitude du salut de Dieu. Il faut passionnément secourir ceux que la guerre écrase, que la pauvreté déshumanise, que les persécutions et les injustices blessent jusqu’au désespoir.
Au fil des incompréhensions, du mépris dont on les accable parfois, le croyant, la croyante découvre que le salut s’accomplit dans la durée; il apprend à vivre dans l’attente patiente des fruits escomptés. Comme le cultivateur, il sait qu’une récolte abondante provient du labeur quotidien auquel s’ajoute des éléments qui ne dépendent pas uniquement de lui-même et de ses efforts.
Pour votre information...
Des expressions à comprendre
Des expressions peuvent parfois au cours des siècles dériver et perdre leur sens originel. Cherchons donc leur sens profond.
Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu (Isaïe 35, 4). Quelle est donc cette vengeance? Celle des humains? Celle du monde judiciaire? La revanche de Dieu est salvifique. Regardons Jésus et son extraordinaire vie d‘amour, du début jusqu‘à la croix.
Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand... (v. 11). Voilà une sentence qui ressemble à une énigme. Elle signifie que toute naissance humaine, si noble soit-elle, est au-dessous de cette autre naissance liée à la venue de Jésus en ce monde visible, révélant le monde invisible et incomparable du Père.

Source: Le Feuillet biblique, no 2251. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Mettre Jean Baptiste à sa place!
|