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2e dimanche ordinaire A - 16 janvier 2011

 

 

Connaître, mais surtout reconnaître Jésus

Le témoignage de Jean : Jean 1, 29-34
Autres lectures : Isaïe 49, 3.5-6; Psaume 39(40); 1 Corinthiens 1, 1-3

 

Le passage de l’évangile d’aujourd’hui s’ouvre sur une exclamation du Baptiste qui voit venir Jésus vers lui : Voici l’Agneau de Dieu… Selon Jean l’évangéliste, le Précurseur présente Jésus comme cet Agneau (agneau pascal) qui enlève le péché du monde (Jean 1, 29). Ajoutons que cette présentation insolite, du moins  pour ceux  qui ne fréquentent pas les Écritures, se rattache à la tradition apocalyptique de l’Agneau vainqueur et également à une autre tradition essénienne du Messie qui vient purifier le monde de son péché. Ce langage peut aussi pour un croyant, faire allusion au Serviteur de Dieu (1 Jn 3, 4). D’ailleurs nous reviendrons sur ces paroles riches de significations bibliques et liturgiques.

Une étonnante révélation

     Nous retrouvons une révélation étonnante dans cet évangile : à deux reprises, en parlant de Jésus, Jean le Baptiste réitère qu’il ne le connaît pas. Oui, en effet, cet aveu à de quoi nous surprendre car Marie et Élisabeth étaient apparentées. Des textes apocryphes rapportent que Jésus et Jean auraient grandi ensemble et que leurs familles respectives auraient eu des rapports fréquents alors qu’ils étaient enfants. Même si ces détails peuvent être contestables, ils peuvent nous être utiles. Ne serait-ce que pour nous rappeler la proximité des deux hommes.

Une autre manière de connaître

     Nous pourrions facilement mettre les paroles de Paul dans la bouche de Jean pour mieux saisir cette nouvelle manière de connaître : Même si nous avons connu le Christ, dit-il, selon la chair, maintenant ce n’est plus ainsi que nous le connaissons (2 Co 5, 16). C’est exactement ce qui arrive à Jean. En effet, lors du baptême de Jésus, Jean ne le reconnaît plus. C’est pourquoi il peut dire en toute vérité : Je ne le connaissais pas (v. 31). Durant son séjour au désert Jean a eu la bouleversante révélation de l’origine divine de celui que selon toute vraisemblance, il a connu enfant. Donc, devant ce cousin parmi tant d’autres qui maintenant est devenu un homme exceptionnel,  Jean éprouve une crainte révérencielle, un sentiment  d’indignité. C’est tellement vrai qu’il a le réflexe  de s’effacer : Je ne suis pas digne de délier ses sandales…  (Jn 1, 27).

Un aspect d’une nouvelle réalité

     Un questionnement intérieur habite Jean le baptiste. Questionnement qui pourrait se formuler ainsi : « Comment cela se peut-il : Toi, tu me demandes à moi, le baptême de conversion  alors que moi je devrais le recevoir de toi? »  Pour que ses yeux de chair perçoivent la réalité de celui qui est entré dans le Jourdain pour se mettre à ses pieds, il fallait un changement en profondeur. Et ce changement l’amène à ce sublime témoignage : C’est lui le Fils de Dieu (v. 34).

L’identité divine de Jésus

     Jean, dans cette reconnaissance d’un autre ordre, ne voit pas un autre Jésus. Il n’y a qu’un Jésus, fils de Marie et de Joseph. Celui connu de l’entourage. Son visage est le même. Ses sentiments et sa chaleureuse relation avec ses concitoyens n’ont pas changés. La qualité de son amitié et la fidélité envers les siens gardent toute leur authenticité. Sa prédilection pour les pauvres et les malades demeurent la même. Mais dans ce prédicateur itinérant, dans ce regard, dans cette manière de se présenter à lui, Jean découvre l’identité divine de Jésus : L’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde (v. 29).  Il le perçoit maintenant comme l’Envoyé de Dieu. Et celui-là, non, il ne le connaissait pas. Pas avant l’invasion de l’Esprit en lui.

Une autre révélation

     Jean était plus âgé que Jésus de quelques mois, nous raconte l’évangéliste Luc (1, 36). Mais cette chronologie ne joue plus en cette occasion unique. C’est pourquoi il peut affirmer : Dernière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était (v. 30).  Il apprend dans cet événement que lui, le fils de Zacharie et d’Élisabeth, il est venu pour annoncer Jésus, l’Envoyé du Père. Il prend conscience que le baptême d’eau qu’il propose, n’a de sens que pour permettre la révélation du mystère de l’homme Jésus. Ce dernier administrera un nouveau baptême dans l’Esprit saint (v. 33). Or, nous dit le texte, Jean a vu l’Esprit  descendre et demeurer au-dessus de Jésus. Et il nous déclare que déjà cette manifestation lui avait été révélée par le Seigneur, dans le secret du cœur : Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : l’homme sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit saint (v. 33).

La foi amène à la connaissance

     C’est la foi, à n’en pas douter, qui permet au prophète Jean le Baptiste de discerner l’Envoyé de Dieu à travers l’homme qui vient vers lui se faire baptiser. Il nous faut donc admettre  que c’est cette même foi qui nous fait reconnaître en chaque homme et en chaque femme un frère, une sœur. En un mot, la foi nous permet de voir en l’autre un enfant de Dieu créé à son image et à sa ressemblance comme nous dit l’Écriture (Gn 5, 1). Ou, pour emprunter les mots du poète, la foi nous assure que nous sommes reflet de Dieu, reflet de son amour, reflet de sa présence. Pâle reflet direz-vous? Mais reflet quand même! C’est enfin cette même foi qui nous fait découvrir la présence du Vivant dans les événements joyeux ou douloureux. Cette façon de voir n’est pas possible avec nos yeux de chair. Il faut absolument emprunter les yeux du cœur.

Un désir bien légitime

     Nous qui sommes disciples de Jésus depuis notre baptême, - baptême reçu pour la plupart dès les premiers jours de notre existence-, nous voulons progresser dans la connaissance de Jésus. Inutile d’insister, la tâche est ardue et jamais terminée ici-bas. Connaître Jésus par l’histoire ou même par la théologie aide à cerner le personnage mais cela ne suffit pas. Le Jésus intime, le Jésus mystère, il ne s’apprend pas : il s’écoute, il se contemple, il nous conduit de la connaissance à l’amour. Et l’amour est un grand maître. Eux seuls connaissent Jésus qui se laissent arracher à eux-mêmes pour le suivre là où l’Agneau les conduit.

L’Agneau de Dieu de nos Eucharistie

     J’aimerais revenir sur les paroles du Baptiste voyant Jésus venir à lui : Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (v. 29). Paroles que nous répétons au moins cinq fois dans nos liturgies eucharistiques. Mais justement, à cause de ces répétitions, leur sens profond peut s’affaiblir à la longue. Essayons donc de revivifier l’expression. D’abord, elle résonne une première fois dans le Gloria où elle est liée au nom du Fils du Père; puis à la fraction du pain, liée à la paix; et enfin au moment de communier, liée au pardon. Réalisons-nous quel poids est enlevé de nos épaules? Grâce à l’Agneau sauveur et libérateur nous pouvons prétendre à la victoire sur les tentations et, si malgré tout nous succombons, nous pouvons avoir l’assurance du pardon source de paix. Essayons de réaliser, lorsque nous prononçons ces paroles avec le prêtre, que l’invocation de l’Agneau de Dieu est avant tout une prière, une très belle prière.

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2256. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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La manifestation du Serviteur de Dieu